Europa Universalis 2 est exactement le genre de titre qui pose problème au rédacteur que je suis. Non pas que ce soit un calvaire à tester, mais je ne sais tout bonnement pas par où commencer tellement le gameplay du jeu est riche et complexe ! Je suppose qu'une petite intro fera l'affaire afin de planter le décor pour les nouveaux venus. Europa Universalis 2 est donc un jeu de stratégie se déroulant à l'échelle mondiale et couvrant près de 4 siècles de notre Histoire (de 1419 à 1820, pour être précis). Retraçant les grands événements qui marquèrent cette longue période (Jeanne d'Arc, la découverte de l'Amérique, les guerres napoléoniennes...), le jeu vous place à la tête d'une nation que vous devrez contrôler de A à Z.

C'est là où ça se complique. Avec Europa Universalis 2 (mais aussi avec le premier opus) Paradox a voulu produire un jeu de stratégie qui soit le plus complet possible, et ce au risque de laisser les joueurs novices sur le carreau. Car il faut bien avouer que cette série est réservée à une certaine élite de la stratégie, à ceux qui sont prêts à passer des jours et des jours à régler des problèmes de politique intérieure en vue de conclure une alliance avec le pays voisin pour ensuite lui déclarer la guerre sous prétexte qu'il n'aura pas respecté ses engagements économiques. Je schématise, bien sûr, mais c'est un peu ça Europa Universalis. Un système qui comporte de nombreux tiroirs où se mêlent étroitement économie, diplomatie, politique, colonialisme, guerre, religion... Un grand fourre-tout en quelque sorte qui prendra tout son sens pour qui se donnera la peine de s'attarder sur le titre.

L'interface a en effet de quoi dérouter. Avec ses 180 pays (dont plusieurs ne figuraient pas dans le premier volume comme la Chine ou le Zimbabwe) et ses innombrables provinces, les débuts dans le jeu sont pour le moins chaotiques. Heureusement, un long didacticiel nous tend la main pour nous expliquer de manière peut-être un peu trop scolaire mais néanmoins très efficace, la façon de gérer ses troupes avant de les envoyer au combat, mais aussi comment dépêcher un diplomate les bras chargés de cadeaux pour tenter d'amadouer un état voisin, ou encore l'art délicat de négocier un traité de paix en marchandant sur chaque parcelle de terrain. Une fois que vous aurez acquis toutes ces bases, vous pourrez alors déguster l'un des nombreux scénarios que comporte le jeu, aussi bien en solo qu'à plusieurs, cela va de soi. Le plat de résistance sera servi sous la forme d'une énorme campagne s'étalant de 1419 à 1820 ! Je vous rassure, il est possible de modifier la vitesse de déroulement du jeu, histoire de ne pas rester assis devant son moniteur pendant 400 ans... Notez aussi que le jeu donne la possibilité aux plus créatifs d'élaborer leurs propres scénarios pour rallonger davantage l'énorme durée de vie.

Cependant, tout n'est pas réussi dans ce second volet. D'abord, le titre a conservé sa réalisation du siècle dernier qui n'encourage pas vraiment les newbies à se plonger dans le jeu. Bien sûr, l'apparence n'est qu'un détail, seule la beauté intérieure compte me diront les puristes (à moins qu'il ne s'agisse de la fille d'hier soir...). Ils ont sûrement raison, car même si l'extérieur a déjà dépassé la date de péremption, le contenu offre une richesse de jeu rarement égalée. Même topo pour la bande son que l'on pourra heureusement couper dans les options. Un détail d'ergonomie reste toutefois plus gênant, il s'agit des informations qui envahissent l'écran sous forme de pop-up (jargon internetois, désigne des fenêtres). Toutes les dix secondes, une pop-up ! Et la plupart du temps pour pas grand chose ! On passe donc le plus clair de son temps à fermer toutes ces fenêtres, non pas pour éviter les courants d'air (elle est facile, je sais) mais simplement pour visualiser la carte ! Ce système pollue bien évidemment le jeu et devient vite énervant au point même de décourager les moins patients.

D'un autre côté, ce trop plein de pop-up démontre efficacement toute la complexité du titre. C'est bien simple, il faut avoir la tête partout ! Un grand dirigeant doit savoir à la fois être sur le coup en politique extérieure qu'en économie locale. Ploutocratie ou aristocratie ? Centralisation du pouvoir ou décentralisation ? Mercantilisme ou libre-échange ? Privilégier l'armée terrestre ou navale ? Former des hommes en qualité ou en quantité ? Autant de questions sur lesquelles vous devrez vous pencher pour faire de votre nation la plus grande puissance de l'époque. Europa Universalis 2 est donc un soft terriblement vaste qui ne pourra intéresser que les extrémistes de la stratégie et qui ne profitera qu'aux joueurs prêts à s'investir à fond dans celui-ci.