En cette année 1964, la guerre fait rage. Celle du Viêt-Nam ? Non, la première, celle qu'on appelle affectueusement « La Grande ». Vous aussi vous commencez à avoir l'habitude de revivre la Seconde Guerre Mondiale dans vos FPS préférés ? Ca vous dirait de découvrir une Première guerre qui s'étend ? Mais attention, il va falloir le mériter
A la base d'IronStorm, une idée simple, la première guerre mondiale n'a jamais pris fin et dure depuis 50 ans (nous sommes donc en 1964, autant vous dire que Pink Floyd n'a jamais joué à Pompéi). La résultante est une histoire complètement bouleversée. Un empire occidental affronte un empire Russo-Mongol dans une guerre des tranchés aussi glauque que l'originale mais avec des armes provenant tout droit des années qui ont vu naître la TV. D'ailleurs le pire dans cette histoire, c'est qu'ici, ce sont les Russes qui l'ont inventée, la TV. Pour votre culture personnelle que je suppose peu élevée (partez pas, je rigole), sachez qu'on appelle cela un univers uchronique. Voilà donc l'axe du scénario, auquel il faudra ajouter une forte présence des événements boursiers, à tel point que l'on se demanderait presque si cette guerre ne serait pas un simple moyen de booster un peu l'économie mondiale. Même les soldats ennemis parlent de leurs actions avant de se faire sournoisement « engrenader »
Dans IS, vous incarnerez donc James Anderson, un soldat né dans la boue et qui n'a jamais rien connu d'autre que la guerre. A vous les missions périlleuses d'infiltration, en vue de dérober les secrets ennemis. Souvenez-vous, c'est la guerre des tranchées qui s'est prolongée et vous passerez une partie conséquente de votre temps à errer dans ces dernières avant de trouver l'entrée d'un bunker souterrain ou de tenter une escapade particulièrement hasardeuse en terrain dégagé, ou en ville. Hasardeuse en raison des nombreux snipers grâce auxquels je peux vous assurer que vous ne regarderez plus le film Stallingrad du même oeil. Si IronStorm est un FPS, il ne faut pas croire pour autant que la méthode d'action dite « je fonce dans le tas et je mitraille ce qui me tombe sous la sulfateuse » soit des plus pertinentes. Ici, on avance prudemment, on snipe au loin pour se dégager la voie, on s'infiltre en douceur, et tant que faire se peut, on baisse la tête si ne veut pas écoper d'une nouvelle paire de narines au niveau des tempes.
Ceci dit, que vous soyez entre deux pans de terre ou carrément dans un bâtiment, ne vous croyez pas plus en sécurité. Pour faire un parallèle inévitable, les développeurs de MoH disaient vouloir faire ressentir au joueur l'effet que cela faisait d'être au beau milieu d'une guerre, et bien, à mon humble avis, côté trouillomètre IS y parvient beaucoup mieux. Et ce pour une raison simple, sa difficulté. Les médikits doivent se compter sur les doigts de la main et ces saloperies de snipers ennemis sont effroyablement précis (voire trop). Imaginez-vous donc, la jauge de vie à zéro, priant pour qu'on ne vous voit pas avant que vous ayez réussi à vous mettre un toit sur la tête. Vite, une sauvegarde rapide et... ah, pas de bol, vous n'aviez pas vu le garde qui faisait sa ronde près de l'entrée. Vous êtes mort au front mais qu'importe, la touche Quick Load est là. Honnêtement, c'est exaspérant et pourtant je ne peux m'empêcher de considérer cela comme un parti pris des développeurs pour vous mettre une pression pas possible et il faut bien admette que cela marche. Le seul problème c'est que se balader à moitié mort et se faire descendre par un meute de clébards au détour d'un virage, c'est gonflant. Résultat ? Certains passages devront être faits et refaits et rerefaits avant de réussir à s'en sortir vivant. Petits joueurs ou joueurs nerveux, s'abstenir, en fait de FPS, c'est un « survival war » qu'on nous offre. L'autre reproche que je ferais au titre en matière de gameplay, c'est cette désagréable impression d'errance sans but que l'on ressent au bout d'un moment, on ne sait pas vraiment où on va ni pourquoi et finalement on se contente d'avancer sans se faire tuer. Maintenant que j'y pense, c'est un peu ça la guerre, non ?
Il est regrettable que cet aspect vienne quelque peu gâcher le plaisir et l'originalité du background. Il faut bien reconnaître que les anachronismes du titre ont un côté dépaysant. Essentiellement au niveau de vos armes. Toutes sont inspirées de la réalité mais aucune n'existe vraiment. Il s'agit en fait de spéculations sur les armes qui auraientt probablement pu voir le jour dans ces conditions historiques. Le coup de la télé militaro-propagandiste est pas mal vue aussi, de même que les chiens explosifs (grrr). Et d'une manière générale, on se laisse séduire par cette ambiance uchronique (c'est un joli mot non ?)
Du point de vue de la réalisation, on se retrouve fort partagé. D'un côté nous avons un design sombre avec un choix de couleurs ternes et des environnements dévastés, qui collent parfaitement au scénario et contrastent parfois avec un soleil qui viendra vous vriller les yeux que vous aviez plongé dans votre lunette. Mais là ou le bas blesse méchamment, c'est au niveau de l'animation des personnages. Sachez d'ailleurs qu'il vous sera possible de vous admirer dans une vue à la troisième personne (vivement déconseillée) qui vous permettra de juger de la pauvreté de la palette de mouvements. Ce sont bien sûr vos adversaires qui pâtissent le plus de ce problème et on est loin de la gestuelle d'un MoH ou, plus récemment, de NOLF 2. Autre reproche, les explosions ne sont pas toujours spécialement renversantes de réalisme. Néanmoins il faut savoir positiver se réjouir du fait que le moteur de 4XStudio tourne très bien sur une configuration raisonnable.
La bande-son va très bien, merci de vous en inquiéter. Il est vrai qu'elle est diablement efficace avec ses bruit d'explosions au loin ou proches de vous, ces pétaradages de mitrailleuse. Seuls les cris ennemis manquent de virulence alors que les quelques conversations que vous pourrez surprendre sont pourtant bien interprétées. En définitive, que dire et qui doit se ruer sur IronStorm ? C'est un titre assez particulier que voilà. Tout d'abord, sa difficulté (et surtout certains passages à la limite du ridiculement prise de tête) risque de provoquer un grand nombre de cas de calvitie précoce. Maintenant si vous avez toujours rêvé de savoir quel effet ça fait d'infiltrer, seul, les lignes ennemis, de ramper dans une tranchée pour éviter les snipers, ou de repousser 10 gus dans un couloir étriqué en espérant que pas une balle ne vous atteindra, tentez le coup. Car il est indéniable que ce soft est flippant et que si on a envie de se prendre pour un poilu des temps modernes, il est inutile de chercher plus loin.
- Graphismes15/20
Les environnements sont très jolis, à condition de faire tourner le jeu sur une bonne bécane. Mais le résultat sera convaincant aussi sur une petite machine. Ce sont clairement les animations qui portent préjudice à l'ensemble par leur pauvreté.
- Jouabilité14/20
Un gameplay qui n'a rien de révolutionnaire dans le fond. Mais le côté, « un pas de trop, c'est une vie de moins » (assez réaliste en fait) va vous contraindre à une certaine subtilité, ainsi qu'à quelques crises de nerfs. Il manque tout de même une mise en scène plus poussée pour rendre l'action plus captivante. Dommage, mais c'est l'un des gros manques du jeu.
- Durée de vie14/20
Pas très long en termes de missions et ces dernières sont plutôt linéaires, mais il faut du temps pour survivre. Vu le nombre de fois où vous aller mourir , cela devrait vous prendre un certain pour en venir à bout.
- Bande son15/20
Très réussie au niveau des effets spéciaux (tirs et explosions). Les dialogues sont eux-aussi bien balancés et il n'y a guère que les invectives adverses qui manquent parfois d'un peu de conviction.
- Scénario14/20
On se laisse facilement séduire par cette histoire de guerre qui n'en finit plus et ces Barons fous. Seuls manquent des scripts plus présents pour donner plus de vie au jeu.
IronStorm aurait pu être un grand jeu. Avec une IA des gardes plus poussée (et celle des snipers amoindrie , une difficulté mieux dosée (de simples médikits supplémentaires) et une mise en scène un peu plus développée. Mais là, mieux vaut le réserver aux joueurs tentés par un titre original mais mal fini en dépit de bonnes idées. Certains adoreront, d'autres digèreront mal sa difficulté.