Tel un petit Raëlien sous acides, Impossible Creatures vous permet de vous lancer à coeur joie dans des manipulations génétiques de toutes sortes. A vous les délices du clonage et des mutations biologiques !
Le génial studio géniteur du non moins génial Homeworld (ça fait beaucoup de G tout ça...) revient avec un nouveau STR. Loin du space opéra précédent, on s'intéresse cette fois-ci au domaine génétique puisqu'il s'agira de croiser différentes races d'animaux en toute convivialité. Basé sur un scénario digne d'un épisode de X-files, le jeu nous plonge dans les années 30 du siècle dernier. Après de nombreuses années de recherches faites de succès mais aussi de beaucoup d'échecs, un professeur parvient à réaliser l'impossible et met au point la technologie Sigma capable de créer de nouvelles races d'animaux hybrides. Plus fort que le simple croisement d'un âne et d'une jument, le savant se vanterait de pouvoir mélanger toutes sortes de bestioles qu'elles soient terrestres ou aquatiques, insectes ou volatiles, le bidouillage d'ADN n'aurait pas de limite ! C'est ainsi que son labo se serait transformé en une sorte d'arche de Noé où on croiserait sans distinction des grenours polaire (grenouille / ours blanc), des guépocéros (guépard / rhinocéros) ou des cachaigles (cachalot / aigle). Victime de la jalousie de ses pairs, le professeur disparaît mystérieusement non sans avoir au préalable contacté son fils pour lui faire part de ses travaux. C'est ce fils, un dénommé Rex Chance, qu'il va falloir suivre dans les 15 niveaux de la campagne. Ce-dernier devra monter une armée de mutants et affronter les méchants pas beaux ennemis de son père qui possèdent désormais eux aussi la technologie Sigma.
Bon, le scénario n'est peut-être pas le plus inventif du monde, il permet toutefois de poser les bases de la technologie Sigma et de l'introduire au coeur de tout le gameplay et de tout l'aspect stratégique du titre. Comme dans beaucoup de STR, on commence par implanter son quartier général. Ici, il s'agit du laboratoire. Pour le faire fonctionner et pouvoir plus tard enfiler sa petite blouse de généticien, il faudra d'abord envoyer quelques péons récolter du charbon et collecter de l'électricité, les deux seules ressources du jeu. Les bâtiments sont eux aussi peu nombreux et fonctionnent en fait sur un système d'upgrade assez simple à mettre en place.
La partie la plus intéressante du titre reste cependant celle des manipulations génétiques. Une fois que Rex (votre unité héros) aura récupéré quelques échantillons d'ADN sur les animaux qu'il croise, vous pourrez passer dans l'interface du combinateur. Très complète sans toutefois tomber dans la surcharge d'informations, elle permet de créer de nouvelles races d'animaux toujours très facilement. Le but ? Se constituer une petite armée de mutants avant d'aller botter le train du camp adverse. Dans la pratique, on choisit deux races d'animaux que le combinateur se charge de mélanger aléatoirement en gardant la tête et les pattes du premier et l'abdomen du second. Libre à vous de revenir sur ce choix en affinant la combinaison. Par exemple, en mélangeant un guépard et un requin, plusieurs choix s'offrent à vous. Garder la tête du poisson pour profiter de son imposante mâchoire et ainsi faire monter les points d'attaques de l'unité ? Garder les pattes du félin pour gagner en vitesse ? Et pour la queue ? En gardant celle du poisson, l'unité pourra certainement se déplacer en milieu aquatique... Et en plus des caractéristiques physiques données par telles ou telles races, certaines sont aussi capables d'utiliser des pouvoirs spéciaux. L'anguille peut par exemple lancer des décharges électriques, le porc-épic utilise ses piquants comme puissants projectiles et le dragon de Komodo peut se régénérer. En sachant qu'il y a environ une cinquantaine d'espèces animales et à peu près cinq parties de corps pour chacune d'elles, vous pouvez facilement imaginer le nombre de possibilités offertes !
Une fois son armée sur pied (malheureusement limitée à 9 types de mutants différents), on part en vadrouille contre les unités ennemies. Les affrontements sont régis par un système proche du jeu Pierre-Feuille-Ciseaux. C'est-à-dire que chaque aptitude peut prendre l'avantage sur une autre mais peut aussi se faire contrer. Afin de connaître les points forts et les faiblesses de vos petits monstres, vous pourrez avoir recours à l'analyseur qui fera un rapide topo de la ménagerie. On ne peut cependant pas s'empêcher de trouver un côté bourrin aux parties. Même si en théorie il est toujours possible de trouver une faille dans les troupes ennemies, la loi du plus nombreux semble prendre le dessus à bien des moments. Dommage...
Le multijoueur n'a bien sûr pas été oublié. Dans la mesure où la campagne solo se boucle assez rapidement, il occupe même une place importante. Relic privilégie d'ailleurs l'aspect communautaire de son titre et à mis en place sur son site tous les outils de création nécessaires pour faire évoluer Impossible Creatures. Pour l'instant, le gameplay du jeu à plusieurs (de 2 à 6 joueurs en réseau ou sur le net) diffère quelque peu du jeu solo. Ici, il n'est plus question de prélever de l'ADN puisque vous aurez déjà accès à plusieurs bestioles et il faudra créer votre armée avant même de lancer la partie. Dans la mesure où on ne connaît pas la composition des monstres adverses, on est alors obligé de choisir ses bêtes à l'aveuglette. Soit on prend des créatures équilibrées, soit on tente un coup de poker en misant tout sur un seul critère, les attaques aériennes par exemple. En gros, ça passe ou ça casse et encore une fois les amateurs de stratégie pure et dure ne seront peut-être pas très à l'aise avec ce choix. D'un autre côté, avec la communauté qui se forme sur le net autour du produit, nul doute que l'on verra apparaître d'ici peu des mods un peu plus orientés stratégie. Pour l'heure, Impossible Creatures est tout de même un bon soft qui vaut peut-être plus pour son nombre d'unités différentes et ses combinaisons totalement délirantes que pour son aspect stratégique un peu en retrait.
- Graphismes15/20
Le jeu profite d'un bon design que ce soit pour les maps ou les unités. Les assemblages d'animaux sont toujours parfaits. Que l'on mélange un bouc avec une mante religieuse, ça s'emboîte nickel. Le moteur 3D est fluide et permet même de profiter du titre sur une machine de moyenne configuration.
- Jouabilité17/20
Un très bon tutorial permet de nous familiariser en douceur avec tous les éléments du jeu et notamment avec le combinateur, l'antre de la manipulation génétique. Aucun souci de maniabilité, donc.
- Durée de vie16/20
La campagne solo est vraiment courte, mais le jeu à plusieurs relance l'intérêt. Avec les mods qui ne tarderont pas à fleurir sur le net, il y a fort à parier qu'on entendra parler d'Impossible Creatures pendant encore longtemps.
- Bande son14/20
Années 30 oblige, l'ambiance musicale se fait jazzy ce qui n'est pas pour nous déplaire. Les bruitages sont cependant trop passe-partout pour se démarquer et les voix ont toutes une sorte de réverbération désagréable à la longue.
- Scénario14/20
Sans être d'une originalité folle, le scénario est un bon prétexte aux manipulations génétiques du jeu. Les personnages ne sont pas très charismatiques, mais bon, ce n'est pas le plus important ici.
Impossible Creatures tient toutes ses promesses pour ce qui est de son nombre très élevé d'unités et pour ses croisements d'animaux tout à fait réussis. On reste malgré tout un brin déçu face à l'aspect stratégique pas assez mis en évidence.