Resident Evil Survivor, c'est un peu le vilain petit canard de l'excellente série de survival horror développée par Capcom. Misant sur un gameplay radicalement différent de celui des autres opus, RE Survivor se présente comme un jeu de shoot à priori classique, mais qui révèle bien vite ses lacunes en terme de gameplay. Après la performance particulièrement décevante de l'épisode PSX, on n'attendait finalement pas grand-chose de cet opus 128 bits.
Et autant dire que l'on n'a pas été déçu tant ce titre frôle les tréfonds de la médiocrité. Le jeu se perd entre deux styles de gameplay radicalement différents, et échoue à nous faire ressentir les frissons de l'angoisse. Dans le cas de RE Survivor 2, il s'agirait d'ailleurs plutôt des frissons de la honte. La honte d'oser afficher des graphismes aussi laids, la honte d'imposer au joueur un gameplay aussi laborieux, et la honte de prendre les fans pour des imbéciles en profitant du nom prestigieux de Resident Evil pour vendre un produit dégoulinant de médiocrité. Inutile de jouer sur les mots en laissant subsister un doute qui pourrait pousser les plus hésitants à se procurer ce titre : Resident Evil Survivor 2 n'a véritablement aucune valeur ludique. Et que ceux qui trouveraient ces propos trop sévères jugent eux-mêmes du contenu de ce titre. Comme l'indique le titre du jeu, ce soft reprend très vaguement le contexte de Code Veronica en permettant d'incarner au choix Claire Redfield ou Steve Burnside. On y retrouvera bien évidemment l'inévitable Nemesis et les clichés désormais bien connus du bestiaire monstrueux de la saga. A part ça, le reste n'est qu'un gouffre de défauts.
Les âmes sensibles peuvent d'ailleurs arrêter leur lecture ici car ce qui va suivre est une avalanche de calamités ludiques qui feraient mal à n'importe quel programmeur de jeux. La première chose qui saute aux yeux c'est bien sûr l'affligeante réalisation du jeu. Les textures sont à peine plus belles que sur PSX, les environnements sont archi-vides, les couleurs sont baveuses et l'aliasing est omniprésent. La bande-son impose un thème musical épique récurrent qui ne génère aucunement l'angoisse, et le doublage a carrément été oublié. Résultat, les personnages ouvrent la bouche sans que l'on n'entende jamais le son de leur voix. Mais le pire réside dans le gameplay horripilant de ce titre qui tente maladroitement de mélanger du pur shoot arcade avec un système de progression qui n'est véritablement pas au point. Dans la pratique, le joueur évolue à la manière d'un FPS dans un environnement en 3D, mais les contrôles sont aberrants dans leur manque total d'ergonomie. Au pad, le stick analogique ou la croix directionnelle servent à la fois à se déplacer et à tirer. Résultat, il est impossible de viser selon l'axe vertical, et c'est le jeu qui se charge de cibler automatiquement les ennemis. Les touches droite et gauche servent aux déplacements latéraux, et il faut donc passer par les boutons de la tranche pour pivoter. Le plus pénible étant l'extrême lenteur des déplacements et des rotations, qui donnent l'impression de contrôler un héros amputé des deux jambes.
Ça ne s'arrête malheureusement pas là puisque RE Survivor 2 réalise l'exploit d'être le jeu de tir le plus mou de toute l'histoire du jeu vidéo. Il n'est jamais nécessaire de recharger son arme et la cadence de tir est ridicule. Quoi de plus frustrant dans un jeu de ce type que de ne pas pouvoir tirer plus de deux balles sans qu'il faille patienter quelques secondes avant de pouvoir continuer à vider son chargeur. Le rythme du jeu s'en retrouve irrémédiablement brisé, d'autant que les loadings incessants qui surviennent à chaque fois que l'on franchit une porte ou que l'on monte un escalier achèvent de rendre l'immersion dans le jeu impossible. On passe presque plus de temps à attendre qu'à jouer ! Quant à la compatibilité avec le flingue PS2, mieux vaut oublier. Le maniement au G-Con 2 n'est pas plus jouable qu'au pad, même si on vous accorde au moins le droit de viser. Seul un poulpe pourrait être en mesure d'utiliser simultanément l'ensemble des boutons. La croix directionnelle sert à avancer et à strafer, les boutons latéraux à pivoter à droite ou à gauche, la gâchette à tirer, et il faut shooter hors de l'écran pour récupérer un item ou changer d'arme. Bien sûr, les déplacements sont toujours aussi lents.
Terminons par l'architecture des niveaux et leur manque total d'intérêt. Le joueur évolue inlassablement dans un complexe architecturé en une succession de salles et de couloirs peuplés de monstres et de zombies. Le but consiste systématiquement à suivre les jolies flèches fluos pour trouver une clé qui permet de poursuivre sa course jusqu'au boss, tout en anéantissant la menace que représentent les ennemis. L'ensemble de la mission est chronométrée, et il est parfois nécessaire d'éviter quelques pièges basiques. La progression n'est jamais flippante et il faudra se contenter de scènes archi-prévisibles en guise de moments forts : une poursuite avec le Nemesis de RE3, ou encore l'évacuation du complexe avant l'explosion. Autant dire que parmi tant de défauts, l'extrême faiblesse de la durée de vie n'est plus qu'un détail mineur. Pour être honnête, il faudrait vraiment n'avoir jamais joué à aucun shooter pour trouver un quelconque aspect positif à RE Survivor 2.
- Graphismes7/20
Une réalisation qui fait honte à la console et à la série mythique de Capcom.
- Jouabilité5/20
Le gameplay n'est pas du tout au point, ni au pad, ni au flingue PS2. Les loadings incessants et la lenteur des déplacements anéantissent complètement le rythme du jeu. La progression ne réserve aucun moment fort et suit toujours le même schéma.
- Durée de vie7/20
Deux modes de jeu : le mode Arcade qui permet d'enchaîner les missions avec Steve ou Claire (le scénario est identique), et le mode Dungeon qui propose une succession interminable de pièces toutes semblables à la recherche d'un boss. Pas de mode deux joueurs.
- Bande son8/20
Toujours la même musique épique qui ne génère ni stress ni angoisse, et un doublage honteusement absent.
- Scénario/
-
RE Survivor 2 réalise l'exploit de faire encore pire que ce qu'on en attendait. Le gameplay est entièrement à revoir et le rythme de l'action est anéanti par la lenteur des déplacements, l'absence de moments forts et les loadings incessants. Un titre qui fait honte à la série mythique de Capcom.