Tremblez et frissonnez chers lecteurs ! Cryo et Intelligent Games viennent de lâcher les monstres des studios Universal sur nos PC (et je ne parle pas de Jean-Marie Messier, qu'on soit bien d'accord). Si ces bonnes vieilles créatures bien kitchs et ridicules ont fait la joie des séries B d'antan, elles se tapent aujourd'hui la honte dans ce titre bien kitch et ridicule lui aussi...
Une nouvelle fois, je me permets d'enfiler mes lunettes d'Alain Decaux pour vous rappeler que ce n'est pas la première apparition des monstres d'Universal sur nos écrans d'ordinateur. Je me rappelle ainsi avoir croisé leurs tronches effrayantes sur l'écran de mon Amiga 500. A l'époque, il s'agissait d'un jeu d'action fort sympatoche tout en 2D et dans lequel on pouvait incarner Frankenstein, la Momie, Dracula, la Créature des Marais ou encore la copine de Frankenstein. Aujourd'hui pour leur grand retour, le casting n'a pas tellement changé. Si ce n'est l'apparition de Quasimodo et de quelques autres, on retrouve en gros les mêmes personnages inquiétants. Ce qui a beaucoup changé par contre, c'est le style du jeu qui se rapproche maintenant davantage de la stratégie.
Tout part d'un scénario assez bancal, mais pourtant bien d'actualité. Les élections approchent à Monster Ville. Comme toujours, plusieurs candidats sont sur les starting- blocks et espèrent un jour s'asseoir dans le fauteuil du maire. Les participants ne sont autres que Frankenstein, Dracula, le Mutant de Metaluna et Quasimodo (tiens, ça me fait penser qu'il manque un borgne dans cette galerie de monstres...). Afin de remporter le plus de voix possible, chaque monstre doit convaincre un maximum d'habitants. Pour cela, chacun dispose de sa propre méthode qui va de l'hypnose au lavage de cerveau en passant par des démonstrations de force. Bien sûr, tout cela n'est pas vraiment fairplay, mais après tout, on s'en fiche un peu. Tous partent donc en « campagne électorale » et c'est là que vous intervenez.
Après avoir choisi votre candicat, vous aurez à décider de la mission que vous voudrez exécuter. Si toutes vous demandent de remporter les élections, certaines clauses pourront intervenir pour compliquer la tâche. Il vous sera par exemple exigé de contrôler le cimetière à la fin de la partie (c'est-à-dire qu'il faudra que le cimetière soit rallié à votre cause lors du passage aux urnes). Dans d'autres missions, il faudra avoir construit un certain type de bâtiment avant le premier tour, comme un générateur électrique ou une échoppe de barbier. Avouez que ce n'est pas très motivant, mais attendez, ce n'est pas fini, je ne vous ai pas encore causé de l'aspect hautement stratégique du jeu, que l'on pourrait qualifier de passionnant si on voulait faire de l'humour.
Pour convertir les villageois, vous aurez besoin d'énergie (électricité pour Frankie, ail pour Dracula, cervelle pour le Mutant, et carillon pour Quasimodo). D'un autre côté, plus vous aurez de personnes ralliées à votre programme électoral et plus vous pourrez gagner de l'énergie car une fois sous votre protection tous vos fidèles s'activeront pour remplir vos stocks. Cette matière première servant également à bâtir des édifices qui à leur tour accueilleront des villageois, vous aurez vite compris que le gameplay de Monster Ville est un énorme cercle vicieux sans queue ni tête. Le tout se joue à la souris. On trimballe son monstre de maisons en maisons en convertissant son petit monde et en prenant soin de revenir régulièrement sur ses pas afin de convertir des villageois qu'un autre candidat vous aurez piqué. Dans la plupart des niveaux, il est possible de s'allier avec d'autres monstres (la Momie, la Taupe...) mais attention car eux aussi pourront se retourner contre vous. Enfin, le dernier détail qui parachève ce tableau si pathétique, la possibilité de tendre des pièges à ses adversaires pour les ralentir (Quasimodo trainera ainsi la patte s'il se voit dans un miroir, Franki déteste le feu...). Pour être honnête, cette fonction n'apporte absolument rien au jeu, si ce n'est de la lourdeur. Chaque personnage perd un temps fou dès qu'il croise un élément qu'il n'aime pas. Résultat, les parties sont très molles...
L'emballage du titre est pile poil dans l'esprit du gameplay : pauvre et risible. N'y allons pas par quatre chemins, la 3D n'est pas belle et gâche énormément le plaisir que l'on aurait pu avoir à découvrir le jeu. Les personnages, moches et mal modélisés sont habillés par des couleurs ternes qui les rendent assez difficiles à distinguer sur les décors également très foncés. On ne peut que s'indigner face à la faible qualité du zoom qui ne permet pas de visualiser l'action dans son entier. On aurait largement préféré une caméra libre qui permette de voir toute la ville en un clic. L'aspect sonore est lui aussi de piètre qualité et les quelques musiques censées nous rappeler l'esprit des films dont sont issus tous ces monstres sont assez soporifiques. Bref, ce titre est une grosse déception qui ne passionnera pas les foules, pas même les amateurs de ces monstres de pacotille.
- Graphismes9/20
L'univers graphique de Monster Ville mélange des cinématiques pas spécialement jolies à une 3D tirée d'outre tombe. Les couleurs sombres et verdâtres prédominent pour donner un aspect particulièrement moche à l'ensemble.
- Jouabilité12/20
Même si le nombre d'action est très limité, il règne une grande confusion pendant le jeu. On ne sait pas toujours quoi faire et notre monstre ne réagit pas forcément bien à nos indications. Notez que le mode d'emploi est très mal fichu et vous oblige à consulter un supplément d'informations directement sur le net...
- Durée de vie10/20
On se lasse extrêmement vite de ce soft. Ca tombe bien car il y a finalement assez peu de missions différentes. Si vous en voulez encore, vous aurez la possibilité de paramétrer vos parties, mais pas de multijoueur à l'horizon...
- Bande son12/20
Vous serez sûrement destabilisés par les bruitages qui sortent de tous les côtés sans que l'on ne sache à quoi ils correspondent. Ca donne une impression de foire et de désordre assez désagréable. Les musiques donnent une ambiance étrange au titre mais endorment plus qu'autre chose.
- Scénario/
-
Il n'y a pas grand chose à rajouter sur Monster Ville. Malgré tout le côté affectif et nostalgique que certains peuvent éprouver envers ces monstres, le jeu est inintéressant et bien trop plat pour accrocher le joueur plus de cinq minutes.