Ils disent que je suis un prisonnier de guerre, et que je ne sortirai jamais d'ici vivant. Un soldat condamné aux travaux forcés et voué à l'inexistence jusqu'à ce que la mort le délivre. Moi, je sais que derrière ces murs décrépis, au-delà des fils barbelés qui labourent mes chairs à chaque tentative d'évasion, il y a un monde que je m'apprête à rejoindre, même si personne ne veut croire qu'il reste encore une chance. Récidiviste infatigable, je continuerai à tenter l'impensable, quels que soient les risques et au mépris des représailles. Car je sais que ma place n'est pas ici, et que cette guerre, nous la gagnerons.
Prisoner of War constitue sans doute le premier jeu situé dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale à ne pas se laisser aller à la facilité du shoot pur et dur et de l'action non-stop. Il part de l'idée toute simple qu'un homme vulnérable et désarmé peut parvenir à changer le cours de son destin et à surprendre la vigilance de toutes les légions de l'armée nazie, uniquement par la ruse et avec l'aide de ses compagnons d'infortune. Le soft se propose donc de vous faire vivre la guerre de l'intérieur, mais d'un point de vue pour le moins inhabituel : celui d'un soldat détenu dans un camp de prisonniers derrière les lignes allemandes. La mission suicide qui est la vôtre se résume en un mot : évasion. Que vous la meniez à bien ou non, l'issue sera implacable : c'est la survie ou la mort.
Dans la pratique, on se retrouve donc face à un jeu d'aventure tactique basé principalement sur l'infiltration. Un projet ambitieux qui se découpe en une succession de missions que vous ne pourrez mener à bien qu'en accomplissant des objectifs bien précis. La moindre négligence de votre part, le moindre événement imprévu, la moindre erreur de jugement, et c'est l'échec. Les soldats nazis sont peut-être des brutes, mais ce ne sont pas des idiots. Discrétion, persévérance et ruse seront donc les trois mots d'ordre qu'il vous faudra garder à l'esprit si vous voulez avoir une chance de réussir.
Composante essentielle de Prisoner of War, le temps rythme l'intégralité du déroulement du jeu en jouant tantôt pour ou contre vous. Chaque journée se divise en huit moments clés auxquels vous pourrez parfois accéder directement grâce à un système d'accélération du temps. Quelle que soit la tâche que vous êtes en train d'accomplir, vous devrez impérativement respecter les obligations des prisonniers en suivant une routine précise : l'appel du matin, le petit-déjeuner, les exercices du matin, le déjeuner, les quartiers libres, le dîner, l'appel du soir et l'extinction des feux. En fonction du moment de la journée, vous aurez donc plus ou moins de facilité et d'opportunités à accomplir vos différents objectifs. Heureusement, les autres prisonniers seront là pour vous renseigner sur tout ce qui concerne votre environnement, et vous offrir, en échange de quelques commodités, des moyens de mener vos plans à exécution.
Fort logiquement, Prisoner of War s'inspire des grands classiques du jeu d'infiltration, affichant pas mal de similitudes avec des jeux comme Chicken Run ou Metal Gear Solid 2. Les prises de risques perpétuelles pour mettre la main sur des objets clés évoquent inévitablement les plans démentiels des poulets de Chicken Run, tandis que le radar avec les cônes de vision des ennemis, ainsi que la possibilité de ramper sous les bâtiments et la vigilance exaspérante des gardes en faction ne sont pas sans rappeler le hit de Konami. On pourra d'ailleurs faire diversion avec des jets de pierre ou en frappant les murs, et se cacher dans des buissons lorsqu'on est repéré. Force est de reconnaître que malgré quelques problèmes d'angles de caméra parfois peu judicieux, la recette fonctionne plutôt bien.
Doté d'une réalisation soignée et d'un scénario intéressant, Prisoner of War sur PS2 n'a guère comme seuls défauts que sa difficulté implacable et quelques soucis de gameplay qui corsent un peu inutilement la progression. La map ne permet pas de savoir à quoi correspondent tel ou tel bâtiment, et les NPC ne sont pas particulièrement prodigues de renseignements. Il faut savoir rester zen pour ne pas craquer après une dizaine d'échecs sur la même mission, mais on en savoure d'autant plus ses victoires. Un titre original et prenant, qui mérite amplement sa place dans votre ludothèque.
- Graphismes15/20
Une réalisation soignée malgré la présence de quelques ralentissements et des angles de caméra parfois défectueux. Les environnements restent quand même assez répétitifs.
- Jouabilité16/20
L'interface aurait gagné à être un peu plus ergonomique, mais le jeu demeure très jouable, et le gameplay est aussi original que prenant.
- Durée de vie14/20
Même si le jeu s'avère prenant, le concept reste assez répétitif et les moins patients risquent d'abandonner rapidement.
- Bande son16/20
L'atmosphère sonore se fait plus ou moins tendue en fonction de la situation. Les voix sont en anglais mais le jeu propose l'intégralité des textes en français.
- Scénario16/20
Prisoner of War innove en offrant un point de vue inédit sur la Seconde Guerre Mondiale. Un jeu très immersif avec des situations renouvelées et très souvent stressantes.
Déconseillé aux brutes du paddle, Prisoner of War renouvelle le jeu d'aventure/tactique en y apportant un gameplay parfaitement au point et une ambiance générale très immersive. Le résultat aurait certes pu être plus impressionnant techniquement, mais on reste littéralement captivé par l'atmosphère stressante du jeu et la difficulté des défis proposés.