Qu'il est doux de se replonger dans un épisode de Eye Of the Beholder, série mythique qui fit en son temps le bonheur des amigaistes et des pcistes. C'est aujourd'hui les gbaistes (la langue française est formidable) qui vont à leur tour pouvoir goûter à cette saga estampillée Dungeons & Dragons.
Dungeons & Dragons est une religion, une manière de penser pour bon nombre de personnes et chaque jeu sortant sous cette bannière se doit de respecter une certaine charte, une certaine ambiance sous peine d'être fustigé par une horde de fans en colère. A l'origine, ce fut un jeu de plateau né de l'imagination débordante de Gary Gygax. Par la suite, D & D devint en quelque sorte une référence dans le monde de l'héroïc fantasy et une avalanche de jeux de rôle prirent pour base les règles de Dungeons & Dragons tout en créant des mondes, personnages originaux comme ce fut le cas avec la série de Eye of the beholder. C'est donc un épisode de cette saga qui voit enfin le jour sur GBA. Le principe reste inchangé par rapport aux versions antérieures et nous nous retrouvons donc dans un jeu de rôle où les déplacements se font en vue à la première personne et où les combats se jouent au tour à tour.
L'intrigue de ce nouvel épisode nous amène dans la paisible ville de Waterdeep. Un Mal indicible s'est abattu, voilà quelque temps sur cette cité et les hautes instances de la ville vous demandent de l'aide pour découvrir les origines de tout ceci et l'éradiquer à tout jamais. C'est ainsi, que bras dessus bras dessous, vous enrôlez trois compagnons d'armes et clopin clopant vous vous engagez dans de sinistres donjons sans fin pour venir à bout de la menace qui plane sur votre cité.
Pour bien débuter un jeu de rôle, il convient avant tout de préparer ses personnages, de leur attribuer les maigres points d'expérience qu'on nous donne au tout départ et de les utiliser intelligemment en privilégiant telle ou telle compétence en fonction du héros qu'on souhaite incarner. Cet épisode de Eye of the beholder nous propose dès le départ 4 guerriers prêts à se lancer à l'aventure. Vous aurez donc le choix de prendre cette équipe ou de créer vous même votre personnage. La création de votre héros se révèle extrêmement complète puisque en plus de choisir votre race (elfe, humain, orc...), vous pourrez également influer sur son comportement, et ses caractéristiques de force, de magie, d'intelligence. La console vous propose à ce stade plusieurs configurations. Une fois décidé à quelle caste appartiendra votre personnage (guerrier, magicien, clerc, etc) vous pourrez choisir parmi une liste très complète quelques capacités en fonction d'un nombre de points d'habileté attribué. Enfin paré pour l'aventure, il ne vous restera plus qu'à vous plonger dans les égouts sordides de la ville, là où se terrent des hordes de monstres qui n'attendent qu'une chose : Vous.
Comme je le mentionnais plus haut, les déplacements se font dans un environnement 3D en vue subjective. Une carte vous permet de vous repérer dans ces vastes donjons, ce qui s'avérera très pratique pour vérifier si vous avez parcouru le niveau dans son ensemble. Une fois un ennemi rencontré, la phase de combats se met en place et c'est dans un décor en vue isométrique que vous affronterez vos ennemis. Les batailles se font au tour à tour et vous avez à votre disposition plusieurs choix possibles : avancer/frapper/inventaire/capacités/sorts (ce dernier choix étant bien sûr uniquement sélectionnable pour les sorciers, clercs). Au début du combat vous disposez d'un capital « pas » qui vous permettra de bouger si si vous n'êtes pas bloqué par un ennemi ou par un de vos compagnons. A ce sujet il sera vital de correctement placer vos héros en vue d'un affrontement. Ainsi on disposera le clerc et l'archer en seconde ligne qui aideront les guerriers, bien plus résistants aux coups. Durant ces batailles (qui sont d'une longueur effarante, du moins dans les premières minutes de jeu) vous n'aurez jamais la possibilité de fuir et vous penserez bien qu'il ne faudra pas se jeter à corps perdu dans ces échauffourées sans une préparation digne de ce nom. Par exemple, le fait de se reposer avant chaque phase d'action est nécessaire ne serait ce que pour mémoriser vos sorts ou plus important encore, rétablir votre santé au maximum. Et croyez moi vu le niveau de difficulté ce ne sera pas un luxe.
Autant le dire tout de suite, les graphismes sont très pauvres. Hormis une petite vidéo assez sympathique en guise d'introduction il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Les déplacements se font dans des décors assez pauvres tant en termes de variété que de détails et ce ne sont pas les combats qui arrangeront les choses. Lors de ces derniers, vous pourrez visualiser votre équipe et vos ennemis qui se présentent sous la forme d'un superbe amas de pixels. Petite parenthèse pour préciser que lors de la création de votre personnage vous pourrez choisir votre avatar (le visage représentant votre héros) et sa représentation lors des affrontements. La bande-son est à peu près du niveau des graphismes, c'est vous dire. Des musiques qui brillent par leur absence, et les deux, trois sons qui viendront égayer vos combats vous pousseront à couper le volume de votre console et à privilégier la bande originale de « Conan le barbare » ou de « Le seigneur des anneaux ».
En conclusion, je pense que ce Dungeon & Dragons : Eye Of The Beholder s'adresse principalement aux fans de jeux de rôle et plus encore aux personnes qui ont passé des heures, que dis-je, des jours entiers, sur les précédents opus de la série (ce qui est le cas de votre serviteur). Il est certain que si vous voulez vous initier aux RPG en vue subjective, l'aspect graphique très austère sera peut-être un frein majeur à la découverte de ce titre. Mais si vous faites fi de tout ceci, alors ce jeu est fait pour vous. La « customisation » de vos héros est très complète, l'aventure prenante et vous n'aurez de cesse de vous y replonger pour annihiler la vermine grouillante qui se cache dans les bas-fonds de Waterdeep.
- Graphismes11/20
Les donjons se suivent et se ressemblent plus ou moins. Les phases de combats semblent issues d'un autre temps. Quant aux animations lors des batailles, et bien celles-ci se résument au strict minimum.
- Jouabilité15/20
Il vous faudra pas mal d'heures pour bien appréhender tout ce que le soft vous propose en terme de configuration. Les phases de combats au tour par tour laissent au joueur tout le temps de peaufiner sa stratégie et ses différentes actions.
- Durée de vie14/20
Le niveau de difficulté semble assez élevé. Les toutes premières batailles sont ardues (le taux d'échec des attaques est à ce titre très agaçant) et si vous ne préparez pas chaque bataille avec minutie, vous risquez de mourir très rapidement.
- Bande son11/20
Pas de quoi s'extasier. Vos personnages poussent quelques hurlements, les épées s'entrechoquent, les sorts fusent et c'est à peu près tout.
- Scénario14/20
Ha retrouver les égouts de Waterdeep après tant d'années. Une petite larme empreinte de nostalgie perle sur mes joues mal rasées. L'éternel combat du Bien contre le Mal, le groupe de héros face à l'inconnu, autant d'ingrédients qui renvoient aux fondements mêmes de l'Héroïc Fantasy.
Un très bon jeu pour les amateurs de jeux de rôle, véritablement complet dans la gestion des sorts, des équipements et des compétences des personnages. En revanche c'est cette même profusion de statistiques qui risquera de décourager le joueur désirant découvrir l'univers du jeu de rôle et ce n'est pas l'aspect graphique du titre qui arrangera les choses.