Même si le cœur y est, je ne vais pas vous refaire le coup de la pénurie de jeux d'aventure que les décideurs du jeu vidéo nous imposent. D'une part, vous commencez sûrement à saturer à force de lire toutes mes plaintes, d'autre part mes propos deviennent de moins en moins vrais. Et oui, les éditeurs ont commencé à réagir à l'image de Microïds qui nous présente aujourd'hui Schizm, un Myst-like des plus intéressants. Je ne vous cacherai pas qu'avant de lancer le jeu, j'étais plutôt sceptique face à ce jeu. Beaucoup d'éditeurs se sont déjà essayés au genre et beaucoup s'y sont cassés les dents. L'intro commence. On assiste à une émission télé où deux scientifiques, Sam et Hannah (un gars, une fille), racontent les exploits de leur dernière mission. Ils étaient chargé s'assurer le ravitaillement d'une base reculée située sur Argilus, une planète lointaine qui n'a pas donnée signe de vie depuis plusieurs mois. Mais à l'approche de la surface, les systèmes vitaux de leur vaisseau se sont déréglés et ont obligé les deux héros à s'éjecter. Séparés à l'atterrissage, Sam et Hannah se sont ainsi retrouvés sur une planète qu'ils ne connaissaient pas. Et bien que les lieux semblaient habités et qu'il devait y avoir une centaine de scientifiques y travaillant, ils ne croisèrent jamais personne...

Ecrit par un certain Terry Dowling, auteur à succès de science fiction, Schizm se veut être un jeu non violent basant son gameplay sur la résolution d'énigmes et sur l'immersion totale dans un monde dont vous ne connaissez absolument rien. Vous aurez à percer le secret d'Argilus en découvrant pourquoi et comment tout le monde a pu disparaître de la sorte. Pour cela, vous serez aidé par quelques messages vidéo enregistrés par les scientifiques eux-mêmes. Les énigmes reposent pratiquement toutes sur la logique et la réflexion, le hasard n'ayant pas sa place ici. Vos méninges seront menées à rude épreuve et même les habitués de Myst et compagnie risquent de batailler un moment face à certains mécanismes. Schizm peut en effet se targuer d'être l'un des jeux de réflexion les plus difficiles de ces dernières années. Et c'est tant mieux, ça lui assure ainsi une meilleure longévité.

La grande originalité du jeu est de proposer deux visions de l'histoire en même temps. Vous pouvez passer de Sam à Hannah quand ça vous chante et ainsi avancer dans le jeu avec le personnage qui vous plaît le plus. Chacun suit son propre parcours et se trouve confronté à des énigmes différentes. Lorsque vous serez bloqué avec l'un, vous pourrez alors passer à l'autre et éviter de saturer trop longtemps en tournant en rond. Côté réalisation, j'avoue avoir été agréablement surpris par le jeu. Les graphismes sont aussi splendides que ceux de Myst 3 avec des décors tout autant remplis de mystères et débordant de couleurs. L'incrustation d'acteurs réels dans des décors fictifs ne dénote absolument pas la beauté des paysages grâce à une qualité vidéo très appréciable. L'aventure est soutenue par une bande son de haute qualité qui fait la part belle aux nappes de synthé très énigmatiques et apaisantes.

Enfin, les voix sont toutes en français et sont dans l'ensemble très convaincantes. L'immersion dans l'univers est donc totale, même si la jouabilité pose quelques petits soucis d'ergonomie. C'est d'ailleurs sur ce point que j'émettrai une légère critique. A la différence de Myst 3 dans lequel la vision accompagnait les mouvements de souris, Schizm oblige le joueur à garder le bouton appuyé pour zieuter aux alentours. En plus, vous ne serez autorisé qu'à ne regarder sur les côtés sauf à de rares exceptions où vous pourrez lever ou baisser la tête. C'est assez frustrant au début, mais si on s'y fait au bout de quelques instants de jeu. Pour conclure, Schizm réalise un sans faute sur quasiment tous les tableaux. Mise à part sa jouabilité trop rigide, le titre est un véritable souffle nouveau dans la catégorie des jeux d'aventure. En proposant des énigmes à la fois intelligentes et originales, il risque fort de devenir le nouveau compagnon de vos nuits blanches pour pas mal de temps.