Alors que la situation géo-politique du proche Orient fait encore et toujours parler d'elle dans tous les journaux, Arxel Tribe et Cryo nous invitent à une incursion dans la ville trois fois sainte du 16ème siècle, à une époque où les trois religions nous ont prouvé qu'elles pouvaient vivre en paix.
On commence à être habitué aux jeux d'aventure de Cryo. La formule semble se répéter inlassablement chez l'éditeur : on prend une ville, une époque, on sème quelques énigmes à 2 euros par-ci par-là et on mélange pour au final obtenir un titre très grand public à vocation plus éducative qu'autre chose. Avouons-le tout de suite, en tant que joueur, ces productions ne sont guère stimulantes : les énigmes sont trop faciles, la liberté d'action très restreinte, bref on s'ennuie ferme. Le secret pour apprécier tous ces titres, c'est de les aborder comme des livres d'Histoire interactifs. Apprendre tout en s'amusant, voilà le but que s'est fixé Cryo avec toute sa série (Versailles, Rome, Egypte...). D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que la plupart de ces jeux ont été réalisés en collaboration directe avec la Réunion des Musées Nationaux. Jérusalem profite lui aussi de cette coopération et propose toute une partie encyclopédique pour approfondir le sujet.
Jérusalem est la suite directe de Pompéi. On y retrouve son héros, Adrian Blake. Toujours à la recherche de sa fiancée, notre cartographe écossais devra également déjouer un complot menaçant l'équilibre précaire de la paix au sein des trois communautés religieuses. Il faudra pour cela qu'il mène son enquête dans la ville sainte en visitant les hauts lieux du christianisme, du judaïsme et de l'islam. Le Mur des Lamentations, le Saint Sépulcre, le Dôme du Rocher ou les Carrières de Salomon seront autant de passages obligés pour Adrian s'il veut démasquer le sinistre personnage qui se cache derrière tout cela.
La progression est assez linéaire même si par moment le jeu nous donne le choix entre plusieurs destinations. Cela se limite à visiter le Temple avant la Synagogue ou à parler à telle personne avant une autre. Le reste du temps, le titre nous prend par la main et on se trouve devant une tonne de dialogues plus ou moins obligatoires mais toujours très instructifs sur les usages et pratiques de chaque religion. Côté énigmes, le maître mot semble être « facilité ». En quantité très réduite, on aurait aimé qu'elles soient plus retorses pour à la fois satisfaire les joueurs les plus exigeants mais aussi assurer une meilleure longévité à l'aventure qui se termine donc très rapidement.
Jérusalem utilise le même principe que tous les autres jeux Cryo, à savoir un moteur graphique qui permet une vision à 360 degrés. Cependant le résultat ici ne peut en aucun cas rivaliser avec les dernières productions utilisant ce procédé (Myst 3, Atlantis 3). Les graphismes sont assez pauvres et ne rendent pas totalement justice à la ville sainte. Les intérieurs sont très sombres (normal, il n'y avait pas d'électricité à cette époque) et quelques sources lumineuses supplémentaires auraient été les bienvenues (bougies, fenêtres...). Ce choix artistique, s'il est historiquement conforme à la réalité, rend toutefois la navigation peu commode dans certains lieux, je pense notamment au Saint Sépulcre.
Pour ce qui est des personnages, on reconnaît aisément la patte Arxel Tribe. Sans être méchant, j'ai toujours trouvé un aspect « pantin articulé » à leur héros. Adrian et tous ceux qu'il croisera ont une animation très stéréotypée (démarche et gestuelle peu naturelles). Ils ne paraissent pas vivants mais bel et bien suspendus à des fils de marionnettes. A l'inverse, lors des dialogues, les visages des interlocuteurs restent parfaitement immobiles et seuls la bouche et les yeux bougent pour leur donner un soupçon de vie. Très décevant... Côté son, c'est un peu mieux. Les voix françaises sonnent justes malgré un accent arabe curieusement mis de côté pour certains personnages. Les musiques restent très discrètes et toujours en arrière-plan. Elles apportent tout de même une touche mystérieuse à l'aventure. Au final, Jérusalem s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Si vous avez apprécier Pompéi, il y a donc de grandes chances que vous accrochiez à ce titre. En outre, il constitue une excellente manière d'aborder et de comprendre les conflits qui se déroulent actuellement au proche Orient.
- Graphismes12/20
Le bon côtoie le moins bon pour ne pas dire le franchement mauvais. Le moteur 3D semble un tantinet vieillissant et affiche une Ville Sainte historiquement correcte mais graphiquement dépassée. Les personnages ressemblent à des marionnettes en raison de leurs animations trop rigides.
- Jouabilité13/20
La jouabilité est très classique. Le pointeur de la souris change de forme suivant les zones d'action à l'écran, l'inventaire apparaît avec un clic droit, on peut regarder dans tous les sens... Rien d'innovant mais ça reste efficace.
- Durée de vie13/20
Les quelques énigmes sont toutes assez simples à résoudre surtout si vous avez l'habitude des jeux d'aventure. La plupart s'appuient sur la culture religieuse et vous demanderont quelques connaissances en la matière. Vous trouverez de quoi vous documenter dans la petite encyclopédie du jeu.
- Bande son15/20
Les voix sont plutôt bien interprétées et les musiques vraiment chouettes à écouter. Dommage qu'elles soient un peu sous-mixées...
- Scénario14/20
L'intrigue mêle allègrement kidnapping, religion et complot. C'est assez réussi même si la plupart du temps on assiste en spectateur à cette histoire au lieu d'y participer comme dans les autres jeux du genre.
Malgré ses faiblesses techniques (surtout graphique), Jérusalem parvient à atteindre son but, c'est-à-dire nous distraire intelligemment. Les fanatiques d'aventure risquent de s'ennuyer alors que les passionnés d'Histoire y trouveront de quoi passer un bon moment.