L'attente fut longue et insoutenable pour les amateurs de jeux de tennis qui auront dû finalement patienter une année avant de pouvoir mettre les mains sur la version Playstation 2 de Virtua Tennis 2. Le célèbre jeu d'arcade de Sega était donc pour le moins attendu sur ce support, mais l'effet de surprise n'étant plus de mise, nos impressions ne pouvaient qu'être plus sévères quant à l'intérêt réel de ce nouveau portage.
Souvenez-vous, c'était le 15 novembre de l'année dernière, nous et la grande majorité de nos confrères, nous étions chargé d'encenser celui qui faisait figure de référence tous supports confondus : l'excellent Virtua Tennis 2 de Sega sur Dreamcast. Le titre réussissait l'exploit de surclasser son prédécesseur en nous imposant une réalisation ultra réaliste, un gameplay instinctif et des matches réellement spectaculaires. Aujourd'hui, il convient peut-être de relativiser l'exploit en mettant le doigt sur les limites de ce titre en termes de possibilités de jeu. En approfondissant l'analyse sur la durée, et surtout après l'arrivée de Smash Court Tennis Pro Tournament de Namco sur PS2, on se rend compte que le gameplay relativement assisté de VT2 ne permet pas toujours de laisser libre cours à toutes les possibilités que recherche instinctivement le joueur, le cantonnant à des schémas de jeu finalement répétitifs. C'est peut-être un peu dur vis-à-vis du potentiel de VT2 en termes de plaisir de jeu, mais d'aucuns vous diront que le titre de Sega ne restitue pas complètement toutes les possibilités de jeu qu'on peut trouver dans la réalité, à l'inverse du titre de Namco.
Pour beaucoup, le potentiel de VT2 sur la durée se situera donc en-dessous de celui de SCTPT, mais il est clair que d'autres préféreront indubitablement l'approche de VT2. Tout ça pour expliquer autant que possible à ceux qui ne comprendraient pas le choix effectué sur la note (qui reste tout de même très bonne), que même si VT2 est à ce jour le soft qui retranscrit le mieux ce que l'on peut voir dans les matches de tennis de très haut niveau, ce n'est pas forcément le plus intéressant ni le plus passionnant à jouer. En plus de cela, il faut également prendre en compte le fait que non seulement ce titre est un simple portage d'un jeu qui a maintenant plus d'un an, mais qu'il trouve même le moyen de nous décevoir en affichant des visuels beaucoup moins convaincants que sur la mouture originale.
Un constat d'autant plus regrettable que c'est justement là où VT2 avait de quoi faire la différence avec Smash Court, qui n'est pas particulièrement réputé pour sa réalisation extraordinaire. Alors effectivement, le résultat reste un peu plus impressionnant que pour le titre de Namco, mais pour qui a vu tourner la version Dreamcast, les graphismes ont de quoi déconcerter. Là où Sega était parvenu à tirer la quintessence du potentiel de la Dreamcast pour afficher des textures magnifiques et impeccables, les responsables de ce portage se sont laissés engluer dans tous les pièges techniques de la PS2. Les graphismes sont tout simplement méconnaissables avec leurs textures baveuses, leurs couleurs qui agressent le regard et l'omniprésence de l'aliasing, pas seulement au niveau des lignes du court mais également au niveau des joueurs ou du public qui scintillent de façon affolante. C'est scandaleux de voir à quel point cette version PS2 fait pâle figure comparée à l'originale en arcade ou sur Dreamcast ! Seules les textures faciales s'en tirent de façon correcte, avec des visages détaillés et immédiatement reconnaissables. Malgré tout, on finit par s'habituer au rendu peu convaincant des écrans de jeu, notamment grâce à la qualité des animations et de la modélisation des joueurs, à condition toutefois de ne pas porter les yeux aussitôt sur le jeu DC.
Pour qui découvre VT2 sur cette version-là, le choc reste tout de même toujours aussi violent. Les échanges sont carrément spectaculaires, et les attitudes des joueurs sont toujours parfaitement reconnaissables. On retrouve les 16 joueurs de la version DC, hormis Jelena Dokic qui s'est vue remplacée par la japonaise Ai Sugiyama. Le plus fort est de voir comment le jeu parvient à retranscrire le style de chacun de ces joueurs, à travers leurs gestes, leurs frappes, leur puissance, voire leurs tics, de sorte que cela se traduise également au niveau des sensations de jeu. Résultat, les joueurs masculins sont logiquement plus impressionnants en ce qui concerne la puissance de frappe, ce qui n'empêchera pas d'organiser quelques doubles mixtes en Exhibition. La marge de progression reste excellente, avec des adversaires de plus en plus solides, et l'on peut paramétrer la durée de ses matches de 1 à 6 jeux, même si le jeu nous limite toujours à un seul set. On retrouve également la possibilité de créer un joueur et une joueuse pour les faire évoluer sur le circuit mondial. L'intérêt est bien de voir toutes les aptitudes de son joueur s'améliorer avec son expérience, et cela se ressent de façon flagrante au niveau du gameplay.
Enfin, comme je l'ai dit au début, le jeu révèle pas mal de restrictions au niveau du gameplay, en limitant les possibilités de jeu à des angles limités qui font que l'on se retrouve souvent dans les mêmes schémas de jeu, avec des cas de figure qui reviennent régulièrement. Résultat, les fautes sont toujours aussi rarissimes, et l'on pourra se sentir frustré de par le sentiment d'assistance qui se dégage de ce titre purement arcade. Pour cette raison, et aussi parce que VT2 sur PS2 déçoit au niveau de sa réalisation qui n'est que le pâle reflet de la version Dreamcast, certains préféreront se tourner vers un Smash Court Tennis un peu moins intuitif et moins spectaculaire, mais sans doute plus riche au niveau des possibilités de jeu. C'est pour cette raison, et parce qu'on attendait davantage de ce portage d'un titre sorti il y a plus d'un an sur DC, que je me permets de sanctionner VT2 au niveau de la note globale, même s'il s'agit toujours d'une référence dans le domaine des jeux de tennis sur consoles.
- Graphismes15/20
Le jeu dispose de l'option 50/60 Hz, mais cela ne suffit pas à rattraper les lacunes de ce portage d'un point de vue technique. On est clairement en-dessous de la version Dreamcast, même si le jeu se rattrape par la dimension spectaculaire des échanges et la qualité des animations. Les courts se limitent à celui de Paris, de New York, de Melbourne, de Londres et de Tokyo, mais toutes les surfaces sont représentées et d'autres courts peuvent être débloqués.
- Jouabilité16/20
Une vue rapprochée toujours aussi impressionnante. La richesse du jeu vient du fait que le gameplay respecte tout à fait le style de jeu de chaque joueur, mais l'on pourra être frustré par la maniabilité assistée et le manque de liberté dont on dispose.
- Durée de vie17/20
16 joueurs à battre en mode Tournoi, des joueurs fictifs à faire évoluer sur le circuit mondial, et deux personnages secrets à défier en fin de tournoi. Il faudra bénéficier du multitap PS2 pour profiter du mode 4 joueurs.
- Bande son16/20
Des musiques inappropriées mais que l'on peut désactiver ou du moins réduire au minimum durant les matches. Des bruitages toujours aussi convaincants.
- Scénario/
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Avant que ma boîte aux lettres ne déborde de mails d'indignation, j'aime autant préciser que cette note est l'aboutissement d'une réflexion personnelle ardue, ou plutôt d'un véritable cas de conscience, qui m'a conduite à la conclusion qu'il était juste de pénaliser cette version PS2 de VT2, même s'il s'agit incontestablement d'un excellent titre. En un an, les responsables de ce portage n'ont fait que saboter l'aspect visuel du soft, pour un résultat qui n'est qu'une pâle figure de la mouture Dreamcast. Ceux qui recherchent avant tout la richesse de jeu dans une simulation de tennis lui préféreront certainement le titre de Namco. Les autres se laisseront vite conquérir par la dimension spectaculaire et très accessible de Virtua Tennis 2.