« You know what ? I'm happy ». Vous aurez bien sûr reconnu la réplique cultissime du perso le plus classe de toute l'histoire du cartoon. Si voir arriver Droopy dans un jeu de tennis sur GBA a de quoi suprendre, il ne faut pas pour autant crier à l'entourloupe ou à la licence facile. Surtout quand le résultat est aussi réussi que pour ce Droopy's Tennis Open.
La Gameboy Advance n'est pas la dernière à profiter du véritable boom qui sévit actuellement en matière de jeux de tennis sur consoles. En marge des productions dites réalistes, comme Roland Garros ou Davis Cup, le titre de LSP se veut clairement axé sur le fun et le plaisir de jeu. Seul ou avec un ami, vous pourrez en effet incarner 6 des persos les plus populaires jamais imaginés par Tex Avery, et les faire s'affronter dans des matches délirants où les règles ne sont parfois qu'accessoires. Et que ceux qui s'apprêteraient à hurler au scandale en voyant le chien au regard bovin se livrer à une dépense physique aussi irraisonnée se rassurent : l'esprit du cartoon et la personnalité de Droopy ne sont en rien dénaturés. La torpeur apparente qui le caractérise n'est rien d'autre qu'une façade qui dissimule un caractère rusé et étonnemment vif. Ce n'est pas pour rien que « l'imperturbable Droopy, dont le flegme légendaire laisse régulièrement place à de fulgurantes et imprévisibles réactions » sort toujours vainqueur de ses cartoons.
Bref, tout ça pour dire qu'après Mario, Snoopy et tous les autres, on ne s'étonnera pas de voir la clique à Tex Avery occuper ses vacances à taper dans la petite balle jaune. Et pas seulement, d'ailleurs, puisque nos joueurs ne reculeront devant aucun coup bas pour gagner à n'importe quel prix, quitte à envoyer une bombe dans la tête de son adversaire. Les développeurs ont ainsi eu la bonne idée d'accentuer le délire en proposant un mode de jeu Cartoon qui vient s'ajouter au mode Classique où les règles du tennis sont respectées. Ce sont des parties délirantes qui en découlent alors, des matches propices à l'utilisation d'items bien vicieux et ponctués de coups spéciaux complètement improbables.
Droopy n'est pas la seule vedette de ce titre qui compte également dans ses rangs l'increvable loup McWolf, l'insaisissable pin-up Bubbles Vavoom, Butch le molosse, Dripple le fils de Droopy, et Screwy Squirrel l'écureuil farfelu. Tous ont leur coup spécial spécifique, aussi dimentiel qu'irratrappable. Dans le même ordre d'idées, il faudra jouer en tenant compte des nombreux items qui surgiront aléatoirement sur le court pour pimenter la partie, doublant la taille du filet ou transformant la balle en bombe pour un feu d'artifice inévitable à la fin du compte à rebours. Autant d'imprévus qui rendent les parties amusantes, même si les gags ne sont peut-être pas aussi nombreux qu'on aurait pu le souhaiter. Il n'y a pas de pièges propres aux décors, et il aurait fallu beaucoup plus de power-up pour renouveler vraiment les matches.
Finalement, si Droopy's Tennis Open s'en sort avec tous les honneurs, c'est autant pour son gameplay que pour sa dimension cartoon. Le jeu se veut à la fois simple et intuitif, absolument pas réaliste, mais sans dénaturer pour autant l'esprit du tennis. Les coups sont limités mais permettent tout de même d'enchaîner facilement les volées, les lobs, les smashes et les amortis. L'intérêt des échanges réside surtout dans la nécessité d'anticiper une balle suffisamment haute en retour pour permettre de se créer une occasion de smash. Les attaques au filet (smash ou volées) sont donc essentiellement la clé de la victoire : d'une part parce que c'est quasiment le seul moyen de déborder l'adversaire (les balles reviennnent tout le temps) et d'autre part parce que ça vous donne tout de suite une portion bonus en mode cartoon. Des portions indispensables pour avoir droit à un coup spécial imparable. A l'inverse, une faute traduira la médiocrité de votre performance en vous faisant perdre la dernière portion gagnée...
Les bonus cachés qui se débloquent au compte-goutte garantissent une durée de vie suffisamment raisonnable pour qui souhaite obtenir tous les persos cachés et l'ensemble des courts disponibles. D'autant qu'à chaque fois que vous recommencerez le tournoi, il faudra repasser la totalité des exercices d'entraînement, puis enchaîner 5 matches de 6 jeux plus une finale en deux sets gagnants sans sauvegarder. La cartouche comporte un système de mots de passe qui sont, là encore, distribués au compte-gouttes. Autre motif de déception, il n'est pas possible d'avoir accès aux doubles lorsqu'on joue en solo, ce qui est tout de même assez dommage, même si le jeu assure la compatibilité jusqu'à 4 joueurs avec le câble link. Droopy's Tennis Open reste malgré tout un très bon titre, qui a le mérite d'offrir une approche plus drôle et plus conviviale que la majorité de ses concurrents.
- Graphismes16/20
Le design général offre un rendu cartoon réussi, tout comme les animations des personnages. Rarement un jeu de tennis n'aura été aussi détaillé et coloré, surtout sur la petite portable de Nintendo.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est étonnamment bien pensé, et permet de construire de vrais échanges tout en cherchant à faire des crasses à son adversaire. Dommage qu'il n'y ait pas davantage d'items et de pièges propres à chaque court.
- Durée de vie14/20
Difficile de s'arrêter de jouer avant d'avoir débloqué tous les persos cachés et les courts secrets. Le jeu profite d'un système de mots de passe et d'un mode multijoueur jusqu'à 4 en link. Dommage qu'on ne puisse pas faire de doubles en solo.
- Bande son13/20
La musique peut être désactivée durant les matches et les bruitages sont assez drôles (son de la cloche façon combat de boxe lors des changements de côté).
- Scénario/
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Une bonne surprise pour les possesseurs de GBA qui trouveront avec ce titre une alternative beaucoup plus fun aux traditionnels softs du genre à tendance réaliste. Globalement, on peut tout de même regretter qu'il n'y ait pas plus de gags délirants pour un titre qui se veut axé cartoon, mais le gameplay est suffisamment riche et intéressant pour assurer un plaisir de jeu constant.