En arrivant sur consoles, la mythique série Baldur's Gate, qui est encore pour de nombreux rôlistes pcistes la cause d'innombrables nuits blanches, vire de bord et de RPG pur et dur se transforme telle une chrysalide en Hack'n Slash s'inspirant de la non moins légendaire série Diablo. Si de prime abord, les fans de la première heure de la ville portuaire pourront montrer les crocs, il leur suffira de s'essayer quelques minutes à ce Baldur's Gate : Dark Alliance pour que leurs doutes partent en fumée.
Dans ce test je n'essaierai pas coûte que coûte d'apporter ma pierre à l'édifice du débat au centre duquel se dresse l'éternelle question : peut-on oui ou non porter un RPG PC sur consoles et vice et versa ? Si au vu des adaptations de Final Fantasy sur PC on peut se faire une opinion plus ou moins tranchée, on ne peut en aucun cas reprocher le parti-pris des développeurs de Snowblind qui était de modeler le RPG Baldur's Gate en Hack'n Slash pour s'adapter au support consoles. Etant un grand admirateur de la série PC, je peux tout de suite vous dire que l'adaptation Xbox est une petite merveille qui, si elle procure des sentiments différents, n'en est pas moins aussi intéressante que son homologue PC. Il ne reste plus pour vous qu'a troquer clavier et souris pour un joypad le temps d'une partie.
Si on retrouve bien le monde d'Abeil-Toril et quelques lieux visités dans la version PC, nous avons droit pour la version Gamecube à une toute nouvelle aventure . Ainsi après avoir décidé qui de Vahn l'archer, Kromlech le nain ou Adrianna l'ensorceleuse participera à l'aventure, vous arriverez dans la ville portuaire de Baldur's Gate, et devrez vous rendre à l'auberge du Chant de l'Elfe où la charmante Alyth Elendara vous en apprendra un peu plus sur la situation et sur une mystérieuse guilde de voleurs qui terrorise les habitants. Si le scénario n'est pas aussi fourni que celui de la série originelle (et c'est un euphémisme), le joueur ne pourra qu'être charmé par l'ambiance du soft.
Tout contribue à faire les yeux doux à l'amateur de RPG, que ce soit les couleurs chaudes de l'auberge, les personnages tous plus étranges les uns que les autres, le Beholder empaillé au-dessus de la cheminée, les quêtes à mener, les montées de niveaux et ainsi de suite. Bien que vos missions se déroulent dans plusieurs contrées et donc dans plusieurs décors différents, vos objectifs seront toujours prétextes à un matraquage en règle d'ennemis et à une collecte de pièces d'or, d'armes, de potions, tout ceci augmentant vos attributs ou vous permettant d'acheter auprès de marchands des équipements. A intervalle régulier vous monterez de niveau et pourrez choisir une compétence parmi une liste de sorts d'attaque, de protection, de capacités. Enfin, en plus des objectifs obligatoires vous pourrez aider certaines personnes, si le coeur vous en dit, ces quêtes annexes vous donnant le plus généralement un grand nombre d'XP ou des objets très intéressants. Enfin le gros plus est également la possibilité qu'a un second joueur d'arriver au beau milieu de l'aventure. En effet, si vous avez commencé seul le jeu, un ami pourra tout de même vous rejoindre en cours de partie et vous aider dans votre périple. Il va s'en dire que ceci augmente d'autant plus l'intérêt du jeu !
On pouvait s'attendre à une version embellie sur Xbox, il n'en est rien. Le jeu n'a subi aucune modification depuis la version PS2 qui était déjà somptueuse du point de vue graphique. Les caves, grottes où danse votre reflet sur des parois glacées, les donjons, sont tous plus beaux les uns que les autres et je ne vous parle même pas des ennemis, nombreux et magnifiques dans leur design et leurs animations. Le gros plus est aussi le fait qu'à chaque fois que vous changez de vêtements à votre personnage, le résultat est visible à l'écran, ça n'a l'air de rien mais c'est très appréciable. Rajoutez à cela des effets de lumière ou un rendu de l'eau harmonieux à défaut d'être réaliste et vous obtenez un jeu digne de figurer aux côtés de Guernica ou de Mona Lisa (comment ça j'en fais trop ?). Si les thèmes musicaux et les bruitages ont eux aussi bénéficié de beaucoup de soin, on ne peut pas en dire autant du doublage français qui, avouons-le, est pitoyable. Je vous mets au défi de ne pas rire en entendant au début de l'aventure un garde crier d'un ton complétement amorphe: « Qui va là ? ».
La jouabilité est aussi peaufinée que tout le reste. Par contre la maniabilité sur Xbox me semble bien moins instinctive que sur PS2, ceci étant dû à une manette moins ergonomique (je signale que ceci est un avis purement subjectif), et un très court temps d'adaptation vous sera nécessaire pour bien avoir en tête toutes les astuces du gameplay. Justement pour vous y aider, des raccourcis vous permettent de choisir rapidement vos sorts en combat, vous avez la possibilité de jongler entre deux armes sans passer par le menu principal et l'utilisation des potions de soins et de mana ne demande qu'un appui sur une des gachettes. Tout a été pensé pour le confort du joueur et cela se traduit à l'écran par un modèle de jouabilité et de convivialité.
Si le portage de Diablo sur PSX était très moyen, Baldur's Gate : Dark Alliance prouve bien que le Hack'n Slash a un brillant avenir sur consoles. Le titre de Snowblind est très jouable, sublime d'un point de vue graphique, possède une bande-son envoutante et malgré une durée de vie assez courte se veut un indispensable sur Xbox pour qui aime casser de l'orc, et passer du temps dans les menus pour customiser son personnage. Un petit bijou in-dis-pen-sa-ble.
- Graphismes16/20
Par rapport à la version PS2, le jeu n'a subi aucune amélioration notable. Malgré cela, les décors de Dark Alliance sont toujours aussi magnifiques, les ennemis en imposent tout autant dans cette version et les effets spéciaux sont éblouissants.
- Jouabilité15/20
Même en présence de dizaines d'ennemis, le jeu est fluide et pas un ralentissement ne vient gêner le joueur. La jouabilité est parfaite et les menus d'action rapide facilitent grandement les combats, une bénédiction.
- Durée de vie16/20
Le jeu se finit rapidement (entre 10 et 12 heures), mais les modes Normal ou Difficile sont parfaits à deux joueurs, par contre en solo c'est une autre paire de manches. Le titre bouclé une première fois, un mode bonus fera son apparition ainsi qu'un nouveau personnage jouable bien connu des amateurs de la série, le fameux Drizz't.
- Bande son16/20
Des musiques envoûtantes qui collent parfaitement à l'ambiance héroïc fantasy et des bruitages accentués apportent beaucoup au titre. Seul bémol, le doublage français absolument hilarant.
- Scénario14/20
Le scénario est bien moins intéressant que celui des opus PC mais les amateurs de Baldur's seront ravis de retrouver des lieux connus qu'ils pourront découvrir sous un autre jour.
Si la durée de vie moyenne du jeu et l'absence d'un mode 4 joueurs peuvent être montrées du doigt, Dark Alliance n'en est pas moins un mets de choix. Un gameplay exquis, des graphismes alléchants, le titre de Snowblind est une véritable réussite dans la forme comme dans le fond. Un grand jeu tout simplement. Que l'attente va être longue d'ici la sortie du deuxième opus.