Préparez-vous à vivre une grande aventure sur votre PS2. Les studios de Sony basés à Cambridge se surpassent et nous offrent sur un plateau d'argent Primal, un titre qui se découvre petit à petit dans un univers gothique sombre et inquiétant.
Il aura fallu être patient avant de pouvoir jouer à Primal dans de bonnes conditions. Reports après reports, le titre n'a cessé de reculer toujours plus loin sa date de sortie. Après deux premières versions jouables complètement buggées reçues à la rédaction, nous en sommes aujourd'hui à la troisième et, s'il y a toujours de nombreux bugs qu'on espère voir disparaître d'ici la version commerciale, on a tout de même pu juger plus en détails de ce qu'était vraiment Primal : un titre magique qui nous imprègne de son univers dès les premières secondes de la cinématique d'introduction.
Les lumières d'une grande ville américaine, un concert rock dans les bas-fonds d'un bar mal famé, l'apparition d'une bête monstrueuse tout droit sortie des flammes de l'enfer et au milieu de tout ça, la belle et rebelle Jen qui voit son copain Lewis enlevé de force par la créature démoniaque. La suite, c'est une chambre d'hôpital, Jen est dans le coma. Une gargouille de granit s'introduit dans la pièce et permet à Jen de se réveiller afin qu'elle la suive dans son monde : Oblivion. La gargouille se nomme Scree, elle prétend que Jen est la seule à pouvoir rétablir l'équilibre entre le bien et le mal, entre l'Ordre et le Chaos, entre Arella et Abaddon. Elle lui apprend ensuite que le monde d'Oblivion est divisé en quatre royaumes : Solum et Aquis rattachés au bien, et Aetha et Volca voués au mal. L'équilibre entre les deux forces, et donc entre les royaumes, a toujours été maintenu tant bien que mal mais aujourd'hui, Abaddon, le dieu du chaos, a décidé de se mettre en guerre pour faire régner la terreur sur Oblivion en corrompant les mondes qui le composent. Jen découvre bien malgré elle qu'elle est la pièce centrale de cette histoire, la seule à pouvoir rétablir l'équilibre indispensable à la survie d'Oblivion mais aussi de Mortalis, le monde des humains.
Primal s'appuie ainsi sur un scénario d'une grande richesse dont je n'ai fait ici qu'effleurer la surface pour vous laisser un maximum de découvertes et de surprises, l'immersion dans Oblivion étant à mon sens le principal attrait de Primal. En compagnie de Scree, Jen visite les mondes un par un. A chaque fois, elle s'imprègne d'une culture différente au milieu de peuples et de races également très diverses. A Solum, elle fera la connaissance des Ferai, un peuple de chasseurs. Dans les profondeurs du monde aquatique d'Aquis, elle aidera les Undines. Dans Aetha, ce sont les vampires Wraiths qu'elle croisera alors que Volca la confrontera aux terribles Djinns, des êtres fondus dans le métal. En se baladant dans les mondes, on sent le grand travail de recherches effectué par le studio de Cambridge. Ici, des peintures à même la roche, là des bâtiments au design très particuliers. Le vice a même été poussé jusqu'à créer des langues pour chaque race !
Pour une raison que vous découvrirez bien assez tôt, Jen est capable de changer d'apparence pour adopter le physique et les aptitudes des races qu'elle croise. Quatre transformations sont ainsi disponibles dans tout le jeu. Sa forme Ferai lui donne une meilleure résistance, en Undine elle peut nager indéfiniment sous l'eau, en Wraith, elle maîtrise le temps qu'elle peut donc ralentir pour se déplacer plus rapidement. En Djinn, sa puissance est décuplée et elle profite de deux lames qu'elle peut fusionner en une seule et même épée dévastatrice. Tout aussi dépaysants qu'ils soient, les royaumes ne constituent en rien une promenade de santé. Vous y rencontrerez de nombreuses créatures de l'ombre qu'il faudra combattre sauvagement. Malheureusement, les affrontements ne sont pas aussi passionnants qu'on aurait pu le souhaiter. Les coups de Jen, gérés pas les gâchettes de la manette, sont peu nombreux et pas toujours très impressionnants. Pour terrasser la plupart des adversaires, Jen doit obligatoirement sortir des furies(un peu comme celles de Raziel dans Soul Reaver 2). Dans le cas contraire, les bestioles regagnent rapidement une bonne moitié de leurs barres d'énergie et les combats peuvent ainsi durer une éternité. On regrette alors que les fameuses furies ne soient qu'au nombre de deux par transformation. Cela rend les combats assez répétitifs et loin d'être vraiment passionnants. On les subit plus qu'on ne les vit...
Si Jen est la seule à se battre (enfin, presque...), son compagnon de pierre Scree n'est pas à oublier pour autant. Son rôle est même capital dans le jeu puisqu'à de nombreuses reprises il sera le seul à pouvoir débloquer la situation. Avec la possibilité de changer à volonté de personnage à tout moment, il vous faudra souvent passer par Scree pour avancer. Capable d'escalader les parois, de porter de lourds objets ou de prendre possession de certaines statues, il est aussi le guide de Jen, celui qui connaît Oblivion et pourra lui servir d'interprète et de médiateur. C'est également Scree qui sera le garant de la bonne santé de Jen. Il pourra ainsi lui transmettre de l'énergie en puisant dans sa propre réserve de vie. Enfin, les deux personnages devront régulièrement réaliser des actions de concert pour par exemple débloquer des leviers rouillé, relever d'imposantes grilles ou pousser des portes coincées par le temps..
Le couple Jen / Scree fonctionne à merveille. Le caractère calme et posé de la gargouille balance parfaitement avec celui plus impulsif et bagarreur de la jeune fille. Les nombreuses cinématiques sont d'ailleurs là pour le prouver. Leur mise en scène est bien étudiée et donne pas mal de rythme à l'histoire. Les échanges entre les deux héros, mais également avec les nombreux personnages qui peuplent Oblivion, sont aussi très réussis. Cerise sur le gâteau, le jeu profite pleinement du support DVD pour nous permettre de changer à la volée la langue des dialogues et celle des sous-titres. En français, c'est déjà pas mal du tout, mais je vous conseille vivement de vous tourner vers la VO anglaise pour vous en mettre vraiment pleins les oreilles (quitte à afficher les sous-titres français). Les acteurs se sont vraiment investis dans leur personnages. On ne note aucune intonation à côté de la plaque, la tonne de dialogue s'enchaînent sans aucun problème. Même lorsqu'il s'agit d'une langue incompréhensible comme c'est le cas avec celle des Ferai, on se régale à écouter les acteurs parler.
Puisqu'on y est, arrêtons nous aussi sur les musiques. Les balades dans le monde d'Oblivion sont accompagnées de magnifiques thèmes qui soulignent toujours le caractère des paysages traversés. Inquiétantes dans les contrée de Solum ou carrément envoûtantes dans les profondeurs d'Aquis, les partitions montrent tout le bon goût de leurs compositeurs. Lors des combats, nous avons droit à quelque chose de plus énervé puisque c'est le groupe 16Volt qui entre en scène. Si les morceaux sont alors plus énergiques, le mixage ne les met pas tout à fait en valeur et il convient là aussi de trafiquer les options pour faire péter les baffles à chaque duel !
Primal ne se contente pas d'une bande-son à tomber par terre, non, Primal est aussi l'un des plus beaux titres de la console. Lui et Splinter Cell (dans un tout autre registre) ont su exploiter tout le potentiel de la machine pour afficher des décors d'une beauté rare. Magnifique. Je ne trouve pas d'autre mot pour décrire l'esthétique du titre. Les fonds marins d'Aquis, le village opprimé d'Aetha, le sable de Volca, les forêts inquiétantes de Solum, les graphistes s'en sont donnés à coeur joie pour illustrer l'imagination débordante des designers. Le souci du détail les a même conduit à modéliser chaque feuille des arbres séparément. Il faut voir le vent les faire danser pour le croire ! C'est sublime ! Les personnages bougent de bien belle façon avec en prime de très jolies animations faciales. Les mimiques de Jen lui donnent une personnalité vraiment craquante. Elle boude, sourit, fait la grimace, adopte un regard triste, bref, elle réagit aux situations comme le ferait tout un chacun.
Mais puisque je me dois d'être impartial et même si je dois bien avouer être littéralement tombé sous le charme de Primal, je me dois de vous mettre en garde contre les lacunes du titre. En plus des combats pas géniaux, on doit parfois batailler avec la caméra qui part un peu en live. Ca reste quand même assez rare et réservé aux passages étroits (style couloirs et grottes) ou aux séquences d'escalades de Scree (les plans en contre-plongée soulèvent un peu le coeur). Dans la série des défauts, on peut citer les temps morts dans l'aventure où il faut parcourir de grandes distances à pieds. Même avec le système de transporteurs inspiré par ceux de Soul Reaver 2 (encore !), vous allez en avaler des kilomètres ! Les sauts sont aussi gérés automatiquement, ce qui casse un peu le rythme vu que les personnages doivent toujours se placer aux bons endroits avant de sauter (idem pour Scree lorsqu'il grimpe à un mur).
Les autres problèmes rencontrés sont à ranger dans la catégorie bugs en tout genre. Comme je le disais plus haut, le test a été réalisé à partir d'une version envoyée par Sony qui comprend encore pas mal de soucis techniques. La liste de problèmes auxquels nous avons dû faire face est assez impressionnante et elle comporte aussi bien des textures qui disparaissent, des scripts qui ne se lancent pas, des sons en complet décalages avec les images, des écrans qui se gèlent sans raison apparente sans oublier le bon vieux retour sous... euh... sous « interface développeur ». Sérieusement, Primal m'en aura fait voir de toute les couleurs durant les heures que j'ai passé en sa compagnie. J'ai même eu droit à un écran vert et rouge, comme ça, sans autre forme d'explication. Alors bon, mettons les choses au clair, je reste persuadé que Sony saura dépoussiérer tout ça avant la commercialisation du titre. Il n'y a pas de raison que ce ne le soit pas. Nous vous tiendrons de toute façon informé de la tournure des évènements dès que nous aurons une version définitive entre les mains. Guettez les news...
- Graphismes18/20
Très certainement l'un des plus beaux jeux de la PS2 avec des effets de lumière sublimes qui illuminent les coins sombres d'Oblivion. L'excellente modélisation des décors et des personnages permet une totale immersion dans les univers gothiques des 4 royaumes. Mention spéciale à Aquis et ses fonds aquatiques splendides. Notez la possibilité de jouer en 50 ou 60 Hz. Le jeu propose aussi le progressive scan et l'option 16/9.
- Jouabilité15/20
Si globalement le titre reste jouable, on regrette certains passages où la caméra n'assure pas complètement son rôle (il est toutefois possible de la replacer manuellement). Les combats ne sont pas exempts de tout reproches et auraient mérité d'être plus dynamiques avec une liste de coups plus riche.
- Durée de vie17/20
Le rythme de l'aventure est assez lent et fait la part belle à la découverte et l'exploration. Mais même en ne perdant pas de temps, Primal promet de longues heures de jeu et de cinématiques. Il existe aussi une quête secondaire qui vous demandera de retrouver une vingtaine de cartes de tarot cachées dans des coffres. Vous débloquerez ainsi de nombreux artworks.
- Bande son19/20
Impressionnante ! La bande-son est tout simplement impressionnante. D'une part grâce aux acteurs qui incarnent parfaitement leurs personnages, mais aussi grâce aux excellentes musiques qui mettent en valeur le caractère de chaque séquence. Merci aussi à Sony de nous avoir donné la possibilité de choisir la langue des dialogues et ainsi de profiter de la VO, bien meilleure à mon sens.
- Scénario18/20
Le scénario vous abreuve d'informations dans tous les sens dès les premières minutes de jeu. Il vous laisse ensuite digérer tout ça pour reprendre de plus belle et devenir encore plus passionnant vers la seconde moitié de l'aventure.
Misant avant tout sur un univers complexe et envoûtant que l'on a grand plaisir à découvrir, Primal montre par moment quelques défauts (combats, caméra, rythme). Cela ne l'empêche pas d'être un bon titre qui comblera les amateurs d'ambiance gothique. En plus du jeu, le DVD de Primal renferme plusieurs bonus à débloquer comme des vidéos de making of ou des artworks. De quoi prolonger un peu son plaisir.