« Ma petite entreprise, connaît pas la crise » chante Alain Bashung. Ca se voit qu'il n'est pas à la tête de l'entreprise que nous propose de gérer Monte Cristo dans son nouveau jeu Crazy Factory.
A l'heure où le phénomène Start-Up s'essouffle un peu, Monte Cristo, à qui l'on doit entre autres des comme hits Star Peace et Economic War, sort un nouveau jeu s'en inspirant largement. Les fans de cette équipe de développement parisienne savent que ce n'est pas la première fois que Monte Cristo traite le sujet. Effectivement, au début de l'année dernière, sortait Start-Up qui, comme son nom ne l'indiquait peut-être pas, était un jeu sur les Start-Up (si, si, je vous jure !). Malheureusement, le jeu ne rencontra pas le succès espéré. Persuadés de tenir le bon bout, les petits gars de Monte Cristo réitèrent aujourd'hui l'opération en ajoutant cette fois l'élément qui avait peut-être manqué à leur première tentative : l'humour. C'est qu'ils ont un grand sens de l'humour et de la dérision chez Monte Cristo, ils nous l'ont d'ailleurs grandement prouvé avec le tordant Economic War. Mais ils débordent aussi de bonnes idées, à tel point que l'on est en droit de se demander si ce qu'ils nous présentent dans Crazy Factory n'est pas simplement le quotidien de leurs bureaux
Fidèle aux habitudes de Monte Cristo, Crazy Factory est un jeu de gestion à la fois simple d'accès pour attirer les novices et suffisamment complet pour retenir les habitués. Vous êtes un jeune entrepreneur à peine sorti de l'université et vous décidez de remettre sur pieds une usine en piteux état. Et encore « piteux état » n'est pas le terme exact, vos locaux sont aussi délabrés qu'une décharge publique, et vous devrez partir de rien pour bâtir votre empire. Choisissez votre produit phare parmi les trois proposés (les WC futuristes, les rollers blades ou le robot ménager) puis lancez-vous dans la grande aventure de la gestion d'entreprise. Vous serez le seul patron à bord et donc vous seul prendrez toutes les décisions importantes. De l'embauche des techniciens, chercheurs et autres experts comptables, au budget que vous accorderez à la publicité, aux ressources humaines ou au gardiennage de vos locaux. Absolument tout est à gérer dans Crazy Factory, la marge de chaque produit, le rendement, les salaires... Heureusement un excellent tutorial permet de s'habituer en douceur à chaque menu.
Concrètement, les parties commencent généralement par l'embauche des quelques chercheuses (et oui, dans Crazy Factory la recherche n'est assurée que par des femmes) qui se penchent alors sur l'élaboration de nouveaux composants ou sur l'amélioration de pièces déjà existantes. Ensuite, il faut monter sa chaîne de production puis engager un commercial et une publicitaire qui s'occuperont de faire connaître le produit, une responsable des ressources humaines pour le moral des troupes, une comptable pour limiter les dégâts lors des contrôles fiscaux, un juriste pour les éventuels procès et un gardien pour éviter les intrus.
Chaque employé est défini par son niveau d'aptitude. Plus son niveau sera élevé, plus ses compétences seront bonnes. Par exemple,à partir du niveau 3, les comptables peuvent établir des contacts avec la mafia qui menacera alors les entreprises concurrentes. Au niveau 1, le juriste peut intenter un procès aux adversaires et une chercheuse de haut niveau sera plus apte à trouver des évolutions techniques aux produits. Pour monter de niveau, vous pouvez investir dans des stages de formations mais rien ne vous empêche non plus de simplement virer la personne en question pour embaucher quelqu'un de plus qualifié. Business is business...
Le menu principal permet de jouer seul (mode campagne ou jeu solo) ou au contraire de participer à des parties online (par connexion internet ou LAN jusqu'à 8 joueurs). Les neuf scénarios des campagnes sont de difficultés progressives et variées tout comme les 10 missions qu'offrent le mode solo (atteindre une trésorerie de 5M $, une action en bourse de 700$...). Vous aurez donc de quoi faire pour ce qui est de la durée de vie. Monte Cristo joue une fois de plus la carte de l'humour et opte pour une réalisation très cartoon. Les personnages ont tous un look complètement déjantés, la comptable à une jupe faite de billets verts et le juriste est le membre caché des Jackson Five. Les animations aussi donnent dans le dessin animé avec par exemple un contre-maître qui sort un maillet pour réparer sa machine.
On regrette cependant qu'elle ne soient pas très fluides. Côté bande son, il n'y a rien de particulier à signaler si ce n'est la jolie chanson en guise d'introduction. Elle annonce à merveille le ton général du jeu et je vous laisse le soin de la découvrir, vous m'en direz des nouvelles. Les bruitages sont sympathiques, sans plus et la plupart du temps, seule le ronronnement familier de la chaîne de production se fait entendre. Crazy Factory n'est cependant pas dépourvu de tout défaut. Rien de très gênant heureusement. Mais par exemple, la machine principale qui casse toutes les 3 minutes, ou encore la lourdeur de certaines parties de l'interface (d'abord choisir une machine, puis un employé puis une activité) gâchent par moment le plaisir de jouer. Cela dit, ces points noirs ne doivent pas vous faire perdre de vue que Crazy Factory est un bon jeu. Original, drôle et intéressant, il mérite toutes votre attention.
- Graphismes15/20
Monte Cristo nous dépeint un univers farfelu typiquement cartoon. Les animations auraient gagnées à être un peu plus fluides, mais dans l'ensemble, c'est plutôt joli.
- Jouabilité14/20
Les menus sont clairs et bien expliqués dans le manuel. Les raccourcis claviers font gagner beaucoup de temps. Cela dit, l'interface peut s'avérer par moment très lourde.
- Durée de vie16/20
Le jeu regorge de scénarios et de missions. De plus, une fois que vous les aurez tous terminés, vous pourrez vous lancer dans des parties Online.
- Bande son14/20
Mention spéciale à la chanson d'ouverture. Malheureusement, le reste ne suit pas toujours et la bande son manque parfois de dynamisme.
- Scénario15/20
Les missions et scénarios proposés sont variés et chacun y trouvera son bonheur.
Crazy Factory est dans la même trempe que Economic War. Il séduit immédiatement par son design si particulier et parvient à accrocher le joueur par son humour et ses idées sans cesse renouvelées. Monte Cristo nous prouve une fois de plus tout son savoir faire en la matière.