La vague nostalgique des jeux old school atteint son paroxysme avec ce remake d'un hit vieux de 11 ans qui nous revient pratiquement inchangé. Souvenir d'une époque où finir un jeu pouvait parfois tenir de l'exploit.
Alors attention, je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, ou vaguement. Je me demande même s'ils pourront comprendre cette époque barbare, même vaguement. Bon quand je dis 20 ans, on peut peut-être pousser jusqu'à 18. Nous sommes en 1992, Contra débarque sur Super Nes pour son troisième volet (curieusement baptisé Super Probotector chez nous) qui reste sans doute le meilleur. J'ai une douzaine d'années alors. En ce temps-là, ce qui peut sembler être une hérésie pour le jeune joueur de 15 ans est, pour nous autres vieux combattants, monnaie courante. Quoi donc ? Et bien un jeu sans sauvegardes ni codes de niveaux. Un jeu qu'il faut finir d'une seule traite avec nos 99 crédits en mangeant notre orange de Noël ! Autant vous dire qu'on ne s'achetait par un jeu toutes les 3 semaines. Bon pour votre culture personnelle, je vous informe que le tout premier Contra est sorti en arcade en 1987. Contra 3 c'était un hit de chez hit, avec un gameplay coopératif à deux joueurs assez rare et des effets 3D qui tiraient parti du révolutionnaire Mode 7 de la machine de Nintendo. Si avec ça vous ne brillez pas dans vos dîners mondains, c'est que votre cas est désespéré.
Shattered Soldier est donc le remake de cette grande saga et on retrouvera de nombreuses scènes de l'opus SNES, même si le scénario est sensé y faire suite. Ainsi les deux compères rigolards Bill et Lance se sont séparés, Lance étant devenu un despote déjanté contre qui vous allez devoir vous fritter, pour l'occasion vous aurez un nouveau compagnon de jeu, ou plutôt nouvelle car c'est la douce Lucia qui vous suivra dans vos aventures.
Il est clair que Contra : Shattered Soldiers ne va pas plaire à tout le monde et ce pour de nombreuses raisons essentiellement liées au fait que le jeu n'a pas changé d'un pouce. Si les vieux sprites 2D ont cédé la place à des polygones, on est toujours face à un titre en scrolling horizontal et à un déferlement de tirs et d'explosions. Progresser dans Contra c'est un apprentissage au sens strict, il est absolument impératif d'apprendre le jeu par coeur. Il ne fait aucun doute que beaucoup risquent de rester insensibles aux charmes d'un jeu dans lequel on meurt toutes les 45 secondes 8 fois de suite avant d'avoir épuisé ses crédits et d'être contraints de tout reprendre depuis le début. On recommence donc mais cette fois on sait où on met les pieds et on peut avancer jusqu'à la prochaine zone inconnue. Ah ben oui, ça calme.
Du côté des possibilités d'action, on reste dans un registre très simple. Vous pouvez tirer, sauter et vous accrocher aux murs. Niveau armes, il faudra faire avec 3 ustensiles seulement (mitrailleuse, lance-flammes et lance-grenades) pourvus d'un tir chargé bien pratique. Des passages en hoverboard ou à dos de missiles viendront corser un peu les choses. Mais dans la pratique, c'est un jeu pour mutants. L'action ne se calme pas une seconde, ça péte partout autour de vous et il faut constamment être près à éviter une salve mortelle, ou même un contact avec l'ennemi. Ne vous y trompez pas, j'ai pas l'air enthousiaste comme ça mais ce n'est que pour m'assurer qu'on est bien d'accord sur un point : il n'y a que les nostalgiques et les dingues du pad qui pourront prendre leur pied avec Contra !
Si le gameplay en rebutera plus d'un tout en charmant les trois anciens du fond, la réalisation mettra tout le monde d'accord : c'est sobre et on se serait passé du côté old school à ce niveau là. C'est... disons gris. Les boss sont toutefois bien massifs, comme on les aimait en ce temps-là et l'animation nerveuse ne souffre aucun ralentissements.
Au final, Contra : Shattered Soldiers c'est de la pure nostalgie, un hommage à ce qui demeure pour certains, un âge d'or des jeux vidéo. Mais si vous n'avez pas connu cette époque ou que le flashback n'est pas votre truc, si vous n'avez aucun désir de relever un challenge assez faramineux, ce remake de Konami ne présentera aucun intérêt à vos yeux. Pour les autres, c'est du bonheur.
- Graphismes14/20
A l'ancienne comme le gameplay. Les décors sont assez ternes mais les boss variés font preuve d'une grande imagination. Mais ça fait plaisir de retrouver ce genre de design. Les effets sont de plus réussis
- Jouabilité15/20
Le gameplay est exigeant, peut-être même rebutant. Il est nécessaire d'apprendre le jeu par coeur pour avancer et malgré une mise en scène solide, toute cela est assez répétitif. Et oui, c'était comme ça dans notre jeunesse, c'est pour ça qu'aujourd'hui nous sommes des dieux. Il n'empêche que ce gameplay constitue un challenge et sert une action très rythmée.
- Durée de vie13/20
Il faut des jours et des jours pour domestiquer le jeu, mais quand on se lance enfin pour le finir d'une seule traite (je rappelle : pas de sauvegardes), il ne faut que quelques heures pour atteindre le grand final. De plus, il n'est pas dit que vous ayez tous le courage d'aller jusqu'au bout sans vous lasser.
- Bande son12/20
Du hardcore bien hargneux qui colle parfaitement au titre et un peu trop aux oreilles. Le reste de la bande-son est assez répétitif, limite casse-noix parfois.
- Scénario/
Ca fait tout drôle de revenir en arrière comme ça. Voilà un remake mené de main de maître et qui va faire plaisir aux vieux briscards à qui il s'adresse presque exclusivement. Pour autant, j'avoue qu'au bout d'un moment, ce gameplay à l'ancienne m'a un peu fatigué. Je crois avoir plus soif de nouveauté que de revival. Mais d'autres, comme Romendil, sont toujours sous le charme après des heures de jeu. Un excellent titre d'action pure réservé aux vétérans désireux de revivre leurs premiers émois. Vous n'avez plus qu'à choisir votre camp.