Après bien des retards, on commencait à désespérer de voir un jour une version finale de Evil Twin. Et alors que l'on n'y croyait plus du tout, le CD magique est enfin arrivé. Le jeu tient-t-il toutes ses promesses ? Valait-il vraiment toute cette attente ? C'est ce que nous allons tenter de savoir, pas plus tard que tout de suite.
On l'aura attendu ce jeu. C'est le moins que l'on puisse dire ! In Utero, le studio de développement, aura pris la peine de soigner son titre jusque dans les moindres détails, n'hésitant pas à repousser la sortie du jeu de plusieurs mois. Tout se devait d'être parfait pour le jour J, tant au niveau de la réalisation que de la jouabilité. Et même si ce dernier point ne nous aura pas totalement convaincu (nous y reviendrons), le reste est magnifique. Effectivement, la réalisation de Evil Twin est sans aucun doute l'élément marquant du jeu et cela dès les premiers instants du titre. Non pas qu'elle soit particulièrement bluffante d'un point de vue technique (même si par moment c'est le cas), mais plutôt parce qu'elle dégage une atmosphère unique comme peu de jeux savent encore le faire. Une atmosphère à la fois étrange et magique, parfois dérangeante, et toujours très mystérieuse. On sent un réel travail de recherche derrière chaque lieu, chaque architecture et chaque personnage et on se plait à noter tout au long du jeu les nombreuses références, dont se sont inspirés In Utero, qu'elles soient littéraires, artistiques ou cinématographiques. La plus évidente d'entre elles reste bien entendu le génial Tim Burton et plus particulièrement son film d'animation L'Etrange Noël De Mr Jack dont on retrouve ici l'aspect sombre et inquiétant.
Le scénario du jeu a aussi bénéficié d'un soin tout particulier. Initialement prévu pour la télé en tant que série d'animation sur les peurs des enfants, le projet s'est peu à peu transformé en jeu vidéo pour finalement aboutir à Evil Twin. On y suit le parcours de Cyprien, un jeune orphelin d'à peine 10 ans, qui a grandi trop vite à cause de la mort de ses parents, le jour même de son anniversaire. Le jeu débute justement par l'anniversaire du garçon. Ses amis de l'orphelinat ont préparé une petite fête en son honneur ignorant tout de la tragédie qui s'est déroulée il y a quelques années. Mais Cyprien n'a pas la tête à ça. Chaque année, c'est la même chose, les souvenirs de ses parents remontent à la surface et comme tous les ans, il préfère s'enfermer seul dans sa chambre. Ce soir, Cyprien décide aussi de se débarrasser de tout ce qui le rattache encore à l'enfance dont ce maudit orphelinat. Et alors qu'il fait une croix sur tout ce qui l'entoure, le jeune garçon se retrouve transporté dans un autre monde, le monde de Tsoull'i (comprenez « Dessous le lit »). Rapidement, il fait la connaissance de Wilbur, un drôle d'éléphant sur une balançoire (tiens, tiens... ça me rappelle une comptine...) qui deviendra son guide à Tsoull'i et il apprendra qu'il a été amené ici pour délivrer le monde de l'emprise du Maître. Avant d'accéder à la maison du Maître, Cyprien devra parcourir les quelques 76 niveaux (!) du jeu, répartis sur les 8 îles que comporte Tsoull'i. Chaque île représente un univers à part entière. Par exemple, l'île de la D'mi n'est peuplé que de personnages coupés en deux. Bizarrement quatre îles portent le nom des amis de Cyprien (l'île de Vincent, l'île de Stéphane, l'île de Jocelyn et l'île de David), vous decouvrirez bien vite pourquoi.
Mis à part tout l'aspect scénaristique, on se retrouve face à un bête jeu de plate-forme 3D. Je veux dire par là, que les nouveautés au niveau du gameplay ne sont pas énormes. À la manière du personnage de Tonic Trouble, Cyprien a la capacité de décupler ses pouvoirs en devenant Super Cyprien, un super héros issu de son imagination. Sous cette forme, il est invulnérable et peut alors lancer des décharges électriques sur ses ennemis ou faire des super sauts. Mais pour se transformer, Cyprien doit au préalable remplir une jauge en ramassant des items qu'il trouve un peu partout. Bien évidemment, la jauge se vide pendant les transformations histoire de corser un peu le jeu.
Evil Twin est un bête jeu de plates-formes, disais-je, avec tout ce que ça comprend de qualités, mais aussi de défauts. Il hérite en effet d'une très mauvaise gestion de la caméra. Il est bien évidemment possible de la replacer soi-même mais cela est très pénible, surtout au clavier. Il en résulte de nombreuses chutes et erreurs d'appréciation des distances. Dommage... D'autant que, je le répète, la réalisation est magnifique. Les graphismes sont sublimes et la bande son est une pure merveille. Tout le jeu est parlé (en français, s'il vous plaît), les dialogues sont bien écrits (Cyprien parle comme un gamin de son âge) et sont souvent très drôles. Les musiques parviennent à instaurer un climat très spécial au jeu et accompagnent le joueur suivant les situations et l'évolution de Cyprien. Evil Twin est quand même un très bon jeu qui parvient à se démarquer grâce à l'ambiance unique qu'il dégage.
- Graphismes17/20
In Utero a su nous apporter un univers extrêmement riche et varié qui reste très cohérent dans son ensemble. Les textures utilisées sont magnifiques et la modélisation des personnages est bonne. L'animation saccade par moment mais globalement, ça tourne bien.
- Jouabilité11/20
La caméra est vraiment mal gérée. Il faut tout le temps la replacer soi-même pour obtenir une meilleure visibilité. Le point noir du jeu.
- Durée de vie14/20
Evil twin est victime de son univers si attirant. L'envie de progresser fait que l'on dévore trop rapidement les 76 niveaux. Mais l'aventure est tellement bien, que l'on ne rechigne pas à la recommencer.
- Bande son17/20
Les compositions musicales accompagnent parfaitement le jeu et sont en grande partie responsables de l'ambiance du jeu. Les voix sont aussi très réussies.
- Scénario17/20
Le gros point fort du jeu. In utero nous a pondu un vrai scénario qui évolue au fur et à mesure du jeu. Cyprien est un personnage complexe qui ne se révèle pas tout de suite.
Le jeu vidéo français se porte bien cette année. Après Darkworks (Alone In the Dark 4), c'est au tour de In Utero de nous le prouver. Evil Twin est un très bon jeu qui mérite vraiment toute votre attention (à condition toutefois de faire abstraction des soucis de maniabilité).