Attendu comme l'un des piliers du lancement Xbox en Europe, Oddworld : Munch's Odyssee symbolise une nouvelle étape dans la série imaginée par Lorne Lanning. Premier épisode à franchir le cap des consoles nouvelle génération, Munch's Odyssee constitue le véritable second chapitre de la série et permet de transposer pour la première fois l'univers déjanté d'Oddworld en 3D. Que les fans se rassurent, le jeu n'a rien perdu de sa superbe, et c'est avec délice que l'on se plonge dans cette aventure très particulière.
Que l'on soit familiarisé ou non avec l'univers d'Oddworld, dont le nom lui-même est déjà très évocateur, son atmosphère résolument déjantée et le caractère très particulier des créatures qui le peuplent confèrent au jeu une identité irrésistible. Les monstres, ce sont les Glukkons, les Vykkers et les Sligs, ceux qui maltraitent les créatures vulnérables pour les réduire en esclavage et s'en servir pour dominer le monde et accroître leur profit personnel en anéantissant au passage l'écosystème de la planète. Les bons, ce sont les Mudokons, les Fuzzles, et puis Munch, le dernier survivant de la race des Gabbits. L'histoire veut que son chemin croise un jour celui de Abe, le héros du peuple Mudokon, une créature tout aussi disgracieuse et répugnante, mais au coeur aussi généreux que celui de Munch et doté de nobles intentions. Ensembles ils vont tenter de sauver leurs congénères d'une extermination totale.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'univers d'Oddworld, on pourrait le présenter simplement en évoquant certaines de ses particularités qui en font un titre définitivement unique. Les héros : ce sont les créatures les plus improbables que l'esprit d'un character designer puisse imaginer. Le jeu : c'est un système de progression basé sur la réflexion, l'entraide et la communication entre les personnages, avec une bonne dose de plate-forme. L'ambiance : c'est une atmosphère à la fois sérieuse car elle soulève des problèmes réels, et en même temps complètement démente car remplie de plaisanteries grasses, de gags irrésistibles et de personnalités attachantes. Difficile de trouver un équivalent à ce titre hors-norme, injustement méconnu du plus grand nombre, et pourtant doté de qualités que lui envieront bien des titres à venir sur la console de Microsoft.
Cet épisode reprend donc le principe de base caractéristique des précédents opus, en proposant un héros vulnérable qui ne peut compter que sur ses pouvoirs et sur le soutien de ses congénères (qu'il lui faudra libérer) pour parvenir à son but. La nouveauté de ce nouvel opus, et ce qui fait aussi la richesse du gameplay, c'est l'introduction d'un nouveau personnage nommé Munch, qui possède des aptitudes complémentaires à celles de Abe, et avec lequel il faudra donc progresser en alternance de manière à résoudre les nombreux casse-têtes qui composent le jeu. Au terme de deux niveaux qui font office de didacticiel et permettent d'apprendre les maniements de base de nos deux héros, on se retrouve donc avec deux personnages à faire évoluer en parallèle pour avancer dans le jeu.
Ainsi, chacun possède des caractéristiques différentes et complémentaires dont vous devrez vous servir pour libérer d'une part les Mudokons avec Abe, et d'autre part les Fuzzles avec Munch. Il faudra sauver et regrouper un maximum de ces créatures pour venir à bout des nombreux adversaires et surmonter les pièges tendus sournoisement par les Glukkons pour mettre en danger la vie de votre petite tribu. Pour s'en sortir, Abe possède la capacité de soulever des individus pour les lancer, de prononcer des incantations et surtout de dialoguer avec ses congénères pour leur dire d'attaquer, d'attendre ou de suivre gentiment. La VF se révèle d'ailleurs aussi convaincante que son homologue US et laisse entendre des voix et des répliques réellement drôles, du genre : « Oh Hé ! Les lopettes ! », « j'sais pas faire, Abe », avec les voix et le ton qui s'imposent. Le tout agrémenté de cinématiques plus tordantes les unes que les autres.
Bien sûr, Munch pourra aussi dialoguer avec les Fuzzles, des petites boules de poils pas aussi inoffensives qu'on pourrait le croire. Ses points forts : la natation, la course en fauteuil roulant, et le sonar intégré dans son cerveau. Chacun des deux héros peut également se servir des distributeurs de boissons pour ingurgiter des canettes spéciales qui permettent par exemple de « zapper » certains ennemis, d'aller plus vite ou de sauter plus haut. Le gameplay se révèle du coup très riche et pallie un peu l'aspect répétitif du jeu, d'autant que le challenge est à la hauteur. Pour son premier passage sur Xbox, Oddworld signe donc une très bonne performance et saura satisfaire n'importe quel amateur de jeu de plate-forme/réflexion. L'aventure n'est certes pas très longue mais elle comporte plusieurs fins et un système de progression qui donne envie de recommencer pour s'améliorer. Un très bon titre, qui plus est en exclusivité sur Xbox.
- Graphismes16/20
Une réalisation très soignée qui profite d'animations délirantes et d'un design général dément. Les effets sont également présents, mais le tout est parfois un peu vide et sombre.
- Jouabilité16/20
Un gameplay original qui repose en grande partie sur l'entraide, la communication et la complémentarité entre les personnages. La fonction Quick Save rend la progression beaucoup moins frustrante qu'elle aurait pu l'être.
- Durée de vie15/20
L'aventure s'échelonne sur une quinzaine d'heures, mais le jeu comporte plusieurs fins différentes en fonction de votre quarma (un critère qui varie selon le nombre de vies que vous parvenez à sauver).
- Bande son17/20
La VF est à la hauteur de la version originale, avec des dialogues vraiment drôles pendant le jeu et durant les cinématiques. L'entente entre les personnages est pour le moins pimentée, et le ton adopté entre eux est assez fun.
- Scénario17/20
Le jeu reprend les cinématiques des premiers opus, ce qui permettra aux nouveaux venus de tout savoir sur l'univers déjanté d'Oddworld. L'apparition du personnage de Munch ajoute beaucoup à l'atmosphère décalée de ce titre.
Si la série Oddworld n'a pas eu tout le succès qu'elle méritait sur PSX, gageons que l'intégration de la 3D et le fait que ce titre fasse partie des premiers jeux Xbox incitera davantage les joueurs à franchir le pas pour découvrir le concept d'Oddworld. Voici en tout cas un épisode de haute volée, à la fois très soigné, original et prenant.