Apparue à l'origine sur PC et PSX il y a déjà quelques années, la saga de Kain se poursuit aujourd'hui sur consoles dans un épisode toujours aussi sanglant. Après un petit interlude de haute volée avec les deux épisodes de Soul Reaver, Crystal Dynamics renoue avec le personnage le plus classe de toute la saga Blood Omen : le seigneur Kain. Légèrement à la traîne, cette version GameCube se décide enfin à sortir dans les rayons, plusieurs mois après les opus PS2 et Xbox.
L'épisode de la saga qui est narré dans Blood Omen 2 se situe 200 ans après les événements du premier Legacy of Kain : Blood Omen, et plusieurs siècles avant le chapitre de Soul Reaver qui met en scène Raziel. A l'instar de l'épisode original, le joueur a donc ici l'insigne privilège de pouvoir se glisser dans la peau blafarde de Kain, le seigneur des vampires de Nosgoth. Là où les choses deviennent beaucoup moins réjouissantes, c'est lorsqu'on apprend que Kain n'est plus vraiment le héros invincible qu'il était auparavant. Très affaibli et quasiment amnésique, Kain vient d'être vaincu par les Séraféens, et la pâle lueur qui le rattache encore à l'existence, il la doit à Umah, vampire de la Cabale. Un bon prétexte pour faciliter l'immersion dans le jeu sans pour autant connaître les ramifications complexes des précédents chapitres de la saga, et l'obligation implicite pour le joueur d'amener Kain à assouvir sa vengeance afin de retrouver ses pouvoirs d'antan.
C'est donc avec fébrilité que l'on se lance dans les ruelles sombres de Nosgoth, impatient de découvrir ce que nous réserve ce titre particulièrement prometteur. Et pourtant, il faut reconnaître que les premiers pas dans le jeu sont loin d'être palpitants, et ceux qui s'attendaient à recevoir la claque monumentale de leur vie de joueur se verront forcés de balayer bien vite leurs vaines illusions. Certes, Blood Omen 2 est un bon jeu, original par certains aspects, mais par d'autres beaucoup trop classique. Heureusement, la version GameCube se révèle optimisée d'un point de vue technique puisque, à l'instar de la mouture Xbox, on ne note pas les énormes ralentissements qui sabotaient la version PS2. Dommage tout de même que les longs mois nécessaires à cette adaptation n'aient pas servi à améliorer la richesse visuelle du jeu.
Force est de reconnaître que si l'aventure n'est pas dépourvue d'intérêt et même si l'ambiance glauque est bien au rendez-vous, on ne peut s'empêcher de penser que ce nouveau Blood Omen a perdu par mal de sa magie par rapport au premier opus. Et puisque l'on en est au chapitre des reproches, insistons également sur la pauvreté des scènes cinématiques (impossible à zapper) qui souffrent principalement d'un doublage très approximatif avec une absence totale de synchronisation entre les mouvements des lèvres et les voix. Autant dire que tout cela ne facilite pas vraiment l'immersion dans le jeu, d'autant que le début de l'aventure se révèle bien monotone. Mais si les premières minutes de jeu sont volontairement très directives afin de permettre au joueur de mieux appréhender les capacités du personnage, la suite s'avère heureusement un peu plus intéressante. La progression se voit ainsi ponctuée de quelques énigmes qui restent malgré tout un peu simpliste, se résumant la plupart du temps à activer des mécanismes pour avancer. Mais là n'est pas le principal intérêt de ce titre qui mise tout sur l'ambiance et l'action hyper violente.
Les développeurs sont ainsi parvenus à conserver l'atmosphère particulière qui caractérisait le premier opus en poussant une fois de plus le gore à son paroxysme. On retrouve ces innocents, parfois enchaînés et toujours vulnérables, qui ne sont là que pour servir de réserve de sang et tentent vainement de vous échapper en criant lorsqu'ils vous aperçoivent. Impossible d'ailleurs d'épargner tout le monde alors que Kain est lui-même particulièrement vulnérable de par sa condition de vampire perpétuellement assoiffé de sang. C'est un stress quasi permanent qui s'abat sur le joueur alors qu'il voit la jauge de vie de Kain diminuer de façon constante, l'obligeant sans cesse à ôter la vie pour se nourrir goulûment du sang de ses victimes.
C'est bel et bien l'atmosphère glauque, violente et dominée par l'odeur du sang qui rend ce titre réellement unique et captivant, le personnage principal dégageant lui-même une aura de mystère. Doté d'une panoplie de mouvements très classe, Kain se débarrasse habilement de ses adversaires, passant furtivement dans leur dos pour leur trancher la tête ou les empoigner sauvagement avant de les projeter au loin ou de les transpercer de ses griffes acérées. Le vampire ne rechigne d'ailleurs pas à engager les confrontations de front, parant ou esquivant les attaques pour contre-attaquer avec toutes sortes d'armes qu'il aura récupéré au cours de sa progression. Fasciné par les combats épiques qui se déroulent sous ses yeux et où il participe de bon coeur comme si la rage de Kain avait soudain déteint sur lui, le joueur verra son parcours ponctué de confrontations mémorables contre des boss d'anthologie qui permettront à Kain d'acquérir de nouveaux pouvoirs. Les capacités du personnage s'étoffent alors de toutes sortes de sortilèges intéressants appelés donc obscurs, comme la brume, la furie ou la télékinésie. Autant de nouvelles capacités qui renouvellent une progression qui serait sans cela bien linéaire. C'est donc une note raisonnable que nous nous verrons obligés d'attribuer à ce titre qui risque de décevoir la plupart des joueurs qui espéraient beaucoup plus de ce nouvel opus de Blood Omen.
- Graphismes14/20
Des environnements vastes et lugubres à souhait, mais pas toujours très détaillés. Le jeu conserve l'atmosphère gore du jeu original en offrant au joueur une certaine liberté au niveau des interactions avec les PNJ. La version GameCube ne souffre heureusement pas des problèmes d'animation de la version PS2.
- Jouabilité15/20
Le gameplay reste particulièrement bien pensé et comporte une touche d'infiltration appréciable. Le système de combat efficace, les dons obscurs et la présence de checkpoints rendent la progression particulièrement agréable.
- Durée de vie15/20
Une durée de vie raisonnable pour un jeu qui s'échelonne sur une dizaine de niveaux, soit approximativement une quinzaine d'heures de jeu.
- Bande son15/20
La bande-son contribue fortement à l'ambiance du jeu. On peut entendre les PNJ discuter ou les voir se battre entre eux, et mettre tout le monde d'accord en tailladant à tout va alors que la populace détale en poussant des hurlements. Mais les voix ne sont pas toujours du meilleur goût.
- Scénario14/20
Le scénario de Blood Omen 2 se veut accessible à tous, et notamment à ceux qui ne connaissent pas les épisodes de Raziel (Soul Reaver). L'intrigue manque toutefois de rebondissements et les cinématiques se révèlent assez décevantes.
Une version GameCube qui s'est fait attendre longtemps pour finalement proposer un contenu identique aux autres versions consoles. Dommage. L'aventure est la même, mais on ne peut s'empêcher de penser que le jeu a perdu de sa magie par rapport à l'épisode original. Mais si Blood Omen 2 n'est incontestablement pas le méga-hit que l'on attendait, il parvient tout de même à conserver en partie l'atmosphère particulière du jeu original pour proposer au final une aventure particulièrement jouissive, même si la progression se révèle toutefois assez linéaire.