Alors que les versions PC et PS2 d'Evil Twin sont déjà sorties depuis maintenant plusieurs mois, le titre arrive finalement sur une Dreamcast, certes en fin de carrière, mais qui peut se réjouir d'accueillir dans sa ludothèque un titre de plate-forme suffisamment original pour séduire les amateurs du genre, peu gâtés sur ce support.
Conçu dans les studios de développement français d'In Utero, Evil Twin s'annonçait comme un jeu de plate-forme particulièrement novateur, du fait surtout de son scénario adulte et de son atmosphère torturée qui tranchaient avec l'univers souvent gentillet des autres titres du genre. Finalement, Evil Twin ne sera parvenu qu'à toucher un public assez restreint, en partie à cause d'une maniabilité pas toujours très facile d'accès, ce qui n'aura pas manqué de rebuter les exigeants possesseurs de PC et Playstation 2. Les quelques courageux qui se seront toutefois laissés tenter par ce titre auront tout de même pu découvrir un jeu réellement prenant que l'on ne lâche vraiment qu'une fois terminé.
L'histoire d'Evil Twin est un pur cauchemar, un sorte de conte glauque et tragique qui pose d'emblée les bases d'un scénario sombre et malsain, où tout est prétexte à surprendre le joueur par des moyens souvent extrêmes et inattendus. Le héros justement est bien loin des stéréotypes du genre. Cyprien n'est rien de plus qu'un sale gosse qui ne pardonne pas la tournure tragique de son destin et qui le fait savoir en laissant retomber sa colère sur ses amis orphelins. Le drame se produit alors, et Cyprien se retrouve projeté dans son propre imaginaire torturé par les cauchemars les plus déments et peuplé de créatures monstrueuses. Un monde sur lequel plane l'ombre de ses camarades disparus auxquels sera confronté Cyprien dans son périple à travers le monde de Tsoull'i. Un personnage plutôt agressif mais néanmoins doté d'un certain charisme qui fait que l'on s'attache finalement assez vite à ses répliques acerbes et souvent malpolies de gamin sûr de lui. Mais le jeune Cyp n'est pas complètement vulnérable puisque, même si ses cauchemars ont pris une forme réelle dans ce monde parallèle, il en va de même de ses rêves. C'est donc un Cyprien doté de la capacité de se transformer en super-héros que l'on découvre en collectant certains items qui ont pour effet de faire monter la jauge de puissance qui permet la transformation en SuperCyp à n'importe quel moment du jeu.
On le voit, le personnage principal profite d'une vaste palette de mouvements, ce qui confère au gameplay une certaine richesse puisque l'on peut non seulement sauter, grimper, s'accrocher, et courir comme dans n'importe quel jeu de plate-forme, mais qu'il est possible également d'utiliser un lance-pierre et de tirer partie des compétences de SuperCyp pour utiliser des pouvoirs dévastateurs ou planer un court instant. Mais si le gameplay est intéressant, le jeu souffre toujours dans cette version Dreamcast de certains problèmes de maniabilité qui rendent la progression fastidieuse. Outre les angles de caméra qui se positionnent rarement dans la direction voulue, la vue subjective est trop lente et ne permet pas la visée inversée. De plus, les développeurs ont voulu corser la difficulté du jeu en limitant les sauvegardes. Ainsi, il faudra systématiquement trouver un appareil photo pour sauvegarder sa progression une seule fois et à un endroit précis.
Une fois le cap de la prise en main passé, et malgré quelques séquences de jeu réellement prise-de-tête, on se plonge avec délectation dans l'univers sombre d'Evil Twin, constitué par huit îles aussi hostiles qu'effrayantes. On découvre alors toute la richesse de cet univers qu'il faut explorer dans ses moindres recoins pour compléter diverses missions et acquérir des objets qui permettront ensuite de progresser plus avant. Le joueur va ainsi de rencontres insolites en confrontations répugnantes, et découvre tout un univers tout droit issu de l'esprit torturés de développeurs fous. A conseiller à ceux qui déplorent la dimension souvent naïve de la grande majorité des jeux de plates-formes.
- Graphismes16/20
Un univers particulier qui bénéficie d'un design surprenant pour ce type de jeux. L'ambiance n'est pas sans rappeler celle de La Cité des Enfants Perdus. Enfin un jeu de plate-formes qui n'est pas destiné aux plus jeunes joueurs.
- Jouabilité13/20
Cette version Dreamcast souffre également de certains problèmes de maniabilité, et notamment quelques défaillances au niveau de la gestion des caméras. Malgré quelques passages vraiment prise-de-tête, le gameplay demeure plutôt intéressant.
- Durée de vie14/20
Les huit mondes réservent un durée de vie honnête à ce titre. Le progression est parfois fastidieuse, mais le jeu reste très prenant.
- Bande son17/20
La bande-son qui sert parfaitement l'atmosphère générale de ce titre, avec un doublage français tout à fait convaincant.
- Scénario17/20
Contrairement à la plupart des softs de plates-formes, Evil Twin possède un scénario réellement surprenant et original qui prend place dans une atmosphère délicieusement glauque.
Cette version Dreamcast d'Evil Twin n'a rien à envier à son homologue sur Playstation 2. Le jeu agace parfois par sa progression fastidieuse et sa maniabilité délicate, mais le scénario est original et le gameplay reste très prenant. A essayer si vous avez apprécié le monde ténébreux d'American Mc Gee's Alice sur PC.