Vivendi a fait le pari de faire entrer toutes les Terres du Milieu à l'intérieur de notre GBA. S'il y est parvenu et que le jeu retrace fidèlement les événements relatés dans La Communauté de l'Anneau, le résultat aura un peu de mal à convaincre même les plus Hobbits d'entre nous.
En cette fin d'année, deux éditeurs se disputent farouchement la licence du Seigneur des Anneaux. Les deux prétendants au titre sont Vivendi et Electronic Arts. Dans un cas, on trouve la licence de l'oeuvre de Tolkien, dans l'autre celle du film de Peter Jackson, lui même inspiré par l'oeuvre de Tolkien. Bien entendu, tout cela n'est qu'une histoire de gros sous et sans entrer dans les détails, on pourrait résumer l'affaire en disant que Vivendi n'a simplement pas le droit d'utiliser les visuels du film. Je sais, c'est un peu facile comme explication, mais je la trouve finalement assez parlante. Si l'esthétique les sépare, les deux titres partagent cependant le même scénario, à savoir celui d'un Anneau qu'une communauté doit détruire pour le bien de tous (lisez le bouquin, ça vaut tous les discours du monde !).
Maintenant que nous avons tous le film en tête, et que nous possédons une image assez précise de ce à quoi aurait pu ressembler les Terres du Milieu, voyons comment s'y est pris Vivendi pour nous proposer sa vision des choses. En premier lieu, on constate que ce qu'on a sur GBA n'est pas si éloigné que ce que nous découvrions l'année dernière sur grand écran. Il faut dire aussi qu'avec comme point de départ le livre de Tolkien et ses tas de pages de descriptions toutes plus précises les unes que les autres, il n'y a pas trente-six façons de représenter ces environnements enchanteresques. Hobbitebourg et ses champs agricoles, les mines de la Moria et ses couloirs lugubres, Fondcombe et son imposante architecture, la Lothlorien et sa forêt merveilleuse... tout est respecté et transposé à l'échelle de la GBA. On reconnaît chaque lieu au premier pixel. Cependant, reconnaissable ne rime pas ici avec joli (en fait, que ce soit ici ou ailleurs, ces deux mots ne rimeront jamais ensemble, ce que j'écris est donc parfaitement stupide et j'aurais mieux fait de dire que reconnaissable ne rime pas ici avec admirable, même si le terme est un peu fort à mon goût). Les graphismes du jeu sont en effet assez flous, les personnages peu détaillés, et même pour de la GBA, on ne peut s'empêcher de trouver cela parfois très pauvre.
La 3D isométrique est le mode de représentation choisi pour transposer tout l'univers. Il en découle quelques petits soucis de jouabilité telle que l'obligation d'abuser des directions diagonales pour avancer correctement. Pas super pratiques à tenir, ces positions ne conviennent pas à la petite croix de la console et fatiguent rapidement le pouce. L'interface n'est pas non plus des plus confortables. Le nombre sans cesse grandissant de personnages dans l'équipe implique pas mal de navigations inutiles entre les menus de chacun. Alors qu'il aurait été très pratique de passer d'un menu à l'autre par une simple touche, il faut ici quitter son menu, changer de personnage puis rouvrir le nouveau menu. En plus, on ne sait jamais qui porte quoi et il faut se taper un à un les inventaires de chacun avant de mettre la main sur l'objet désiré. Super-méga lourd !
En parlant de lourdeur, on peut aussi s'attarder sur les quelques combats assez soporifiques qui se déroulent au tour par tour ou sur les nombreuses quêtes annexes qui cassent complètement le rythme de l'histoire. Rien qu'avant de quitter son village, Frodon devra par exemple faire plusieurs fois le postier entre les habitants et trouver un cadeau de départ à laisser à une amie. De nombreux allers-retours longs et pénibles qui ne servent pas à grand chose, si ce n'est à rallonger artificiellement la durée de vie du jeu qui se parcourt en outre à la vitesse d'un elfe au pas de course. On en vient donc à conclure négativement sur ce titre en se disant que s'il n'y avait pas en fond l'univers de Tolkien qu'on affectionne tant, nul doute qu'il ne passerait même pas la barre de la moyenne. Avec son lot de cavaliers noirs, d'elfes et d'orcs, il y parvient tout juste, mais d'une courte tête de hobbit seulement !
- Graphismes13/20
Les environnements recréent parfaitement les décors dépeints par Tolkien dans son livre. Il leur manque cela dit un peu de finesse. Les portraits des personnages s'affichent en bas de l'écran lorsqu'ils prennent la parole, ce qui nous donne l'occasion de découvrir leurs visages pour le moins affreux !
- Jouabilité12/20
La 3D isométrique impose des déplacements souvent en diagonale, vraiment pas pratiques à réaliser sur la petite croix directionnelle de la portable. L'interface est tout ce qu'il y a de plus lourdingue avec des allers-retours entre le menu de chaque personnage.
- Durée de vie12/20
Malgré le nombre imposant de pages que contient le livre de Tolkien et la foultitude de quêtes annexes aussi inutiles que rébarbatives, La Communauté de l'Anneau ne vous retiendra pas très longtemps devant votre GBA. Comptez un bon paquet de piles.
- Bande son11/20
Pas de douces mélodies à se mettre au creux de l'oreille, seulement des petits airs de mauvaises qualité et des bruitages tout aussi pauvres.
- Scénario15/20
Le jeu suit fidèlement le voyage de l'Anneau mais les trop nombreuses quêtes annexes cassent le rythme de la progression.
Pour ce titre, les gens de Vivendi se vantent d'avoir décroché la licence du livre, celle de l'oeuvre originale de Tolkien. Ok, d'accord, soit, comme vous voulez, mais bon, c'est à peu près tout ce qu'ils ont. Enlevez leur le background et il ne reste plus grand chose si ce n'est un jeu plutôt lassant à mi-chemin entre l'aventure pour la progression et le RPG pour les combats. Pas de quoi fouetter un orc !