Conflict Zone compte sans doute comme l'une des meilleures surprises PC de l'année dernière en termes de stratégie temps-réel militaire, et c'est donc avec un certain enthousiasme que l'on accueille aujourd'hui ce titre sur PS2. De l'enthousiasme teinté toutefois de scepticisme quand on sait que le STR n'a jamais été des plus à l'aise en dehors du support PC. Un soft intéressant mais qui n'aura sans doute pas le même impact que lors de la sortie du jeu original en mai dernier.
Et pourtant Conflict Zone était passé relativement inaperçu lors de sa sortie sur PC, et seuls les véritables puristes du STR avaient su déceler dans ce titre un potentiel largement à la hauteur d'un Ground Control ou d'un Command & Conquer. Mais si Conflict Zone ne manque pas d'arguments pour convaincre les amateurs du genre sur PC, ce portage Playstation 2 risque d'en décevoir plus d'un. Car si l'on peut pardonner au soft sa réalisation vieillissante largement en-dessous de la version PC, il est plus difficile de tolérer le manque d'ergonomie de ces moutures consoles, d'autant que le jeu perd une grande partie de son intérêt en ne proposant aucun option multijoueur.
Bref, il faut vraiment être extrêmement motivé pour se plonger avec délectation dans ce Conflict Zone version consoles de salon, et pouvoir profiter de toute la richesse de ce titre. Comme dans sa version PC, le jeu se démarque des autres softs du genre en exploitant une IA extrêmement développée que l'on doit aux mathématiciens du studio MASA. Autre caractéristique très importante de ce titre : le rôle des médias. L'ensemble du jeu s'appuie sur un contexte géopolitique moderne qui confère aux médias une importance capitale pour le déroulement de la partie. Les journalistes surveillent de près votre manière d'agir, et il devient primordial d'adopter une attitude irréprochable tout au long du conflit, par exemple en prêtant assistance aux civils en leur construisant des camps de réfugiés.
Mais le jeu comporte deux campagnes solo différentes qui vous permettront de jouer dans les deux camps ennemis : l'ICP, une organisation internationale pour le maintien de la paix dans le monde, et les terroriste du GHOST. Le gameplay change sensiblement selon le camp choisi puisque si vous ralliez les forces du GHOST, il faudra au contraire vous montrer impitoyable envers les populations civiles. Le reste demeure assez classique puisqu'il s'agit principalement de développer sa base en construisant des bâtiments ( générateurs, baraquements, usines de véhicules) qui vous permettront de produire des unités d'attaque ou de défense. La particularité du gameplay réside donc principalement dans le rôle joué par les médias, puisque ce sont ces derniers qui vous attribuent plus ou moins de crédits en fonction de votre cote de popularité.
Mais ce n'est pas tout, car s'il est indispensable de surveiller sa cote de popularité afin d'obtenir les fonds nécessaires au développement de son escadron, une autre « ressource » importante intervient durant le jeu. Il s'agit des points de commandement, appelés les PC. Ces derniers s'avèrent particulièrement utiles dans la mesure où ils vous permettront de déléguer des tâches fastidieuse à vos commandants. Une idée plutôt originale et qui fonctionne de manière efficace.
Enfin, si le contenu de Conflict Zone reste excellent, le piètre portage de ces versions consoles gâche tout de même considérablement le plaisir de jeu. Si dans les deux versions on déplore une réalisation beaucoup trop approximative pour ce type de jeux ainsi que de fréquents ralentissements, là n'est pas le principal problème. On se retrouve en fait dans un cas similaire à Age of Kings sur PS2, à savoir que le jeu perd énormément de son ergonomie à la manette. On se perd facilement sous l'avalanche de combinaisons de touches, et s'il est aisé d'effectuer des zooms et rotations à loisir, la maniabilité est plus délicate au niveau de la sélection des unités. L'interface très particulière fait que l'on ne bouge pas le curseur sur une zone restreinte comme dans Age of Kings sur PS2, mais l'écran tout entier. La difficulté vient donc du fait qu'il faut se débrouiller de manière à positionner le curseur sur l'unité désirée, ce qui entraîne une perte de précision très importante. D'autre part, le mode multijoueur qui faisait la richesse du jeu sur PC est totalement absent de cette mouture PS2. Voilà donc un titre qui perd beaucoup de sa prestance en passant sur le support console. Les plus motivés pourront toutefois se le procurer à condition de ne pas avoir connu la version PC.
- Graphismes10/20
Une réalisation qui a un peu vieilli, avec un rendu beaucoup moins détaillé et fin que sur PC, des textures baveuses et un manque certain de lisibilité.
- Jouabilité11/20
On se retrouve un peu avec le même problème que pour le portage d'un FPS sur consoles. Le STR est un genre définitivement mieux adapté au PC du fait principalement de la jouabilité à la souris et au clavier. Même s'il est possible de sauvegarder sa progression à tout moment du jeu, cette version PS2 ne propose aucune compatibilité souris.
- Durée de vie13/20
On retrouve les deux campagnes solo de la version PC (une trentaine de missions), mais pas de mode multijoueur.
- Bande son15/20
Une bande-son correcte avec des bruitages qui se font plus présents au fur et à mesure que l'on zoom sur l'action. Textes et voix sont en français.
- Scénario16/20
Le jeu repose sur un contexte géopolitique moderne et s'appuie sur un gameplay original pour démontrer l'importance des médias dans un tel conflit.
Les STR sont une denrée extrêmement rare sur consoles, mais est-ce une raison suffisante pour se procurer un titre qui, même si son contenu se révèle toujours aussi efficace, a perdu énormément en jouabilité en quittant le support PC. Cette mouture PS2 souffre en plus de cela d'une réalisation vieillissante et d'un intérêt ludique moins évident du fait de l'absence du mode multijoueur.