Alors que tout le monde ne jure plus que par Les Deux Tours, dans l'attente du film mais aussi du jeu développé par Electronic Arts, Vivendi sort tranquillement sa propre adaptation du Seigneur des Anneaux. Un jeu tiré directement de l'oeuvre littéraire de J.R.R. Tolkien, qui sort simultanément sur PC, Xbox et GBA le 8 novembre, tandis que les versions GameCube et PS2 devront patienter jusqu'au 29 du même mois. Pour quelle raison ? Je ne saurais le dire, mais le fait est que cette version PC est un simple portage de la version PS2. Il y a des signes qui ne trompent pas...
Quand on voit que les responsables de cette conversion n'ont pas pris la peine de remplacer les symboles correspondants aux touches de la manette PS2 dans les menus, il faut bien dire que ça ne fait pas très pro. Evidemment, ça ne s'arrête pas là, et c'est carrément l'ensemble du jeu qui trahit ses origines consoles. La réalisation est loin de profiter des capacités du PC, et le gameplay s'avère clairement davantage adapté à une prise en main de type consoles. Cela dit, il faut tout de même admettre que ceci n'est pas réellement gênant pour profiter du jeu, et que le soft propose quand même l'option de Quick Save exclusive à cette version-là.
Fort de bénéficier de la licence officielle de l'oeuvre littéraire, Vivendi s'est attaché à rendre son titre aussi fidèle que possible à l'esprit du roman. C'était la moindre des choses compte tenu du monument que représente l'oeuvre, mais on appréciera de constater qu'à peu de choses près, le soft respecte la trame du récit sans le dénaturer. Les inconditionnels n'auront que rarement l'occasion de froncer les sourcils, soit devant le caractère futile d'une quête qui se résume à une collecte d'items sans réel lien avec la narration, soit devant le manque de charisme des différents personnages. Difficile de ne pas se détourner d'un Tom Bombadil qui chante presque faux, ou de ne pas se sentir frustrer par la laideur assez inacceptable des égéries que sont censées être Baie d'Or, Arwen Undomiel ou Galadriel. La progression pourra ainsi décevoir les plus exigeants qui attendaient impatiemment tel ou tel passage du livre, et d'une façon générale la plupart des scènes du jeu ne reflètent pas complètement ce qui se dégage des lignes du roman. Le jeu survole les grandes lignes du récit et trompe l'attente du fan qui se verra par exemple jeté comme un malpropre par Tom Bombadil et Baie d'Or sans avoir l'opportunité de pénétrer dans leur demeure pour un instant de répit au coin du feu.
Dans le même ordre d'idées, les affrontements n'ont pas ce caractère épique qu'on pouvait trouver dans le livre, et trahissent là encore quelques petites incohérences. Second personnage jouable après Frodon, Aragorn se retrouvera subitement en train de lutter contre des bandits à Bree, guère décidés à lui laisser mettre la main sur les objets nécessaires à la constitution des faux hobbits pour tromper les Nazgûls. Des trolls impressionnants pullulent au-delà du Mont Venteux, et Gimli est le seul à soutenir Gandalf dans les mines de la Moria. Quant au mage, il est loin d'être aussi imposant que dans le roman avec ses sorts faiblards. On ne peut s'empêcher d'être déçu à ce niveau-là, même si le fait de changer régulièrement de héros suffit à renouveler quelque peu une progression qui serait sinon bien monotone. Le système de combat demeure d'ailleurs un peu confus et ne reflète pas vraiment la dimension épique qu'on aurait souhaité voir dans ce jeu. Mais les possibilités de parade, de combo et d'armes secondaires sont intéressantes. Enfin, l'anneau ne revêt qu'une importance mineure puisque son utilisation est à proscrire tout au long du jeu.
Mais ce qui trouble le plus c'est cette impression désagréable de se trouver en face d'un jeu grand public où rien ne semble avoir été approfondi. Certes, on retrouve tous les lieux qui composent le périple de Frodon dans la Communauté de l'Anneau : la Comté, la Vieille Forêt, les Hauts des Galgals, l'auberge du Poney Fringant, le Mont Venteux, le Conseil d'Elrond à Fondcombe, la Moria et la Lothlorien. Mais on ne fait que survoler les événements sans avoir l'opportunité d'en profiter. L'aspect aventure se résume à quelques quêtes peu passionnantes, et les rencontres sont aussi éphémères que si les personnages du jeu avaient un train à prendre. Résultat, on avance très vite dans l'aventure malgré quelques passages difficiles, et on se retrouve à la fin du jeu en quelques petites heures seulement. C'est quand même un peu regrettable pour un titre de cette envergure. On en viendrait presque à regretter l'antique version SNES de The Lord of the Rings, avec ses mélodies envoûtantes et sa dimension role play. Avis aux nostalgiques. La Communauté de l'Anneau n'en reste pas moins un titre agréable à parcourir, une expérience de jeu dont les inconditionnels du livre auraient tort de se priver, mais à laquelle il manque l'ambition d'égaler le chef-d'oeuvre que constitue l'ouvrage de Tolkien.
- Graphismes14/20
La version PC est clairement un portage de la version PS2, et la réalisation ne tire donc pas vraiment partie des capacités du PC. Les paysages sont parfois très vides et peu détaillés, avec des textures ternes, et les personnages manquent de charisme.
- Jouabilité13/20
Le principal attrait du jeu vient du fait que l'on incarne tour à tour trois personnages différents. L'aspect aventure est plutôt limité et les scènes d'action manquent de pêche. Le gameplay est résolument axé consoles, mais il est compensé par une optimisation des angles de vue à la souris et la présence du Quick Save.
- Durée de vie11/20
La mauvaise surprise du jeu, c'est que l'on progresse dans l'aventure beaucoup trop rapidement. Vous en ferez le tour en quelques heures seulement, malgré quelques passages difficiles.
- Bande son13/20
L'ambiance sonore est convenable, mais l'on était en droit d'attendre quelque chose de plus percutant. Les tambours dans les mines de Moria sont bien rendus, et les thèmes se font plus mélodieux dans la Comté, mais la bande-son ne met pas assez en valeur le déroulement et l'importance des événements.
- Scénario15/20
Les incohérences avec l'oeuvre littéraire sont rares, et le jeu parvient à ne pas dénaturer le récit. Dommage que la quête ne fasse que survoler la plupart des événements narrés dans le livre.
Une adaptation qui souffre de pas mal de reproches, même si les inconditionnels du livre prendront plaisir à progresser dans l'aventure. La version PC est un simple portage de la version PS2 et se trahit au niveau de la réalisation et du gameplay. L'aventure est par ailleurs un peu trop courte, et risque de laisser les fans du Seigneur des Anneaux sur leur faim.