Alors qu'on n'y croyait plus, Giants arrive enfin sur PS2. Avec lui, c'est tout un univers déjanté et bourré d'humour qui atterrit sur la console de Sony. Malheureusement, alors que l'on s'émerveillait devant la version PC, le charme semble s'être dissipé pour cette adaptation console...
Développé par les créateurs de MDK, Giants : Citizen Kabuto est un jeu tout à fait à part. Fort original dans son ambiance et dans son gameplay, ce titre nous fait vivre les péripéties de l'Ile. Mais qu'est ce que l'Ile, me demanderez-vous. Et bien c'est tout simplement le nom de la planète sur laquelle se déroule le jeu. Abritant plusieurs races différentes, l'Ile est le berceau des Smarties (des petits êtres semblables aux martiens de Mars Attacks), des Marines (un peuple aquatique exclusivement féminin) et du Kabuto, une énorme créature issue de l'imagination des Marines pour assurer leur défense et leur suprématie sur l'Ile. A tout ce joyeux monde, vient aussi s'ajouter un groupe de cinq Meccaryns, des beaufs interstellaires, obligés de s'arrêter sur l'Ile pour effectuer quelques réparations à leur vaisseau.
Maintenant que les présentations sont faites, je vais peut-être pouvoir vous parler du gameplay et vous dire en quoi celui-ci est si original. Sachez tout d'abord que Giants permet d'incarner à tour de rôle les Mecca, les Marines, et Kabuto. Il en découle une alternance de trois styles de jeu différents. Alors que vous commencez l'aventure avec Baz le Mecca, vous serez aidé par les Smarties pour retrouver vos compagnons et construire une base. Cette phase s'apparente à un jeu d'action à la troisième personne dans laquelle vous aurez le choix entre plusieurs armes futuristes. Vous aurez aussi à votre disposition un équipement assez complet qui va du jetpack à la fusée éclairante. Dans la deuxième partie du jeu, vous ferez connaissance avec Delphi, la propre fille de la reine des Marines. Cette charmante sirène se rebellera contre sa mère a qui elle reprochera des méthodes trop brutales envers les Smarties (véritables souffre-douleurs des Marines). Cette phase du jeu laisse un peu plus de place à la stratégie en exploitant là aussi les pauvres Smarties. On regrettera que cet aspect stratégique ne soit pas aussi poussé que dans la précédente version sur PC. Il n'est par exemple plus possible de choisir le type de construction souhaité... Enfin, le jeu se termine avec l'imposant Kabuto qui vit une véritable crise existentielle. En effet, la grosse bébête souffre d'être le seul Kabuto de l'univers. Personne à qui parler, personne avec qui s'amuser... Ca doit pas être évident tous les jours. Pour s'occuper, le géant n'a rien trouvé de mieux que de tout casser sur son passage et de manger les Smarties qu'il trouvera. Vous l'aurez compris, cette dernière partie du jeu sera légèrement plus axée bourrinage que les deux autres.
Le jeu se démarque aussi de la concurrence par une ambiance tout à fait unique qui fait la part belle à un humour loufoque et hilarant brillamment servi par une excellente bande son. Intégralement en français, les nombreuses cinématiques donnent lieu à plusieurs gags et autres situations comiques vraiment sympa. Le ton est génial, il motive réellement à avancer toujours plus loin afin de découvrir les prochaines vidéo toutes plus tordantes les unes que les autres. Il faut dire que Planet Moon n'y est pas allé de main morte. L'humour noir est souvent de rigueur et les répliques sont parfois assez crues avec un vocabulaire grossier...
Mais comme je le laissais entendre dans l'introduction, cette version n'est pas une totale réussite comme on l'espérait tous. Le détail le plus énervant selon moi, reste la maniabilité qui, suivant les niveaux et les protagonistes, peut passer du très bon au très mauvais. Maîtriser les vols en jetpacks est super balèze et demande une concentration digne d'un moine tibétain pour ne pas péter les plombs devant tant de manque de précision. Et notamment dans la seconde mission où il s'agira de secourir des Smarties suspendus au dessus d'un lac infesté de piranhas... Inversement, dans les phases normales (à pied), on est agréablement surpris pas la prise en main géniale qu'offre le pad.
La réalisation graphique est le deuxième point qui gâche le plaisir de jouer. Bien sûr, cette version ne peut soutenir la comparaison avec sa grande sœur sortie sur PC (ça on le savait déjà), mais force est de constater que les capacités de la console ne sont pas exploitées à leurs justes valeurs, il n'y a qu'à voir les niveaux de glace pour s'en convaincre... Les paysages ne sont pas d'une complexité monstre et pourtant le jeu s'offre le non-luxe de ramer fortement dès qu'il y a trop d'ennemis à l'écran ! Un désagrément assez fréquent qui empêche vraiment de profiter pleinement du titre... Ce sont malheureusement tous ces mauvais points que l'on retient en éteignant la console. Des défauts d'autant plus impardonnables que cette version s'est faite attendre sur PS2. De longs mois de patience qui ne se voient finalement pas récompensés comme on l'aurait voulu. La déception n'en est que plus forte...
- Graphismes13/20
On attendait beaucoup mieux de cette adaptation sur PS2. Bien que les couleurs soient vives (même trop vives comme dans les niveaux de glace), les environnements manquent de vie. Assez vides, on s'ennuie souvent en les parcourant. La modélisation spéciale des personnages possède un certain style qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a le mérite d'être original. Enfin, l'animation ne tient pas la route et faiblit dès lors que trop d'ennemis sont visibles en même temps.
- Jouabilité13/20
Même si les commandes restent plus ou moins similaires entre les personnages, vous ne manierez pas un petit Mecca comme le grand Kabuto. Toutefois, chaque personnage reste très maniable du moment qu'il marche ou qu'il court. A l'inverse, l'utilisation de jetpack est un modèle d'imprécision. Attention à la crise de nerfs !
- Durée de vie15/20
Giants offre plus d'une quarantaine de missions. Certaines sont très courtes, d'autres beaucoup plus longues. Vous aurez tout de même de quoi faire avant d'en avoir terminé avec lui.
- Bande son15/20
On retrouve l'excellente bande son de la version PC avec ses voix françaises délirantes et ses musiques d'ambiance mystérieuses. Les bruitages sont également très réussis, notamment les cris des créatures de l'Ile.
- Scénario15/20
L'humour tient une place prépondérante dans la trame de Kabuto. Sans lui, on se lasserait sûrement très vite du jeu. Les dialogues sont à mourir de rire et participent à donner une ambiance rafraîchissante et accrocheuse.
Malgré son lot de qualités et son excellente ambiance générale, on ne peut s'empêcher de voir les nombreux défauts que renferme ce titre. L'animation paresseuse, les graphismes parfois bâclés, la jouabilité inégale... Autant de points qui nous font encore préférer la version PC. Dommage pour les joueurs PS2 qui ont attendu longtemps cette version qui s'annonçait plus aboutie...