C'est fait ! The Thing, le film culte de John Carpenter est enfin adapté en jeu vidéo. Et c'est Computer Artworks qui se propose de nous faire revivre les frissons de l'angoisse à travers un jeu d'action qui se veut un vibrant hommage à l'oeuvre originale, même si le soft n'est peut-être pas aussi bluffant que ce que l'on aurait pu espérer.
The Thing, pour ceux qui n'en auraient encore jamais entendu parler, c'est le genre de films qui vous marquent au fer rouge pendant des années, jusqu'à ce que vous ayez le courage d'y revenir, parce qu'au fond vous n'avez jamais cessé d'y repenser. Non, l'histoire en elle-même n'est pas aussi effrayante que la plupart, mais l'angoisse y est pourtant atrocement palpable. Le scénario du jeu se déroule juste après les événements relatés dans le film réalisé par John Carpenter en 1982. Un film d'horreur inspiré de la nouvelle "Who Goes There" de John W.Campbell écrite en 1938, et dont avait déjà été réalisée une première adaptation cinématographique en 1950. Tout comme pour le film de Carpenter, le jeu se veut axé principalement sur l'angoisse qui naît du fait que personne ne fait plus confiance à personne, dans la mesure où chacun peut être sous l'emprise de la chose sans que personne ne s'en rende compte. Plus qu'une simple chasse à l'alien, ce sont donc les relations tendues entre les personnages qui sont au coeur de The Thing.
Il est clair que pour apprécier le jeu à sa juste valeur, mieux vaut avoir encore en tête les événements du film, afin de pouvoir replacer le scénario du jeu dans son contexte. A l'origine, un vaisseau extra-terrestre s'écrase sur la Terre il y a plusieurs milliers d'années. Un groupe de scientifiques norvégiens commet alors l'irréparable en extrayant de la glace une forme de vie parasite extra-terrestre, capable d'absorber n'importe quel être vivant pour en imiter l'apparence et le comportement. S'ensuit une boucherie sanglante qui voit l'éradication totale du groupe de scientifiques norvégiens, tandis que les américains dirigés par MacReady relancent le cycle infernal en recueillant sans le savoir la Chose, dissimulée sous l'apparence d'un chien. L'histoire se répète alors dans le jeu, où vous incarnez une toute nouvelle équipe, celle du capitaine Blake, partie enquêter sur la disparition de l'US Outpost 31, le groupe de MacReady.
Le fait que le jeu ne reprenne pas la partie correspondant au film pourra donc faire tiquer les puristes, et pourtant, le soft n'en devient que plus flippant et imprévisible, dans la mesure où on ne se dit pas « tiens, là c'est Bennings qu'il faut que je mette à l'écart », ou bien « ah oui, la mutation de Norris, je la connais ». Au contraire, on ne sait jamais quelle forme horrible va prendre la Chose, ni qui sera la prochaine victime. Et comme dans le film, ce ne sont jamais les bonnes personnes que l'on soupçonne. Le jeu propose donc ni plus ni moins de survivre à la Chose, en tirant partie des capacités de ses hommes pour progresser. Si vous réussissez, le cauchemar prendra fin définitivement. Sinon, le cycle se répétera à nouveau...
Dans la pratique, le jeu se présente en vue à la troisième personne, et vous ne contrôlez qu'un seul homme directement. Les autres, il faudra garder un oeil sur eux pour surveiller s'ils commencent à flipper ou à perdre confiance en vous, et leur assigner des directives de manière à pouvoir progresser. C'est votre manière d'agir qui interviendra directement sur leur état psychologique, le but étant de parvenir à conserver une équipe soudée. Un rien suffit d'ailleurs à éveiller leur méfiance : il suffit qu'ils vous voient rester à l'écart d'un combat, que vous leur confisquiez une arme, ou même une simple balle perdue pourra les faire se retourner contre vous. Pour cela, un seul remède : leur prouver que vous n'êtes pas la Chose en leur prêtant des armes et des munitions, en leur donnant des soins, ou encore en effectuant des tests sanguins. Au pire, vous pouvez toujours les menacer avec une arme pour les forcer à effectuer une action en cas d'urgence.
Forcément, étant donné les pertes que vous serez amené à encaisser, ce ne seront pas toujours les mêmes hommes qui vous accompagneront, mais ils seront toujours soit des soldats, soit des médics, soit des ingénieurs. Leurs aptitudes sont bien sûr indispensables à la progression, sachant que le jeu n'est pas dénué de phases d'exploration et de résolution d'énigmes. Pas très instinctive au début, l'interface propose un système d'icônes permettant de savoir rapidement si un homme a besoin de se faire soigner, demande des munitions ou peut accomplir une action spécifique. L'histoire se déroulant en Antarctique, les phases de jeu en extérieur font intervenir une jauge de pression qui correspond au temps qu'il vous reste avant de succomber au froid. L'action tarde à venir, mais elle ne vous lâche plus une fois qu'elle est là, et la présence de la chose se fait sentir constamment. Le silence oppressant laisse parfois la place au thème flippant du film, et les notes de Blair trouvées ça et là ne sont pas pour rassurer le joueur.
Par ailleurs, les confrontations avec la Chose partent d'une idée intéressante, puisqu'il suffit de quelques tirs pour anéantir les plus petites créatures, tandis que les plus imposantes nécessitent de les affaiblir avant de pouvoir les terminer au lance-flammes. Ces scènes d'action révèlent tout de même un certain manque d'ergonomie dans le gameplay à la troisième personne, surtout lorsqu'il s'agit d'utiliser le lance-flammes. A ce titre, il est possible de passer en vue subjective pour une meilleure précision, mais vous ne pourrez alors pas vous déplacer. Il faut alors prendre garde à ne pas blesser un membre de son équipe dans le feu de l'action, sachant qu'on ne voit pas toujours très bien la vermine qui court au sol, et que les munitions sont assez restreintes. Le plaisir de jeu est pourtant bien réel, et même si le soft n'est pas aussi terrifiant qu'on pouvait l'espérer, l'imprévisibilité du scénario monopolise constamment la vigilance du joueur. Voilà donc un achat indispensable pour les fans, et fortement conseillé pour tous les autres.
- Graphismes16/20
Les extérieurs restituent parfaitement les conditions difficiles au coeur de l'Antarctique, notamment grâce à la jauge de pression. On retrouve les endroits clés du film, et l'effet de surprise est omniprésent à travers les multiples transformations de la Chose.
- Jouabilité14/20
Le concept est intéressant et reste fidèle à celui du film, à savoir que tout comportement suspect influera sur le niveau de confiance de vos hommes, et qu'il faudra alors leur prouver par divers moyens que vous n'êtes pas la Chose. Entre aussi en compte la peur des membres de votre groupe, qui peut les pousser à refuser de vous obéir. Question gameplay, on note quelques petits problèmes d'ergonomie lors des phases d'action. Vos hommes se mettent souvent entre votre lance-flammes et la Chose, ce qui n'est pas très pratique.
- Durée de vie15/20
La durée de vie du soft reste raisonnable avec ses 11 niveaux de jeu. The Thing fait incontestablement partie des jeux que l'on a plaisir à refaire.
- Bande son16/20
On retrouve de temps en temps le thème récurrent d'Enno Morricone dans le film, sinon c'est le silence qui se charge de faire passer la tension qui règne de façon omniprésente tout au long du jeu.
- Scénario16/20
Le jeu se situe après les événements relatés dans le film de Carpenter, mais il en restitue très fidèlement l'atmosphère, et les références au film sont multiples.
Même si le jeu ne reprend pas tout à fait le scénario du film, il n'en reste pas moins très fidèle en proposant un gameplay basé sur la méfiance entre les personnages et sur les moyens dont dispose le joueur pour éviter la panique. Les scènes d'action ne sont pas toujours très ergonomiques, mais l'angoisse et les effets de surprise sont omniprésents.