C'est dans un contexte un peu mal choisi que Jowood présente son nouveau soft de stratégie sur PC. Le titre annonce d'emblée la couleur : World War 3 Black Gold vise les conflits modernes à grande échelle. D'abord annoncée pour fin octobre, la sortie du jeu s'est logiquement vue repoussée suite aux événements tragiques du 11 septembre. Mais il n'aura finalement pas fallu attendre longtemps pour voir le soft arriver chez nous.
Avec un titre aussi provocateur, WWIII BG n'aura pas manqué d'attirer l'attention des joueurs, intrigués par le background « prometteur » de ce jeu. Mais face à la concurrence de plus en plus ambitieuse dans le milieu des STR, le soft de Jowood aura besoin de bien plus que ce genre d'atouts pour intéresser la cible potentielle des amateurs de stratégie sur PC. Ce qui tombe plutôt bien finalement, puisque WWIII peut également compter sur le talent reconnu de ses développeurs pour susciter l'intérêt des anciens joueurs de Earth 2150. C'est donc sur les principes de jeu déjà établis dans ce titre que WWIII base l'ensemble de son gameplay en se plaçant directement dans la veine d'un Ground Control, Earth 2150, ou encore The Moon Project.
L'histoire se passe dans un futur proche et alternatif, où le contexte économique mondial a pris une tournure si sombre que c'est la planète entière qui est touchée par la crise. La fédération arabe tente de mettre le monde à genoux en coupant les vivres en pétrole, et c'est alors la guerre de l'or noir qui fait rage. Une guerre tellement atroce et sanglante qu'elle marquerait l'humanité comme jamais auparavant. Acteurs majeurs de ce conflit, les trois grandes nations les mieux armées du moment : les Etats-Unis, la Russie et l'Irak. Deux campagnes solo de 5 missions en moyenne vous attendent aux côtés de chacun de ces trois camps, mais vous devrez nécessairement commencer par la campagne US pour débloquer les tutoriels et les campagnes russes et irakiennes.
Bien sûr, le déroulement stratégique des parties dépendra entièrement du camp pour lequel vous jouerez, chacun disposant de spécificités et d'unités propres. Principale puissance économique et militaire, les USA bénéficient d'avantages énormes en terme de production et d'armement. Les américains peuvent également compter sur leur organisation pour connaître à l'avance les enjeux réels des futurs conflits. Principal point fort de la Russie : une puissance militaire non négligeable, mais un manque d'argent constant et une organisation friable. En marge des grandes puissances, l'Irak n'en possède pas moins un fanatisme incomparable et une haine pure pour l'ennemi qui en font une force à ne pas sous-estimer, d'autant que les irakiens connaissent le terrain mieux que personne et savent localiser et exploiter rapidement les ressources de pétrole environnantes.
Car l'enjeu n'est autre que l'or noir, la seule ressource à impact mondial pour laquelle chaque camp va déployer toute sa puissance militaire. La mise en place d'une base pourra alors se faire en construisant un certain nombre de structures essentielles. Il faudra ainsi s'alimenter en énergie au moyen de générateurs, construire des puits pour le pompage du pétrole et la provision en argent (indispensable à l'achat de structures et de véhicules armés), mais aussi mettre en place des zones d'atterrissage et bâtir des dépôts de réserves pour les munitions. On découvre ainsi au fil du jeu toutes sortes de joyeusetés comme les défenses anti-missiles ou les centres d'espionnage ou de sabotage. Des unités plutôt sympathiques (en tout cas pour qui apprécie ce contexte militaire moderne), mais l'on regrettera quand-même qu'il n'y ait pas plus de spécificités propres à chaque camp. Une plus grande variété (et originalité) au niveau de l'armement et des différentes structures n'aurait pas été superflue.
Caractéristique intéressante : tout arrive par hélicoptère et nécessite donc un intervalle de temps minimum avant de voir arriver les éléments demandés. Alors pour assurer l'arrivée de vos structures vous devrez étudier soigneusement l'emplacement des unités ennemies afin de choisir dans quelle direction faire venir les hélicos. Mais la production se fait de manière beaucoup trop lente, ce qui ne manquera pas d'assommer rapidement le joueur. Bien sûr, des évolutions sont permises en développant certains secteurs technologiques, et les unités gagneront en expérience au fil des combats. WWIII peut compter également sur ses parties multijoueur et escarmouche pour relancer l'intérêt, mais à aucun moment ce titre ne parvient à créer la surprise et ne réussit à monopoliser l'attention du joueur.
D'autant que le jeu souffre de pas mal de petits défauts plus ou moins gênants, depuis sa réalisation pas très attrayante jusqu'au pathfinding pas vraiment au point. On a souvent l'impression de ne pas parvenir à faire vraiment ce que l'on veut de ses troupes, et il faut sans arrêt supporter la lourdeur de l'interface pas suffisamment ergonomique lorsqu'il s'agit d'intervenir rapidement. Au final, on ne peut s'empêcher de penser que Reality Pump s'est réservé pour le développement du futur Earth 2060, au détriment de ce titre qui ne parviendra en fin de compte qu'à convaincre un public relativement restreint.
- Graphismes13/20
Sans être franchement moches les graphismes font pâle figure avec leurs textures ternes dénuées de détails, rien à voir avec un Conflict Zone par exemple. Même au niveau de zoom maximum c'est loin d'être attrayant. On a affaire à une 3D assez sobre qui se paye tout de même le luxe de s'offrir des cycles jour/nuit et des changements météorologiques, et bien sûr toutes sortes d'effets visuels qui viennent saluer les incessantes explosions avec des environnements partiellement altérables.
- Jouabilité13/20
Un gameplay sans aucune originalité et une interface pas toujours très ergonomique. Quelques soucis au niveau du pathfinding et du comportement de certaines unités. Trois niveaux de difficulté disponibles pour chaque campagne.
- Durée de vie14/20
Deux campagnes de 5 missions pour chacun des trois camps, plus un mode multijoueur en Lan et sur internet, un mode escarmouche et un éditeur de cartes.
- Bande son12/20
Traduction lamentable du manuel, un défaut qui se retrouve hélas dans le jeu mais dans une moindre mesure. Les voix sont assez inégales avec des doublages qui font pitié, sans parler des textes parfois vulgaires et d'un goût plutôt douteux.
- Scénario13/20
Un scénario qui ne motivera que les inconditionnels des conflits modernes et qui manque cruellement d'originalité.
Un titre peu original et pas vraiment exempt de défauts, qui disparaîtra rapidement noyé dans la masse des nombreux STR sur PC. Les amateurs éviteront cet achat pour retourner jouer sur leur bon vieux Earth 2150.