Et bien voilà, c'est officiel : Shrek fait désormais partie du fameux cercle des licences cinématographiques les plus mal adaptées en jeu vidéo. Après la mauvaise blague du jeu de combat sur Game Boy et alors même que sort sur GBA un Mario Kart-like tout aussi catastrophique, TDK décide de ressortir l'ogre de son marais pour cette fois l'inclure dans un titre beaucoup plus axé plate-forme. Malheureusement, la sauce ne prend toujours pas et le constat reste une nouvelle fois le même : Shrek n'est pas fait pour les jeux vidéo ! Ce titre sur Xbox commence pourtant on ne peut mieux. Avec une introduction parvenant à conserver l'esprit décalé du film on se dit que l'on va passer un bon moment en compagnie de Shrek et de toute sa clique, mais cela n'est que poudre aux yeux car dès que le jeu commence réellement, l'enthousiasme laisse bien vite sa place à la déception et à la frustration.

Le scénario puise son inspiration dans les livres de contes. L'histoire se déroule après le film et nous présente un Merlin l'enchanteur version démoniaque qui aurait enlevé la princesse Fiona pour l'enfermer au sommet d'une tour perdue au milieu d'une vallée embrumée. Bien sûr, à cause du brouillard, Shrek ne peut délivrer sa belle, car vous comprenez, c'est pas facile de se repérer dans le brouillard... Il existe cependant un moyen d'ôter toute la brume pour localiser la tour : réaliser un certain nombre de bonnes actions à travers le pays. Voilà donc notre bon ami traversant la contrée afin de venir en aide à son prochain. Là, il devra rassembler les moutons dans leur enclos, ici il devra rapporter des œufs dans un nid. Ici encore, il faudra faire taire les sirènes d'une usine en leur cognant dessus... Bref rien de très palpitant mais surtout rien de bien original. Pour résumer le jeu, on pourrait même dire qu'il suffit d'aller récolter 5 ou 6 objets par mission ou d'aller botter quelques paires de fesses dans chaque zone.

Ce vide ludique est pourtant servi par une réalisation graphique d'un niveau plus que correct. L'univers de Shrek est plutôt haut en couleurs. Tous les environnements faisant référence à des comptines pour enfants, Shrek y croisera plusieurs personnages comme Humpty Dumpty (le crâne d'œuf sur un mur), le Dragon Rouge ou la Sorcière Ice Cream. On remarque une bien belle gestion des sources lumineuses et à l'approche d'une bougie ou d'une torche, notre ogre prendra différentes teintes. Le jeu d'ombres sera également modifié suivant la position du héros. Au niveau des textures aussi le spectacle est de bonne qualité. Que ce soit le cuir de la veste de Shrek, l'herbe des prés ou la pierre des forteresses, les graphistes ont fait du bon boulot que je me dois de signaler.

Dommage que ce délice visuel ne s'accompagne pas d'une animation tout aussi soignée. L'un des défauts majeurs du titre est en effet son animation vraiment ratée. Le frame rate suffocant est à mille lieux de l'animation sublime du long métrage dont s'inspire le jeu. Sur Xbox, Shrek se meut certes rapidement mais sa gestuelle fait plus penser à Passe-Partout de Fort Boyard qu'à l'ogre imposant qu'est supposé être notre héros. Le manier est aussi extrêmement délicat en raison de l'imprécision de ses sauts et de la caméra souvent défaillante. L'ogre n'est de plus capable que de bien peu de choses face aux personnages des autres jeux du genre. Lui ne peut que sauter, frapper avec les pieds et les poings, porter des objets et user de ses flatulences comme d'armes toxiques. En somme, c'est pas grand chose... Ces possibilités limitées accentuent davantage la fadeur du titre et le gameplay avoue donc très rapidement ses limites.

Inutile de s'attarder sur l'ambiance sonore qui n'en vaut pas la peine tant elle manque de saveur. Juste une note pour signaler que quelques-unes des voix françaises du film se retrouvent dans le jeu. Et voilà vous savez tout sur ce titre on ne peut plus moyen qui ne parvient pas accrocher malgré toute la sympathie que l'on peut éprouver à l'égard de l'ogre vert.