Non, vous ne rêvez pas ! Mr Moskeeto est bien la première simulation de moustique de toute l'histoire du jeu vidéo. Et si cette perle d'originalité a pu réaliser l'exploit de parvenir jusque chez nous c'est bien grâce à Eidos qui a pris l'initiative courageuse d'éditer les meilleurs jeux typiquement japonais sous le label Fresh Games. Voilà un titre comme on en voit peu. Pas forcément révolutionnaire ni réellement parfait, mais définitivement inoubliable !
C'est l'été chez les Yamada. Honorable famille japonaise, soucieuse des traditions et attachée à la tranquillité du foyer, la famille Yamada va pourtant voir en l'espace de quelques jours son humeur se détériorer jusqu'à la démence, par l'apparition... d'un simple moustique. Et ce trouble-fête, c'est vous ! Qui n'a pas connu ces moments de stress démesurés au son aigu de l'exécrable insecte dans son oreille au beau milieu de la nuit ? Hé bien les japonais aussi sont victimes de ce fléau, et vous allez voir qu'il suffit finalement de bien peu de choses pour que ces puristes de l'arrangement floral et des arts martiaux perdent d'un seul coup le zen qui les caractérise pour littéralement péter les plombs devant le bourdonnement insupportable de notre ami le moustique.
Imaginer un tel jeu est sans aucun doute une idée particulièrement originale, mais le résultat est-il suffisamment intéressant pour tenter l'expérience sans risquer de sombrer soi-même dans l'hystérie ? La réponse n'est pas évidente, et si la plupart des joueurs crieront au génie en piquant à tout va les pauvres cobayes virtuels, les autres risquent de rester perplexes devant leur écran. Pour illustrer le concept de Mr Moskeeto, prenons un exemple simple. La famille Yamada vient de se réunir pour élaborer un plan visant à éradiquer l'insupportable moustique qui leur pourrit la vie. Kaneyo, la mère, s'enferme alors dans la cuisine et répand sur le sol et les murs divers insecticides avant de faire une démonstration de ses talents culinaires (acrobaties et découpage du sashimi façon samouraïs) pour se préparer à vous recevoir.
Vous, vous dirigez le minuscule insecte qui doit risquer sa vie pour récupérer un stock suffisant d'hémoglobine pour passer l'hiver, et accessoirement pousser à bout la famille Yamada. Plutôt complexes, les contrôles demandent un certain temps d'adaptation avant de maîtriser totalement le fameux moustique. Les déplacements s'effectuent au stick analogique, à la manière d'un jeu de combat aérien, et vous disposez de certaines interactions avec le décor (actionner un interrupteur ou le bouton d'une radio) pour amener le client à révéler les quelques points de succion à partir desquels vous pourrez les piquer.
Une fois l'endroit sensible localisé, vous devez ajuster votre viseur sur la cible pour vous propulser et atterrir directement à l'endroit désiré. C'est alors que la tâche va devenir particulièrement éprouvante pour vos nerfs. Après avoir percé la peau (bouton R3), vous devez faire des mouvements circulaires avec le stick analogique droit de manière à pomper le sang sans stresser le client. Il faut donc maintenir un rythme constant tout en gardant un oeil vigilant sur le « stressomètre » du client et sur la jauge de succion, quitte à décamper rapidement avant de se faire écraser d'un seul coup par la main de votre hôte.
Mais il existe également un autre cas de figure. Reprenons l'exemple de tout à l'heure. Imaginons que pour une raison ou une autre (vous volez trop près d'elle et elle entend votre sifflement) vous veniez de vous faire repérer par Kaneyo. Dans ce cas-là, le jeu passe en mode Battle et un combat s'engage. Le seul moyen de vous en sortir est d'éviter les attaques de Kaneyo tout en visant les points de relaxation sur son corps pour la tranquilliser. Autant dire qu'il vaut mieux éviter d'en arriver là, et que la prudence est de mise pour accomplir avec succès les 12 missions qui composent le jeu.
Certes, le jeu est court et la maniabilité complexe ne facilite pas toujours votre tâche déjà désespérée de vampire ménager, mais le fun qui se dégage de ce titre est réel et l'impression de participer à une expérience complètement irréaliste renforce sans cesse le plaisir de jeu. Les Yamada sont de vrais malades qui n'hésitent pas à utiliser leurs compétences en arts martiaux pour vous éradiquer, déclenchant même parfois des coups spéciaux dévastateurs. Devant une telle démence, les moins sensibles aux curiosités ludiques ne manqueront pas de reprocher justement à Mr Moskeeto son manque de réalisme : le son du moustique est absent, le jeu ne comporte pas de séquences furtives où il aurait fallu se planquer sur les murs ou au plafond pendant que les Yamada auraient passé toutes les pièces au microscope pour tenter de vous retrouver, et le design du moustique semble tout droit issu d'un cartoon. Autant de choix délibérés de la part des développeurs pour rendre le jeu plus fun, et pour peu que vous appréciez les challenges complètement déments, vous ne manquerez pas d'être séduits par Mr Moskeeto.
- Graphismes11/20
La réalisation est juste correcte mais suffisante pour rendre l'univers du jeu parfaitement crédible. Un réalisme qui contraste d'autant plus avec le comportement débile des Yamada. Humour assuré.
- Jouabilité13/20
Les contrôles sont assez complexes mais collent finalement très bien avec l'idée que l'on peut se faire du maniement d'un moustique.
- Durée de vie10/20
Le jeu s'échelonne sur 12 missions de difficulté progressive, et se termine en apothéose avec trois boss à mettre à mal et une ultime mission chronométrée. C'est un peu court, d'autant que les quelques bonus à débloquer ne sont pas très motivants.
- Bande son14/20
Une bande-son réellement efficace, notamment grâce aux dialogues débiles des Yamada, leurs stupides conseils de guerre et leurs coups spéciaux irréalistes. Dommage que les bruits du moustique ne soient pas présents.
- Scénario14/20
Le jeu possède une aura unique et l'histoire évolue de façon totalement démente pour se terminer de la pire des façons.
Un jeu atypique qui séduit plus par son originalité que par son intérêt. Le soft est relativement court et ne convaincra certainement pas tous les publics, mais ceux qui accrocheront n'oublieront pas de sitôt une telle expérience de jeu. L'initiative d'Eidos est à encourager pour espérer voir arriver davantage de curiosités ludiques sur notre continent.