Plusieurs mois se sont écoulés depuis la sortie de Frank Herbert's Dune sur PC. C'est maintenant au tour des joueurs PS2 de partager les aventures de Paul Atréides et de découvrir un titre certes ambitieux mais qui accuse cependant de trop nombreux défauts...
Dune, l'œuvre monumentale de Frank Herbert que je ne saurai que trop vous conseiller de lire, fait encore une fois l'objet d'une adaptation vidéoludique. On a connu Dune le jeu de stratégie, Dune le jeu d'aventure, voici maintenant Dune le jeu d'action. Le titre débute avec la fuite dans le désert de Paul et de sa mère, Dame Jessica. On évite ainsi toute la phase de complot avant l'assassinat du Duc Leto pour se concentrer sur l'ascension de Paul au sein de la communauté Fremen. Les puristes seront d'ailleurs sûrement déçus de constater toutes les coupes drastiques qu'opère le scénario afin de donner plus de rythme à l'action. A ce propos, mieux vaut déjà connaître quelques notions de l'intrigue pour profiter pleinement du jeu, car ce ne sont pas les brefs interludes qui ponctuent les missions qui vous aideront à mesurer toute la complexité de l'univers de Dune. Encore une fois, lisez les livres !
Sans rien vous gâcher de l'histoire, sachez que Paul est appelé à devenir le messie des Fremens, celui qui les délivrera de l'emprise de la maison Harkonnen et qui rapportera la végétation sur la planète de sable. Avant d'en arriver là, Paul, devra leur prouver sa valeur en réalisant une succession de missions. Sabotages de moissonneuses, explorations de bases Harkonnen, libérations de prisonniers... telles seront les actions qu'il devra effectuer dans les nombreux niveaux du jeu. Le titre se manie à la troisième personne. Paul est capable d'exécuter de nombreux mouvements qui ne sont pas sans rappeler ceux de Solid Snake. Il peut longer les parois, jeter des coups d'œil furtifs dans les coins, faire des roulades, passer dans le dos de ses adversaires pour les étrangler... Sur le papier, ce Dune-là ressemble donc beaucoup à Metal Gear Solid, mais cela n'est qu'une fausse impression, car une fois le pad en main, on se rend compte qu'il serait presque indécent de comparer les deux titres. Les jeux ont beau avoir le même mot d'ordre, la furtivité, Dune ne peut en aucun cas rivaliser avec le soft de Konami.
Face à Snake, Paul passe pour une quenelle de bas étage. Le manier devient rapidement un calvaire tant le soft est mal optimisé. La caméra, toujours à la traîne, ne peut être repositionner que manuellement. Parfois même, il est impossible de la déplacer, ce qui oblige le joueur à naviguer à l'aveugle. C'est par exemple le cas de la première séquence, lorsque Paul est poursuivi par un ver des sables et qu'il doit éviter les zones d'épices sombres (zones qu'il ne peut pas voir à l'avance puisque la caméra pointe vers l'arrière !). Lors des phases d'action, on rencontre aussi beaucoup de problèmes pour viser. Pour valider ses cibles, Paul doit obligatoirement leur faire face et ne doit pas se trouver trop loin d'elles. Dommage de ne pas avoir inclus une visée manuelle bien plus pratique...
Frank Herbert's Dune intègre également quelques phases que nous qualifierons d'aventure, même si le mot est un peu fort. En fait, il s'agit de taper la discute avec les autres personnages histoire de faire progresser le scénario. Les dialogues sont passifs, vous ne pourrez donc pas diriger la conversation vers des sujets choisis à l'avance. Les voix françaises sont pas mal, mais certaines manquent de conviction ce qui rend les dialogues un peu plat. Lors de ces échanges, vous pourrez admirer l'incroyable laideur des personnages et voir comment ils sont animés, façon marionnettes de ventriloques. Paul quant à lui manque cruellement de charisme. Avec sa coupe de cheveu de Playmobil, il passe difficilement pour le sauveur de tout un peuple. Les décors sont déjà plus réussis, et sans atteindre une qualité exceptionnelle, les différentes ambiances (sietch, désert, palais...) sont bien transcrites. Dommage que l'animation connaisse souvent des chutes de tension sans raison apparente ce qui gâche un peu les tableaux.
Si cette nouvelle version de Dune a le mérite d'apporter une nouvelle approche par rapport aux autres productions inspirées de la saga (l'action et la furtivité), il faut bien avouer que ce n'est pas la meilleure. Un peu plus éloigné de l'esprit Dune que ses concurrents et bien moins « tripant » qu'un Metal Gear sur le plan du gameplay, il n'intéressera finalement pas grand monde. A réserver aux gros, gros fans de Dune, prêts à fermer les yeux sur ses défauts ergonomiques et sur son scénario trop simplifié.
- Graphismes12/20
D'un côté des décors assez réussis, quoique parfois un peu cubiques, d'un autre des personnages affreux et une animation qui connaît trop de faiblesses. Les quelques jolis effets de lumières font cependant pencher la balance du côté positif.
- Jouabilité10/20
La jouabilité est certainement l'élément le moins réussi de Dune. La caméra et surtout la maniabilité même du héros ne permettent pas d'apprécier le titre à sa juste valeur. On passe plus de temps à repositionner correctement la caméra ou à essayer de viser qu'à réellement jouer ! Frustrant...
- Durée de vie12/20
En y mettant beaucoup de volonté, on peut terminer le jeu assez rapidement. Il n'est pas dit que vous y reviendrez après cela.
- Bande son13/20
Le doublage des voix est techniquement de bonne qualité mais les acteurs ne semblent pas s'être tous investis à fond dans leur rôle. Leur manque de conviction se ressent parfois. Les musiques accompagnent bien les aventures de Paul.
- Scénario14/20
Une nouvelle approche de l'univers de Dune qui nous change de l'aspect stratégique dans lequel semblait s'être enfermé la saga.
Les mois qui séparent cette version PS2 de son homologue PC auraient du permettre à Widescreen Gammes d'améliorer son titre. Au lieu de cela, le studio s'est contenté d'effectuer un simple portage en gardant tous les défauts de la version originale. Après le passage d'un certain Metal Gear sur la même console, le résultat paraît donc bien fade. Dommage, le sujet ne manquait pourtant pas d'épices...