Ca a l'allure d'un STR, mais ce n'est pas un STR ! Si The Gladiators emprunte beaucoup au genre qu'affectionnent tous les fins stratèges, il s'en éloigne tout autant pour s'apparenter à un jeu d'action matiné d'éléments tactiques. Un excellent programme servi par le jeune studio français Eugen Systems soutenu par Arxel Tribe.
A écouter les développeurs de The Gladiators, l'ambition première et la véritable motivation qui les a poussé à concevoir leur titre fut de renouveler le genre STR devenu trop rébarbatif selon eux. Passer trois plombes à développer une base avec tout ce que cela comporte comme unités et bâtiments avant de partir affronter l'adversaire pour finalement se faire exploser parce que l'autre aura créé encore plus d'unités n'est pas vraiment le trip qui fait vibrer les gars d'Eugen Systems. Bien décidée à trouver une alternative à cela, l'équipe est finalement arrivée au concept de The Gladiators, un titre qui doit encore beaucoup au STR mais où l'action est quand même bien plus prononcée et rapide à se déclencher. Cela ne veut pas dire que le jeu n'inclut pas d'éléments tactiques, oh que non, car si l'action prédomine ici, la méthode de bourrinage n'est que très rarement récompensée au profit de celle qui consiste plutôt à trouver des approches intelligentes afin de surprendre l'ennemi.
Le background futuriste du titre tranche avec son personnage principal, Greg Callahan, un officier américain des 70's se retrouvant bien malgré lui en territoire hostile. A la suite d'un projet aussi secret que foireux pour le compte de la NASA, Callahan est entraîné dans une nouvelle dimension où il fait rapidement la connaissance de tout un tas de nouveaux personnages qui ne lui veulent pas du bien. Après quelques péripéties, il se voit finalement contraint de participer à des combats en arènes pour espérer un jour regagner sa liberté et pourquoi pas retourner chez lui. Lors de ces joutes librement adaptées des combats de gladiateurs de la Rome antique, Callahan et sa troupe de marines devront faire face aux armées de Maximix le général cyborg et de Fargass, un puissant mage qui tire ses pouvoirs des forces occultes. Ces trois factions étant bien évidemment parfaitement équilibrées grâce à tous les véhicules et toutes les unités différentes mises à leur disposition qui donnent tantôt l'avantage à l'une, tantôt à l'autre.
Le titre vous fait commencer chaque carte parfois seul, parfois en groupe. Dans les deux cas, vous pouvez augmenter le nombre de vos hommes simplement en ramassant sur la map l'icône approprié. Une autre méthode consiste à récupérer des crédits puis à prendre possession d'une spawning zone pour ensuite « acheter » quelques unités. Cela n'a cependant rien à voir avec les STR purs et durs car ici les crédits sont limités et pas toujours faciles à trouver. En effet, si dans les STR classiques vous aviez l'habitude de récolter des ressources pépères près de votre base, il faudra dorénavant s'aventurer en territoire ennemi pour ramasser des crédits.
Cela dit, le nombre d'unités n'est vraiment pas le plus crucial dans The Gladiators. Ce qui prime ici c'est la façon dont on dirige ses troupes. Le relief a par exemple une grande importance dans les affrontements. En plus de donner un avantage certain à celui qui se trouve en haut d'une colline, il permet aussi de ne pas se faire repérer, à condition toutefois de passer aux bons endroits. Si le relief naturel est à prendre en compte, il ne faut pas non plus négliger celui apporté par les bâtiments et la végétation. Monter au sommet d'une tour permet par exemple d'agrandir son champ de vision et d'éventuellement démasquer des troupes placées en embuscades un peu plus loin. Tout ça, c'est bien me direz-vous, mais ce n'est pas forcément révolutionnaire non plus.
Là où The Gladiators se distingue davantage des autres titres c'est dans sa façon de jouer. Le gameplay est en effet très rapide et plonge immédiatement le joueur dans le feu de l'action. L'interface est simplifiée au maximum pour ne laisser apparaître que les raccourcis réellement indispensables comme faire avancer ses troupes en formation où les faire attaquer un point précis. Les autres raccourcis sont à effectuer au clavier (pour créer des groupes par exemple). Si je vous parle de raccourcis, c'est pour insister lourdement sur l'un des éléments essentiels : la vitesse ! Eugen Systems a voulu son jeu énergique, à tel point qu'on a même parfois l'impression de se trouver en face d'un jeu d'arcade. Il faut dire aussi que le chrono en haut de l'écran et le classement délivré à la fin de chaque mission y sont pour beaucoup. Ainsi, il est tout à fait possible de recommencer les missions dans l'unique but d'exploser son record pour se classer dans les high-scores. Les modes mulitjoueurs sont également emprunts du même esprit. Les options proposées rappellent même ce qui se fait dans les FPS. Jugez plutôt : Deathmatch, Capture the Flag ou Assaut, on se croirait presque dans Unreal ! Adapté à la sauce STR, tout fonctionne pourtant parfaitement. En Deathmatch, on se fight avec ses potes, si on meurt, on re-spawn un peu plus loin avant de repartir de plus belle. Jusqu'à 16 joueurs peuvent ainsi prendre part aux affrontements. Tout seul, le jeu se contente d'une campagne bien ficelée mais relativement courte. Seulement 18 missions, soit 6 par clan.
Enfin, The Gladiators brille par sa réalisation. Très stylisée, l'esthétique originale du titre offre des décors magnifiques sur des maps très travaillées. Les combats ont beau se dérouler en arènes, les environnements parviennent à recréer plusieurs types de terrains et de climats. Le moteur 3D est costaud, assez en tout cas pour afficher jusqu'à 500 unités simultanément. On regrette simplement la caméra qui ne permet pas de s'élever assez haut et qui ne propose donc qu'une vision assez resserrée de l'action. On est par conséquent obligé de faire de nombreux aller-retours entre ses positions. Cela n'est bien entendu qu'un petit détail, mais quand même... Point de vue sonore, si on peut émettre quelques réserves sur les voix françaises qui ne collent pas à mon avis avec les personnages, on ne peut que saluer la remarquable bande-son qui dynamise encore plus les parties. Bien pêchue avec des rythmiques puissantes et lourdes, parfois heavy, parfois indus, elle booste littéralement le titre. Si seulement on pouvait en entendre plus souvent, des musiques comme ça ! Bref, soigné jusqu'au bout, The Gladiators confirme tout le bien dont nous pensions déjà de lui. Avec son mélange inédit de plusieurs genres, il prouve qu'il est encore possible de faire du neuf avec du vieux. A essayer au plus vite !
- Graphismes16/20
Le design général du jeu est vraiment excellent. Son intro en images fixes, genre bandes dessinées américaines des années 70, plonge immédiatement dans l'univers particulier du jeu. Dans les arènes, les environnements sont aussi très détaillés et offrent toujours de multiples choix tactiques grâce au relief et à la végétation.
- Jouabilité16/20
Malgré une caméra que l'on aurait aimé plus distante, on parvient à maîtriser ses unités en un coup de souris. De temps en temps, l'action se fait confuse mais c'est assez rare et c'est généralement signe que la tactique utilisée n'était pas la bonne.
- Durée de vie17/20
Seul, on termine les missions assez vite. En réseau, c'est un autre histoire. Les parties s'enchaînent à vive allure grâce à leur esprit très FPS.
- Bande son17/20
Je suis totalement fan de ce genre de bande-son. Les ambiances lourdes et heavy collent admirablement aux situations mais aussi au design futuriste du jeu. Les voix françaises sont cela dit moins convaincantes.
- Scénario14/20
L'histoire est assez tirée par les cheveux, il faut le reconnaître. Mais bon, elle convient parfaitement pour ce style de jeux.
Absolument tout pousse à jouer encore et encore à The Gladiators. En empruntant par-ci par-là de bonnes idées, Eugen Systems réalise un titre frais et jouissif aussi bien en solo qu'à plusieurs, où il prendra d'ailleurs toute son ampleur. Si vous aussi vous cherchez une alternative aux STR traditionnels, The Gladiators s'impose comme une évidence.