Le marché officiel de la Playstation 2 ne compte pas encore de référence en matière de RPG, et ce n'est pas faute d'avoir essayé (Summoner, Eternal Ring, Evergrace). Sony tente aujourd'hui sa chance avec Dark Cloud, un Action-RPG à la croisée de plusieurs chemins.
Un ancien livre raconte qu'il y a fort longtemps, le monde était séparé en deux continents sur lesquels vivaient deux peuples différents. Alors que la civilisation de l'Est est parvenue à développer son industrie très rapidement, celle de l'ouest est restée beaucoup plus proche de la nature. Le contraste est donc très fort entre les deux factions qui ne se côtoient d'ailleurs jamais. Un jour, à Nolan, une petite bourgade de l'ouest, alors que la fête de village bat son plein, un démon surgit de nul part et détruit tout sur son passage. Dans sa main, le démon porte le général Flagg. Le général Flagg est originaire de l'Est, c'est lui le responsable de ce désastre. En libérant le démon de son calice, il en est devenu le maître et compte bien l'utiliser pour ravager les villages de l'Ouest.
Sous les traits de Toan, un jeune garçon de Nolan, vous assistez impuissant au carnage. Une fois le souffle du démon passé, vous vous réveillez dans la plaine qui il y a cinq minutes encore accueillait votre village. Le gardien des esprits qui se tient devant vous, vous apprend que rien n'est perdu et grâce à l'Atlamillia qu'il vous remet, vous serez capable de rebâtir le village. En fait, pendant l'attaque, le gardien a réussi à protéger les habitants, leurs maisons et tout ce qui composait le village. Il a ensuite enfermé chacune de ces parties dans des sphères qui se trouvent maintenant éparpillées dans des donjons. Bien entendu, c'est à vous de remettre la main sur toutes ces sphères puis de replacer chaque élément du village à sa place.
Dark Cloud propose un gameplay riche et varié s'inspirant de plusieurs autres jeux. La référence la plus évidente reste malgré tout la série Zelda. D'une part, les titres sont très proches visuellement (tous deux présentent un univers de conte de fées) mais surtout Dark Cloud reprend le système de combat instauré dans Ocarina of Time sur N64. Les affrontements sont ainsi en temps réel avec la possibilité de locker l'adversaire et de lui tourner autour pour éviter ses frappes. L'armement mis à la disposition de Toan est exclusivement composé d'armes blanches (épées, couteaux, sabres...). Les lames seront plus ou moins fragiles et chaque coup assené fera perdre des points à la résistance de vos armes. Si une arme perd tous ses points, elle se cassera et sera perdue à jamais. Très énervant dans les premiers heures de jeu, les armes abîmées peuvent heureusement être consolidées grâce aux poudres réparatrices que vous trouverez de temps en temps et que vous achèterez plus tard. Au chapitre des armes, Dark Cloud intègre aussi un système d'évolution qui permet à chacune d'absorber les pouvoirs des gemmes que vous placerez dessus (feu, froid, foudre, vent, magie...). Tiens, tiens... ne serait-ce pas un clin d'œil aux matérias de FF VII ? Toujours est-il que ce système est suffisamment recherché pour que les passionnés de bidouillages à la recherche de l'arme ultime soient comblés. De plus, une fois qu'une arme aura atteint son niveau d'évolution maximal, vous pourrez la transformer en gemme pour la placer à son tour sur une autre arme et ainsi de suite...
Le jeu se divise en deux grandes phases bien distinctes : la recherche des sphères dans les donjons et la construction du village. Les donjons de Dark Cloud sont générés aléatoirement (cf Azure Dreams). C'est-à-dire qu'à chaque fois que vous entrez dans un donjon, sa structure aura changé. Impossible donc d'établir un plan. Les donjons sont composés d'une vingtaine d'étages qu'il faut parcourir un à un en récoltant toutes les sphères et en éliminant tous les ennemis qui tentent de vous arrêter. La deuxième phase et donc celle de la reconstruction du village. Baptisée Géorama par ses créateurs, cette partie du jeu fait bien évidemment penser à Actraiser (un RPG sur Super NES). Par un menu très simple d'accès, vous pourrez soit placer comme bon vous semble tous les habitants et éléments du village sur la carte des lieux, soit écouter les recommandations de chacun afin de rebâtir le village à l'identique de ce qu'il était avant la catastrophe. A chaque fois que vous parviendrez à reconstituer un ensemble d'éléments, par exemple, le marchand + son magasin + ses marchandises + son enseigne, vous gagnerez en récompense quelques objets. Dans le cas du marchand, vous pourrez aussi profiter de ses services en vous réapprovisionnant chez lui.
D'autres phases, mais plus anecdotiques cette fois, parsèment le jeu. Citons en vrac la pêche (directement inspirés de Breath of Fire) et les duels contre les boss qui se déroulent à la manière de Parappa the Rapper (appuyez sur les touches aux bons moments). A noter également, que vous rencontrerez d'autres personnages qui se joindront à vous et que vous pourrez diriger pour profiter de leurs caractéristiques. Xiao est par exemple capable de sauter bien plus loin que ses copains, et pourra ainsi traverser les crevasses pour atteindre d'autres endroits.
La réalisation technique de Dark Cloud est plutôt correcte. Les graphismes sont mignons tout plein et présentent quelques petits effets ça et là comme le mouvement du vent sur le poncho de Toan, les reflets dans l'eau des rivières ou les différences de luminosité suivant l'heure du jour et de la nuit (encore du Zelda au passage). Malheureusement, du fait qu'ils soient générés aléatoirement, les donjons n'affichent que le strict minimum au niveau des textures. On se retrouve donc à déambuler dans des couloirs toujours semblables et ce sur 20 niveaux ! La lassitude n'est jamais très loin... Au niveau sonore, ce n'est pas trop mal. Même si l'absence de voix se fait cruellement sentir (surtout lors des cinématiques), les mélodies sont toujours douces et apaisantes, jamais crispantes et stressantes.
Dark Cloud souffre tout de même de quelques défauts dont un manque de rythme évident que l'on doit à des phases d'action trop molles et très répétitives. Signalons aussi que Toan a soif toutes les cinq minutes et à moins d'avoir des gourdes dans l'inventaire ou d'être à côté d'une cascade, il s'évanouira et devra quitter le donjon. Très usant à la longue... Mis à part ces deux points, Dark Cloud est un bon Action RPG rempli de qualités (normal, il emprunte les meilleures idées de ses confrères...) qui comblera les amateurs de jeux de rôles.
- Graphismes14/20
Le jeu est joli avec des personnages hauts en couleurs. Mais les donjons sont très répétitifs et un peu sombre.
- Jouabilité15/20
La prise en main ne pose pas de problème grâce aux explications que vous livre au fur et à mesure le gardien des âmes.
- Durée de vie15/20
En plus de la reconstitution de Nolan, Dark Cloud propose de rebâtir d'autres villages. De quoi passer du temps sur le jeu.
- Bande son14/20
Les musiques sont de bonne qualité de même que les bruitages. Par contre les personnages sont muets comme des carpes.
- Scénario14/20
Le scénario n'est pas très original mais reste un bon point de départ pour ce jeu au gameplay si varié.
Les premiers instants de jeu sont très déroutants. Dark Cloud part dans tous les sens et on se sent un peu perdu, puis on assimile petit à petit les différentes phases de jeu et on commence alors réellement à s'amuser. Malgré tout son côté répétitif risque de décourager les moins patients d'entre vous.