Après un passage attendu sur Playstation 2, Crash revient dans une version GameCube très largement similaire, avec simplement quelques suppléments dûs à la compatibilité GBA . A l'instar de la version PS2, on attendait sans doute quelque chose de plus spectaculaire et novateur pour la première adaptation du marsupial sur 128 bits. La recette est certes toujours efficace, mais le jeu déçoit par son manque d'originalité et de renouveau. On attendait davantage de ce titre, mais le changement d'équipe de développement y est peut-être pour quelque chose dans cette déception.
Le nom de Naughty Dog restera longtemps associé à celui de Crash Bandicoot dans l'esprit des joueurs, et pourtant, l'éditeur a bien compris qu'il était temps désormais de se détacher du fameux marsupial avant que ce dernier ne s'attache trop à l'équipe de développement. Non, la réalité c'est qu'un studio de développement aussi créatif que Naughty Dog a bien raison de vouloir élargir ses projets en se consacrant à quelque chose qui soit à la fois novateur et susceptible de laisser libre cours à leur génie. J'en veux pour preuve le splendide Jak and Daxter qu'ils nous ont pondu récemment sur PS2. Le mauvais côté de l'histoire c'est qu'il a fallu confier le développement du nouveau Crash Bandicoot à une nouvelle équipe, lourde responsabilité...
Difficile de ne pas dénaturer l'esprit d'une série lorsque l'équipe de développement initiale laisse la place à un autre studio de développement, à moins de ressortir une à une toutes les composantes qui firent le succès des premiers volets. Traveller's Tales l'a bien compris et s'est donc efforcé de rester fidèle à l'esprit d'origine afin de ne pas décevoir les nombreux fans en nous proposant un nouvel épisode extrêmement fidèle à ses prédécesseurs. Ce qui est regrettable c'est que l'on était en droit d'attendre quelque chose de plus novateur et de plus spectaculaire pour un premier opus 128 bits, une once de génie démoniaque dans le gameplay que l'on cherche désespérément tout au long du jeu sans parvenir à la trouver. Ce quatrième épisode de Crash se révèle à la fois trop classique et trop convenu, un titre sans surprise en somme pour les possesseurs des épisodes précédents.
On y retrouvera donc un Crash haut-en-couleurs doté d'une foule d'animations et de toutes sortes de mimiques toutes plus délirantes les unes que les autres. Mais il faudra aussi compter sur la présence du sinistre Docteur Neo Cortex, l'ennemi juré de notre marsupial qui nous revient encore plus déterminé que jamais. Sa dernière lubie sera de faire appel aux Elémentaires, cinq masques maléfiques qui puisent leurs forces dans les éléments naturels que sont l'air, la terre, l'eau et le feu. A vous de mettre un terme aux plans diaboliques du docteur en usant de tous les talents de notre héros.
Toujours expert dans l'art de faire la toupie, Crash multiplie les acrobaties sur des terrains dangereux et accidentés où la moindre erreur le conduira à faire l'expérience de la mort... et de la résurrection. Les développeurs ont une nouvelle fois fait le choix de la fausse 3D, à savoir une série de parcours scriptés qu'il vous faudra suivre sans jamais pouvoir vous écarter du chemin défini à l'avance par les concepteurs du jeu. La progression se traduira comme toujours par le massacre d'ennemis loufoques et de caisses diverses (cageots de pommes, TNT, caisses en fer, etc...), et le face-à-face avec des boss bien retors.
La nouveauté concerne la possibilité inédite de contrôler Coco, la soeur de notre ami Crash, dans des niveaux malheureusement beaucoup trop semblables à ceux proposés pour le bandicoot. L'idée aurait pu être sympathique mais le résultat se révèle finalement assez anecdotique dans la mesure où cela n'apporte pas grand-chose au gameplay, Coco ayant à peu de chose près les mêmes capacités que son frangin. A noter que Crash pourra gagner au fil du jeu de nouvelles capacités qui lui seront octroyées après avoir défait un boss, avec entre autres la possibilité de marcher sur la pointe des pieds pour adopter une démarche furtive.
Bien sûr, le jeu regorge de séquences surprenantes où vous serez poursuivis par toutes sortes de bêtes monstrueuses, devrez traverser des parcours semés d'embûches à bord d'un chariot ou enfermé dans une sphère, et piloterez toutes sortes d'engins improbables. L'effet de surprise est amusant la première fois mais cela devient beaucoup moins intéressant lorsqu'on retrouve par la suite les mêmes épreuves sous plusieurs variantes différentes. Si les parcours sont relativement courts et les points de contrôle distribués avantageusement, le jeu n'en est pas pour autant facile et c'est toujours la précision absolue qui sera déterminante dans votre progression. La perspective adoptée n'est pas toujours propice aux manoeuvres « réflexes » au-dessus du vide, et les sauts parfois approximatifs ne manqueront pas d'agacer les plus impatients.
Tout se joue au pixel près et l'on meurt parfois sans trop savoir pourquoi. Le calvaire commence vraiment dès le deuxième boss, où la précision absolue qui est requise ne s'acquiert qu'au bout de dizaines d'essais infructueux jusqu'à connaître par coeur le mouvement à effectuer à tel instant précis. Bref, à s'arracher les cheveux ! Heureusement, les responsables de ce portage GameCube ont su remédier à quelques soucis techniques en proposant des graphismes revus à la hausse et en diminuant de façon considérable les temps de chargement problématiques sur PS2. Le marsupial dispose désormais d'une véritable fourrure et les développeurs se sont attachés à rendre la progression plus accessible en joutant des indices sur les parcours. Le jeu plaira sans aucun doute aux plus jeunes, surtout que cette version GameCube propose quelques bonus dont pourront profiter ceux qui possèdent le jeu sur GBA. On a ainsi accès à un mini-jeu inédit nommé Crash Bandicoot : Blast! qui n'était pas présent sur la version PS2. Une bonne idée qui compense le manque d'originalité de cette production.
- Graphismes15/20
Le jeu n'est qu'un simple portage de la version PS2, mais les développeurs ont toutefois cherché à tirer partie des capacités de la console en améliorant la réalisation graphique et les effets spéciaux, et en diminuant les temps de chargement. Le rendu global est particulièrement soigné et coloré. Le mélange de couleurs et les effets de flou sous l'eau sont sublimes.
- Jouabilité14/20
Toujours ces niveaux prédéfinis en fausse 3D qui n'offrent aucune liberté d'action au joueur, qui s'effectuent au pixel près et que l'on recommence parfois des dizaines de fois. Les challenges sont parfois très prise-de-tête et rebuteront sans aucun doute les plus impatients. Les affrontements récurrents avec Crunch, un super bandicoot qui servira d'homme de main au docteur Cortex, devraient vous donner du fil à retordre. Un gameplay légèrement plus accessible que sur PS2.
- Durée de vie14/20
5 mondes de 5 niveaux, avec un total de 5 boss bien retors. On est quand même loin des quarante heures de jeu annoncées par l'éditeur en terme de durée de vie. Les plus persévérants en feront le tour en moins d'une dizaine d'heures. Rien à voir avec la longévité d'un jeu de plate-forme made in Rare, donc. Reste le mini-game inédit accessible via la version GBA.
- Bande son14/20
Un doublage intégral en VF mais pas toujours de très haut niveau. L'ambiance générale se veut particulièrement naïve.
- Scénario13/20
Le scénario convenu et niais ne risque pas de motiver le joueur dans sa lutte contre la crise de nerf qui guette à certains endroits du jeu.
Le même épisode que sur PS2, mais avec quelques améliorations qui rendent la progression un peu plus agréable. On attendait davantage de ce Crash sur 128 bits. Même si le jeu propose une réalisation soignée et des challenges diversifiés, il manque d'originalité et devient vite très crispant sur certains passages qu'il faut connaître par coeur pour avoir une chance de les réussir. Les jeux de plate-forme sont toutefois beaucoup trop rares sur ce support pour que l'on s'offre le luxe de bouder ce titre.