La calvitie encore très prononcée et un tatouage façon grande surface toujours bien en évidence sur sa nuque, 47 s'aventure sur console pour la première fois. Si les joueurs PC se souviennent encore du précédent épisode de ce nettoyeur pas comme les autres, Eidos et IO Interactive nous offre une suite encore meilleure qui se permet d'effacer les quelques erreurs du passé.
Nous avons fait la connaissance avec 47 il y a déjà deux ans, ça se passait sur PC. A l'époque, Hitman proposait un gameplay révolutionnaire puisqu'il permettait d'incarner un tueur à gages froid et sans scrupules. Loin de s'embarrasser de quelconque soucis de morale ou de conscience, le joueur découvrait avec Hitman un gameplay où la discrétion, le calme et le sang froid étaient les clés pour mener à bien chaque mission. Pour ce qui était du scénario, on suivait 47 (appelé ainsi en raison du code-barre qu'il portait et porte toujours derrière la tête) dans son boulot quotidien. Une mystérieuse agence le contactait et lui indiquait quelle serait sa prochaine victime. Parallèlement, 47 tentait de rassembler assez d'indices sur son passé. Au fil du jeu, il découvrait ainsi qu'il était issu d'un programme de clonage visant à créer le tueur parfait. Las de cette activité lucrative mais ô combien hors la loi, 47 se décidait finalement à raccrocher les flingues à la fin du jeu. Il vit désormais bien tranquille dans une église en Sicile où il peut enfin assouvir sa passion trop longtemps enfouie au plus profond de lui-même : se déguiser en Nicolas le jardinier et s'occuper de ses amies les plantes. Au calme dans son potager, 47 voit malgré tout son passé le rattraper lorsque des truands s'en prennent à son ami le père Vittorio et forcent notre héros à reprendre du service. N'ayant pas d'autres alternatives, 47 ne peut qu'accepter ses nouvelles directives pour notre plus grand bonheur. Nous voilà donc reparti en compagnie de ce grand chauve code-barré pour une vingtaine de missions qui nous conduiront à St Petersbourg, au Japon, en Malaisie ou au Nuristan (troisième sortie après Kaboul). A première vue, le jeu n'a pas beaucoup changé. On dirige toujours 47 en vue de dos à travers plusieurs niveaux qui se terminent généralement par la mort d'un grand ponte de la pègre. Mais résumer Hitman 2 à une analyse aussi succincte serait faire insulte à tout le travail fourni par IO Interactive pour apporter le plus d'innovations possible à leur jeu.
Si le Hitman 1 pouvait se vanter d'offrir plusieurs itinéraires pour remplir chaque mission, Hitman 2 pousse le concept encore plus loin en proposant davantage de cheminements et donc encore plus de façons pour résoudre un même problème. Vous voulez des exemples ? Il n'y a qu'à demander. Prenons la première mission dans laquelle vous devez vous infiltrer à l'intérieur d'une immense propriété afin de libérer le père Vittorio et accessoirement refroidir l'auteur du rapt. Un souci : la bâtisse est une véritable fourmilière de gardes qui ne vous feront aucun cadeau s'ils vous repèrent. Après une analyse de la situation, plusieurs choix s'offrent à vous. Soit vous foncez dans le tas en espérant être aussi rapide que Keanu Reeves dans Matrix pour éviter les balles, soit vous vous la jouez plus discrétos. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas se servir de ce crétin de livreur de fleurs ? Hop, 47 passe furtivement dans son dos, sort sa corde de piano et nous joue le beau requiem du cou brisé. Il ne lui reste alors plus qu'à récupérer les vêtements du malheureux puis son bouquet de fleurs et tenter de pénétrer dans la fameuse propiété. Aïe, il se fait griller à l'entrée par les gardes qui lui imposent une fouille et qui découvrent ses armes. Il faut donc trouver une solution pour faire entrer les flingues sans éveiller les soupçons. Le livreur là-bas peut-il être d'une quelconque utilité ? Peut-être vaut-il zigouiller un garde pour lui piquer ses vêtements ? A vous de répondre à toutes ces questions selon la manière dont vous décidez d'aborder chaque niveau.
Toutes ces possibilités de gameplay sont magnifiquement servies par une IA très aboutie qui donne à la fois de la crédibilité aux ennemis et de la cohésion à cet univers si particulier. Les gardes réagissent différemment à votre approche. Selon votre apparence du moment (déguisé ou pas), il sortiront leurs armes, vous demanderont de reculer et pourront même vous démasquer si vous agissez bizarrement. Par exemple, si vous vous mettez à courir alors qu'il n'y a aucune raison de vous presser, ils pourront trouver cela étrange et s'intéresseront d'avantage à vous. Agir en toute discrétion, voilà la règle d'or de tout tueur à gages. A moins bien sûr que vous n'optiez pour la solution de Mr Reeves évoquée plus haut, mais là vous perdriez beaucoup de l'intérêt du jeu.
Contrairement à beaucoup de héros de jeux vidéo, 47 n'a pas gagné beaucoup de mouvements pour cette suite. Toujours aussi classe et décontracté, ils peut tout de même effectuer tout ce qu'il faut pour travailler correctement (approche furtive, placage contre un mur, petits pas de côté, combinaison triple lutz/double boucle piquée, heu... non, pas de combinaison triple lutz/double boucle piquée, désolé...). Son vaste panel d'armes lui permet de plus de varier ses méthodes. D'humeur mélomane, il abusera de la corde de piano, plus pacifiste il se contentera d'endormir les personnes gênantes grâce à l'anesthésiant. Bien sûr, les armes plus lourdes ne sont pas oubliées et on retrouve tous les ustensiles nécessaires à chaque situation (silencieux, fusil mitrailleur, snipe...).
Le passage de la série sur console est tout à fait réussi. D'une part, un réel effort d'ergonomie a été fait depuis le premier volet. On manie 47 très naturellement au pad et on navigue dans l'inventaire sans rencontrer de problème lors des changements d'armes ou d'objets. D'autre part, le système de sauvegarde a été entièrement repensé. Il permet maintenant d'enregistrer plusieurs fois sa progression dans une même mission. Cela évite ainsi d'avoir à recommencer depuis le début au moindre faux pas comme ce fut malheureusement le cas dans le premier volet. Le jeu est ainsi un peu plus facile que son prédécesseur, mais il est aussi bien moins énervant ! Le niveau reste cela dit élevé et plusieurs tentatives ne seront pas de trop pour remplir un objectif.
Techniquement, il n'y a rien à redire non plus. Hitman 2 dispose d'un excellent moteur 3D qui lui permet d'afficher des niveaux extrêmement vastes et complexes. On passe d'environnements froids et hostiles tels que St Petersbourg à des endroits plus chauds mais malheureusement tout aussi inhospitaliers comme en Malaisie. Le modèle physique est toujours au top. Lorsque 47 traîne des corps pour les cacher, on voit les membres pendre et épouser le relief sans jamais s'encastrer dans les murs. Autrement dit, il n'y a pas de bug de collision ! Pour la bande-son, Eidos a sorti le grand jeu. C'est carrément l'orchestre de Budapest qui s'occupe des musiques d'ambiance. Toujours de bon ton, elles traduisent parfaitement les événements qui se déroulent à l'écran. Côté voix, on est également bien servi. La localisation française ne souffre d'aucun défaut. En clair, Hitman 2 est un excellent titre sur toute la ligne, qui trouvera largement sa place parmi vos meilleurs jeux.
- Graphismes17/20
Les maps sont vraiment immenses et sont de plus dépourvues de chargements lorsqu'on passe d'une zone à une autre. L'animation des personnages est fluide et réaliste. On apprécie tout spécialement la démarche de 47 qui lui donne une certaine allure et une classe indéniable. On ne note pas de réelles différences avec la version Xbox, si ce n'est des couleurs légèrement plus ternes.
- Jouabilité16/20
Le maniement de 47 ne pose aucun souci. Le pad est parfaitement exploité et on trouve ses marques instantanément. Un petit tutorial permet aussi d'apprendre rapidement les mouvements de base.
- Durée de vie17/20
Malgré la possibilité de sauvegarder plusieurs fois dans un même niveau, Hitman 2 reste un jeu difficile. Avec ses nombreuses façons d'aborder chaque situation, on pourra s'amuser à le recommencer plusieurs fois. Il existe aussi différents niveaux de difficulté qui corsent la tâche et que seuls les experts pourront réussir.
- Bande son16/20
Les musiques interprétées par l'Orchestre de Budapest donnent une ambiance très cinématographique à Hitman 2 alors que les voix françaises collent parfaitement aux personnages.
- Scénario16/20
Les secondes aventures de Hitman ne trahissent pas l'univers dépeint dans le premier volet. Le personnage principal est encore très énigmatique ce qui lui permet de garder tout son charisme. Les événements auxquels il sera lié cachent une nouvelle fois pas mal de secrets.
Hitman 2 surclasse allègrement le premier volet de la série. Plus riche, plus beau, plus jouable il s'avère juste indispensable pour qui aime un tant soit peu ce genre de titre. Vivement la suite !