Dans la série « le soufflé qui se dégonfle » je voudrais Turok Evolution. On l'attendait tous avec une certaine impatience ou au moins avec curiosité. Et bien nous voilà servi : gameplay super lourd, difficulté surdosée, partiellement due à une mauvaise maniabilité, et réalisation en dent de scie. Turok Evolution ou la chronique d'une (grosse) déception.
Je vais évacuer ma sale vanne de suite : c'est pas Evolution qu'il fallait l'appeler ce jeu c'est Regression. Parce que franchement, à choisir, moi je reprends mon baril de Turok 1 ou 2 ou même 3 sur N64 et l'évolution elle se fera sans moi (elle ne s'en est d'ailleurs jamais privé). Non mais c'est vrai, ça ressemble à quoi de se la jouer FPS console super attendu et de finir en véritable bouse ludique. Un test qui sent la rubrique nécrologique de nos espoirs déçus.
Comme toujours, le héros de Turok Evolution est notre bon vieil indien chasseur de dinos qui se retrouve aux prises avec une bande de réptiloïdes inamicaux aux intentions innommables, du genre faire régner la terreur sur la planète. Mais avant de vous lancer dans une expédition punitive, il vous faudra en passer par quelques épreuves initiatiques. Et effectivement, rien que ça, c'est déjà une épreuve. On commence donc par une recherche bien relou d'une clef paumée au beau milieu de nulle part et gardée par deux ou trois raptors et trois, quatre slegs (les méchants). Très lourdingue, on dézingue tout ça et on est content d'avoir pris le jeu en main. Au passage on se dit que c'était pas la peine d'en faire tant parce que bon, quand même, c'est pas très compliqué. Deuxième temps de l'apprentissage : le vol à dos de ptéro machin. Ce n'est qu'au bout d'une intense réflexion que j'ai fini par admettre l'hypothèse selon laquelle, l'épithète « évolution » ne pouvait désigner que cet élément nouveau de la série. Je confirme, l'évolution moi je m'en passe très bien. Dans le jeu on alternera les séquences de FPS standard avec ces moments de vol. C'est certainement ce qu'il y a de plus gonflant dans le titre. Premièrement, le biduledactyle est à la limite de l'incontrôlable, il vire soit trop soit trop peu, et surtout, si vous montez trop haut, il pique violemment vers le sol et splatch, il s'éclate sur les rochers. Énervant aussi, cette mollesse des commandes qui répondent incroyablement mal.
Le reste du gameplay ne vaut pas beaucoup mieux. Le jeu se veut super bourrin et on retrouvera une panoplie d'armes en conséquence. Problème, les munitions sont rarissimes et supra dures à récolter. Fait ô combien paradoxal qui ne fait qu'accroître la difficulté hyper mal dosée du jeu et qui risque d'en écoeurer plus d'un. D'un côté on vous suggère de jouer comme un boeuf, de l'autre d'économiser vos munitions. Évidemment le classique système de sauvegarde en fin de mission vous contraindra à réessayer ces dernières une vingtaine de fois avant d'en venir à bout. Vous n'imaginez pas le plaisir qu'on y prend, surtout avec le thermolactyle volant. D'où le troisième temps d'apprentissage, un ajout personnel : le lancer de pad sur la photo des développeurs.
Autre grosse « surprise », la réalisation. TE devait être un jeu super joli, il ne l'est en fait qu'à moitié. Techniquement parlant, il n'y a pas vraiment de très gros reproches à faire à cette version PS2 (pas d'aliasing, peu de clipping même si on passe à travers quelques éléments comme les buissons ou les arbres), mais esthétiquement c'est autre chose. Dans un premier temps, vous traverserez des niveaux extérieurs d'une pauvreté graphique sidérante. Les décors ont beau être de qualité, il manquent cruellement de vie et surtout, j'aimerais savoir qui a choisi les couleurs, on se croirait dans Pokemon Snap. Les tons sont pastels, fades. Arrivent ensuite (et il faut s'accrocher pour le voir) des niveaux intérieurs plus plaisants. Mais là encore, on est un peu déçu par le résultat. Le seul bon point est la taille des cartes, respectable. C'était bien la peine de créer un nouveau moteur 3D pour faire ça. Côté bande-son, idem, si les musiques se révèlent agréables les effets sont en revanche très limites. Les speechs sont assez moyens et d'une qualité sonore douteuse. Encore un truc. Entre l'IA lamentable du sleg qui vous cherche alors que vous êtes derrière lui, à découvert en train de le frapper et ceux scriptés, planqués derrière un rocher qui se mettent à tirer dans le vide dès qu'ils vous voient, faudrait voir à pas abuser tout de même.
En un mot, TE est clairement une des déceptions de cette rentrée 2002 avec son gameplay navrant (beaucoup trop bourrin et pauvre) sa difficulté décourageante, sa maniabilité mollassonne et sa réalisation aléatoire. Bande d'allumeurs !
- Graphismes13/20
Du pire au meilleur, le réalisation en dent de scie agace, d'autant plus que les passages bien foutus se méritent. Les premiers niveaux sans être techniquement mauvais (bonne distance d'affichage, pas d'aliasing) n'en restent pas moins trop pauvres et maladroitement colorés. La suite relève le niveau, un peu, disons 50/50
- Jouabilité8/20
Le gameplay est d'une pauvreté affligeante et les commandes répondent avec une mollesse distinguée, aussi bien en FPS qu'en « Panzer Dragoon-like » (cette dernière étant simplement insupportable). C'est navrant
- Durée de vie15/20
Avec ses 15 missions et sa très (trop) grande difficulté Turok Evolution usera votre pad plus vite que vous n'userez le jeu. Mais le syndrome « essaie encore » risque d'en dégoutter plus d'un. Si vous tenez vraiment à y jouer (drôle d'idée) va falloir vous montrer coriace
- Bande son13/20
Les musiques sont de qualité dans l'ensemble mais je n'en dirai pas autant des effets pas particulièrement crédibles. Les voix en VF sont franchement moyennes et d'une qualité technique discutable.
- Scénario8/20
Je sais bien que les FPS ne sont pas réputés pour la qualité de leur scénar (encore que) mais là, sérieusement, c'est une plaisanterie ? On enchaîne les missions sans comprendre ce qu'on fait. Pas la moindre trace de cohérence scénaristique. A pleurer.
Je le répète Turok Evolution est une déception cruelle. On est vraiment à la limite de se demander si on ne serait pas en train de se payer notre tête. Pas qu'à la limite d'ailleurs. Le titre se révèle presque injouable tellement le gameplay est repoussant et primaire, la maniabilité fastidieuse (surtout en vol) et la réalisation presque pathétique durant la moitié du jeu. TE parvient tout de même à se montrer moins bon que ses ancêtres sur N64, bravo, belle performance.