Oyé braves gens et avisez de ma prose. Je m'en vais vous conter les attributs du récent divertissement préparé par Wanadoo. Il s'agit d'un jeu qui fait rimer infiltration avec inquisition mais qui encombre également sa besace de moult lacunes pour prétendre siéger sur le trône de la catégorie.
La mode est à l'infiltration. Que ce soit sur consoles ou sur PC, bien des éditeurs s'essaient à cette discipline et beaucoup s'y cassent les dents. Disons aussi que tous les amateurs du genre n'ont désormais plus que les yeux tournés vers le splendide Splinter Cell qui débarquera le mois prochain. Ils n'ont pas tort, soit dit en passant. En attendant, Wanadoo tente sa chance et présente un titre lui aussi orienté vers la furtivité puisqu'on y incarne un voleur qui devra tromper la vigilance de nombreux gardes pour progresser dans les niveaux. Jusque là, rien de particulièrement révolutionnaire si ce n'est que le jeu en question se situe en 1348, c'est à dire en pleine inquisition. Voyons voir comment le titre espère nous faire oublier tout l'équipement high tech de Splinter Cell pour nous plonger dans un univers plus moyenâgeux sans pour autant perdre tout le fun d'un jeu de discrétion.
Tout débute dans un cachot. Arrêté quelques minutes auparavant, Mathieu se retrouve enfermé entre quatre murs à regretter d'avoir voler la bourse d'un passant. Rien n'est cependant perdu car rapidement, il s'enfuira de sa cellule et ira faire une petite virée dans les autres pièces de la prison au nez et à la barbe de ses geôliers. Au détour d'une salle de torture, il fera la connaissance d'un certain Jacques, ancien Templier de son état, qui lui donnera quelques indications pour mettre la main sur le fameux trésor de son ordre. Mathieu se mettra alors en quête de ce fabuleux butin. Pour cela, il devra traverser 7 zones qui, de sa prison du Chatelet, le mèneront jusqu'à la cour des Miracles ainsi qu'à une abbaye Romane qui pourrait bien abriter ce que le jeune homme cherche. Jusque là tout va bien, Inquisition part sur de bonnes bases. La reconstitution, bien que pas top visuellement, reste cependant fidèle à ce que l'on peut imaginer de l'époque. La mise en scène est assez soignée lors des cinématiques et d'un point de vue audio, on se plaît à écouter les dialogues qui nous donnent un vrai cours d'Histoire. On peut en effet entendre du vieux français, encore plus vieux que celui de Philippe Devillier ! Avec moult expressions vielliotes, les répliques sont assez drôles.
Inquisition, le jeu, ne pêche donc par vraiment par sa réalisation mais plutôt par sa jouabilité. Il est vrai qu'après avoir goûté au joies de contrôler Sam Fisher (le héros de Splinter Cell), se retrouver à manier un jeune jouvenceau se battant à coup de pierre et de dague, n'offre pas le même trip. Les aptitudes de Mathieu ont beau s'étoffer au cours de la partie, (il pourra par exemple crocheter les cadenas, voler les passants, siffler pour attirer les gardes...) le titre reste guère passionnant. En fait, ce qui dérange le plus, c'est qu'on à tout le long du jeu la misérable impression que tout a été copié sur le futur blockbuster déjà maintes fois cité dans ce test. Si ce n'est pas le cas, je présente d'ores et déjà mes excuses aux développeurs. Toujours est-il que pratiquement tout ce qui a fait le succès de Splinter Cell sur Xbox (et qui le fera prochainement sur PC) est transposé ici en moins réussi. On y retrouve par exemple la même démarche furtive (accroupie avec les mains pour s'aider à avancer) ainsi qu'à peu près le même système de crochetage de verrous...
Inquisition emprunte aussi à d'autres pointures du genres quelques éléments dont les célèbres cônes de perception des gardes, que l'on doit cette fois à la série Metal Gear mais que l'on peut aussi trouver dans des softs plus tactiques tels que Commandos ou Robin des Bois. Ces cônes représentent le champ de vision de chaque ennemi et indique donc au joueur les zones à éviter. L'aspect sonore a ici aussi son importance. Courir, sauter ou bien marcher dans une flaque fera un certain bruit qui pourra vous faire repérer. Le jeu n'est cependant pas bien difficile et les situations auxquelles se confrontent le héros ne varient que trop peu durant la progression. Passer dans le dos des gardes, les attirer à gauche avec une pierre pour passer à droite, se cacher derrière un pilier... on fait rapidement le tour des possibilités. L'IA des ennemis est également un des gros défauts du jeu. Si les gardes réagissent bien aux sons et à la vision, ils deviennent de vraies loques lorsqu'il s'agit de les affronter. Les combats sont effectivement catastrophiques. Bien souvent, il suffit de tourner autour de son adversaire et de lui asséner un coup par-ci par-là pour le mettre à terre.
Inquisition n'est donc franchement pas un soft que l'on pourrait conseiller aux fanas d'infiltration. Les joueurs novices en la matière y trouveront peut-être un moyen de tenter le genre, mais franchement pourquoi commencer avec un tel jeu quand il suffit d'attendre quelques semaines pour se procurer un vrai bon jeu d'infiltration ?
- Graphismes12/20
Le jeu nous oblige à subir quelques ralentissements lorsque trop de gardes font leur ronde à l'écran. La modélisation des personnages et correcte, sans plus, mais on aurait aimé des textures plus détaillées.
- Jouabilité12/20
Au clavier, c'est pratiquement injouable. Mieux vaut donc brancher un pad pour s'en sortir. Les commandes répondent alors plutôt bien bien que l'interface ne soit pas des plus pratique.
- Durée de vie13/20
L'aventure est assez courte. Seulement 7 niveaux avec des situations trop semblables d'une zone à l'autre.
- Bande son14/20
Les dialogues parlés en vieux français sont amusants à écouter. Les musiques collent à l'ambiance, mais il manque un quelque chose pour vraiment nous mettre dans le bain. Peut-être des bruitages plus convaincants ?
- Scénario13/20
L'histoire des Templiers a déjà été traité plusieurs fois en jeu vidéo. Par contre, l'infiltration sauce moyenâgeuse reste déjà plus originale. Dommage que les rebondissements ne soient pas plus nombreux.
Trop répétitif dans son déroulement et affichant une réalisation plutôt moyenne (en dépit de la reconstitution de l'époque très honnête), Inquisition a un peu de mal à séduire.