Strategy First vient marcher sur les plates-bandes de Digital Reality et de son Haegemonia, sans même parler de Homeworld le Grand. La concurrence est rude, O.R.B saura-t-il y faire face ? Si le titre est beau, il faut bien reconnaître qu'il reste derrière les champions.
Vous l'aurez compris, O.R.B -pour Off-world Ressource Base- est un titre de STR spatial entièrement en jolie 3D qui vous emmènera dans une lointaines galaxie. Un genre sur lequel Homeworld règne depuis pas mal de temps maintenant, en dépit de l'arrivée de l'excellent Haegemonia. On ne peut pas dire que ORB s'apprête à faire beaucoup de mal à ces deux softs.
Au début, les choses se présentent bien, pas de problème, on fait un ch'tit tutorial en prévision du gameplay complexe et « migrainofère » que l'on va devoir affronter. Bon, le tutorial est long mais pas très compliqué. OK, on va apprendre sur le tas, pas de problème, même pas peur. Dans le fond, tout ça est assez similaire à Homeworld. On se lance donc dans la campagne qui nous offre de participer à une sorte de guerre de religion entre les Malus et les Alyssians, une même race qui se dispute sur l'interprétation de leur livre sacré (j'ai pas vu ça aux infos moi ?). Enfin bref, c'est le bordel et l'antipathie est de mise. Bon on visite le gameplay. L'interface est assez claire au niveau de la gestion de vos ressources et autres constructions ou recherches. D'abord, trouver de la matière, hop on envoie un appareil de reconnaissance qui va scanner les astéroïdes, ensuite on construit une mine et y a plus qu'à attendre que les ressources rentrent pour commencer à construire des chasseurs, des bases, des centres d'études, enfin tout le bazar habituel quoi. Mais voilà déjà une ombre au tableau. Pour chaque mission les ressources sont limitées, très limitées, votre objectif final étant toujours de nettoyer le secteur, votre priorité (voir votre unique occupation) sera de construire un maximum de chasseur avec la matière et la main-d'oeuvre disponible (qui sera une limite supplémentaire à vos actes, normal). C'est un peu frustrant, et surtout, ça permet déjà d'entrevoir les frontières du gameplay, peut-être pas si complexe que ça. Il y a bien les phases d'attaque qui se donnent un genre avec la possibilité d'appliquer des « doctrines » qui sont autant de comportements variés, mais on se rend vite compte que le mode agressif est le seul qu'il convient d'utiliser.
Si les soucis se limitaient à cela, on pourrait estimer que ORB est un jeu relativement convaincant pour le joueur occasionnel, pas extraordinaire mais convaincant, malheureusement, ce n'est pas le cas. La navigation et l'IA ont elles aussi décidé de s'y mettre. Ou plutôt, de ne pas s'y mettre pour ce qui est de l'IA. Bon, les déplacements sont un peu capricieux mais on prend le coup et on finit par faire à peu près ce qu'on veut, sauf si une instance supérieure en a décidé autrement. Je fais allusion à l'IA (je trouve que mes transitions ne s'arrangent pas ces derniers temps). D'abord, il y a les phases de combats qui laissent à désirer, en effet, quoi que vous leur demandiez, vos unités n'en font qu'à leur tête. Et elles feraient bien de frimer un peu moins, dans la mesure où, en dehors des cibles qu'elles sont en train de mitrailler, elles sont incapables de réagir « intelligemment » si on les attaque par derrière. Vous voilà donc contraints à du micro management forcé, puisqu'il faudra vous faire violence pour vous faire obéir et quand les vaisseaux prennent l'aspect de petits points verts, c'est pas évident. Il n'y a pas que les chasseurs qui se montrent peu dociles. Certains autres appareils refuseront de se soumettre, un exemple avec les transports que vous voudriez mettre à l'abri, bon, vous faites leurs « nav points », vous les oubliez et voilà que d'un coup vous les retrouvez au beau milieu de la bataille en train d'errer comme des crétins.
Curieusement, l'aspect visuel du titre souffre du même symptôme de superficialité que le gameplay. Ca a l'air chouette au début, et quand on se penche dessus, on découvre qu'il manque pleins de trucs. Oui c'est très beau, on a droit à de jolies planètes, à d'évanescentes nébuleuses, mais où sont les petits détails qui font la différence entre le globalement beau et le finement travaillé ? Vos bases sont mortes, sans activité, sans rien qui fourmille autour ou de lumières qui clignotent. Prenez l'entrée des mines, bien ce sont de grandes portes sans rien qui s'active autour en dehors de votre transporteur, mais sinon rien, idem pour les grandes bases. Finalement, c'est très froid dès qu'on zoome sur un élément important. A se demander si les designers ont eu le temps de finir un travail pourtant bien parti. C'est vraiment dommage. Pour ce qui est de la bande-son, je ne dirais rien, il n'y en a quasiment pas en dehors d'une nappe musicale planante, ce qui est regrettable vu que les missions sont déjà peu palpitantes (on finit toujours par devoir détruire tout ce qui bouge dans des combats à peine contrôlables et frustrants).
In fine, alors que je m'attendais à un gros morceau de stratégie (souvenons-nous que le titre est attendu depuis un bout de temps), ORB rate le coche, pourtant on a un peu le sentiment qu'il ne manque pas grand chose pour faire un vrai bon titre. Mais à plusieurs égards, le jeu semble manquer de finition. A voir, pour les joueurs débutants qui cherchent un moyen de se lancer dans le complexe Homeworld.
- Graphismes16/20
Beaux et pauvres à la fois. D'une manière globale, c'est drôlement chouette (moins qu'Haegemonia certes) mais les détails manquent et le design est un peu trop froid, trop inerte.
- Jouabilité13/20
Un gameplay simple et une prise en main rapide, le jeu pourrait convenir aux débutants mais les problèmes d'IA sont parfois assez rebutants.
- Durée de vie12/20
Heureusement un mode multijoueur vient sauver le tableau, sinon, les missions peu intéressantes et l'IA ramollie vont vous lasser.
- Bande son13/20
On regrettera l'absence de voix en cours de jeu. Les effets sont aussi d'une qualité discutable. En revanche, les musiques sont planantes
- Scénario12/20
Le coup de la déchirure sur une interprétation religieuse est pas mal, mais le scénario ne stimule pas très longtemps, peut-être parce qu'il est narré d'une manière un peu soporifique et peu surprenante.
Un titre qui aurait pu se faire une place au soleil s'il avait été un peu plus soigné. Mais les bugs d'IA sont vraiment crispants et rendent les combats très inintéressants puisque les possibilités stratégiques s'évanouissent, entre les réactions stupides et le manquement à l'ordre, on doute de son autorité. Les débutants y verront un moyen simple de se familiariser avec le genre avant d'investir dans un soft plus complexe, mais plus au point.