Thèse du jour : Un bon concept de base suffit-il à faire trois excellents jeux, sans retouche graphique, sans innovations de gameplay ? Sujet d'étude Crazy Taxi. Alors que le troisième opus de cette saga qui débuta sur arcade déboule sur Xbox, on est en droit de se demander si le titre de Sega peut encore nous surprendre
En effet, Crazy Taxi avait laissé tout le monde baba, CT 2 avait su apporter un peu de renouveau, nous n'attendions donc qu'une chose, savoir si CT 3 High Roller saurait nous scotcher, ou au moins nous surprendre un peu. Donc on repart pour un tour au volant de nos indestructibles tacots, et prêts à tout pour amener nos clients à bon port le plus vite possible, et au passage les délester de leur blé à grand coup de Crazy Dash. Je vous rappelle le principe, un client, une destination. On fonce, on frôle les voitures à contre-sens pour faire jubiler le pigeon, histoire qu'il lâche un pourboire et hop. Simple, mais terriblement efficace.
Mais ce n'est pas parce qu'une idée est bonne qu'il faut la laisser tourner en rond, c'est pourquoi CT 3 était attendu au tournant. Maintenant parlons donc de ses innovations si attendues. Ben on les attend toujours. Ce troisième volet ne nous offre en vérité pas grand chose. On retrouvera donc les éléments des deux premiers, à savoir les habituelles techniques de conduite que sont le Crazy Dash et le Crazy Drift, mais aussi le Crazy Hop (saut) instauré par CT 2. Viennent ensuite les villes de ces derniers qui au passage gagnent légèrement en taille et se voient dotées de nouvelles destinations. Mouais, j'aime autant vous dire que ça fait quand même pas lourd. Mais alors où sont les vraies nouveautés ? A Las Vegas, puisqu'il s'agit de la nouvelle ville que le jeu nous propose de parcourir. Mais aussi dans le Crazy X qui voit le nombre de ses épreuves s'alourdir pour atteindre 25 challenges au cours desquels vous apprendrez à devenir un pilote hors pair. Voilà, c'est tout ce qu'il y a de nouveau, le gameplay reste complètement inchangé. Ah si, maintenant il y a des flammes quand on fait une manoeuvre spéciale. Alors soit, le concept de CT est toujours jouissif, mais il n'empêche qu'il est aussi lassant, particulièrement au bout du troisième épisode et il n'est pas certain que les fans de la première heure soient très heureux de retrouver un Crazy Taxi 2 avec une ville en plus, le tout pour la modique somme de 60 ou 70 euros. Quant à ceux qui espéraient un mode multijoueur, histoire de résoudre le problème de la durée de vie, à ceux-là je dirais « mieux vaut fuir la réalité de peur qu'elle ne vous rattrape » (copyrights Pilou). En clair, vous pouvez toujours rêver.
Et il n'y a pas que le gameplay qui rappelle les anciens volets. Ne croyez pas que ça m'amuse mais voilà encore un jeu qui n'exploite absolument pas le potentiel de la Xbox. On laisse de côté les petits effets sympa lors des manoeuvres et on se jette sur les décors. Hurk, quel choc ! Tout d'abord, on regrette un aliasing méchant, fait pourtant assez rare sur la machine et surtout des bugs de clipping indignes de la bête. Les éléments 3D du décors sont quant à eux franchement décevants. Les textures sont pauvres et souffrent d'un flou qui est loin d'être artistique, même s'il est vrai qu'il faut les regarder de près pour le voir. Autant de défauts incompréhensibles quand on sait ce que la machine a dans le bide. Hitmaker ne s'est vraiment pas foulé et les possesseurs de Xbox se font encore avoir puisqu'ils se retrouvent avec un niveau technique à peine supérieur aux premiers volets de la saga. Triste monde. Autre regret, des sensations de vitesse pas toujours au rendez-vous.
C'est donc un bilan assez mitigé qu'il faut tirer de ce High Roller et si la preview nous avait laissé dubitatifs, le test ne fait que confirmer cette mauvaise impression. Pas franchement innovant et affublé d'une réalisation des plus moyennes compte tenu des capacité du support, il n'en reste pas moins que le concept de Crazy Taxi est excellent. Seulement voilà, les experts du jeu risquent de ne pas trouver à leur goût d'investir dans une version aussi peu développée par rapport à son prédécesseur. On ne peut finalement conseiller le titre qu'à ceux qui ne se sont jamais essayés à CT et qui ne craignent pas d'acheter un jeu qui sous-exploite leur console.
- Graphismes12/20
Une bien mauvaise surprise, on note un certain nombre de bugs d'autant plus incompréhensibles que les décors ne sont pas étonnamment complexes (hormis la circulation bien sûr). Les textures sont pauvres et les modélisations peu détaillées. Tout cela est très moyen et rappelle un peu trop la Dreamcast.
- Jouabilité15/20
La prise en main et le gameplay primaire mais fun ont toujours été les points forts du titre et ils le restent. Ceci étant dit, on attend toujours les innovations et les aficionados risquent d'être déçus par un gameplay qui se répète.
- Durée de vie11/20
Toujours le même problème, on fait rapidement le tour du jeu malgré l'arrivée d'une nouvelle ville et de nouveaux challenges. Sans oublier que l'action est tout de même très répétitive. Pour quand le mode multi ?
- Bande son16/20
La bande-son est toujours aussi nerveuse avec les morceaux de Bad Religion ou Offspring. On aime ou pas mais en tout cas, ça colle bien au jeu.
- Scénario/
Sega se repose un peu trop sur ses lauriers et ce qui est finalement le plus surprenant dans ce Crazy Taxi 3 c'est précisément qu'il ne le soit pas. Voilà une chose à laquelle Sega ne nous avait pas habitué. Les fans ne trouveront pas vraiment de quoi étancher leur soif de nouveauté et les newbies qui s'éclateront sûrement devront d'abord surmonter une réalisation indigne de leur machine. Le concept est bon mais ça fait quand même mal aux dents. Une saga qui s'essouffle ?