Evil Dead : Hail to the King, c'est un peu le Resident Evil du pauvre. Tous les ingrédients d'un survival horror sont là pour faire un bon jeu, et pourtant le soft ne parvient pas à enthousiasmer le joueur qui s'évertue à garder les yeux ouverts tout en avançant dans le jeu. Et cette fois encore, même les fans seront déçus.
L'adaptation vidéo-ludique de la trilogie cinématographique de Sam Raimi pouvait difficilement donner lieu à autre chose que du survival-horror. Mais dans cette catégorie où les maîtres du genre ont instauré des bases solides difficiles à ébranler, il n'est pas aisé de se faire un nom. Evil Dead : Hail to the King se donne pourtant les moyens de toucher un large public, premièrement parce que le titre met en avant l'image du film dont il s'inspire, deuxièmement parce que THQ a vu les choses en grand en adaptant le soft sur presque tous les supports de jeu.
Au moins aussi décevant que la version PC, Evil Dead version PSX ne parvient pas à convaincre. Après une intro plutôt enthousiasmante, en tout cas pour les fans du film, l'intérêt retombe aussitôt devant la laideur des graphismes et surtout le manque d'intérêt de l'action. D'ailleurs, seules les cut-scenes sont assez satisfaisantes dans le jeu avec peut-être la voix de Bruce Campbell, tout le reste ayant aussi peu d'attrait qu'un Resident Evil Survivor. Le soft s'évertue pourtant à reprendre assez fidèlement l'ambiance étrange de la trilogie caractérisée par un humour gore que l'on retrouve notamment à travers les attitudes des monstres et du personnage. Le problème, c'est que l'angoisse qui caractérise habituellement ce type de jeux est ici complètement absente. Voir un squelette qui fait la toupie et un héros qui empale sauvagement un zombie sur sa tronçonneuse pour l'achever, moi ça me fait plutôt rire.
Du coup, le soft se perd entre ses ambitions contraires, et ne parvient plus ni à faire rire ni à faire naître un quelconque sentiment de peur. L'histoire n'est d'ailleurs pas vraiment palpitante et ne réserve guère de surprises. Ash doit toujours retrouver les pages du Necronomicon ex Mortis, le Livre des Morts, pour faire disparaître définitivement le mal qu'il a libéré. Mais les morts-vivants ont cette fois gagné en puissance, et c'en est trop pour Ash qui décide de retourner dans la cabane maudite où tout a commencé. Quelle idée ! Mais alors que Ash fait le tour des lieux, le cri de Jenny déchire la nuit. Le voilà donc qui ressort la vieille tronçonneuse greffée sur son bras, avide d'en découdre à nouveau avec squelettes, zombies, et autres engeances démoniaques qui peuplent les lieux.
Quelques minutes suffisent alors pour s'apercevoir que l'on a affaire à un jeu qui essaye vainement de copier des idées déjà bien ancrées dans le domaine du survival-horror. La jouabilité est bien sûr calquée sur Resident Evil, mais le résultat est hélas bien pire car les déplacements sont imprécis et le maniement du personnage très lourd. Le jeu repose sur une alternance classique de petites énigmes avec combinaison d'objets possible et de phases d'action ultra-limitées. L'obligation de passer par des coffres pour stocker son inventaire n'est d'ailleurs pas la meilleure chose qu'il eut fallu reprendre des RE, surtout lorsque l'on arrive systématiquement face à des énigmes dont on a plus la clé.
Le reste est aussi classique que décevant. L'arsenal mis à la disposition du joueur reprend certes fidèlement celui des films, mais les armes sont trop limitées (haches, fusil, pistolet, et bien sûr tronçonneuse) et donnent lieu à des scènes d'action aussi répétitives qu'ennuyeuses. Les ennemis ont vraiment du mal à se renouveler et leurs attaques sont toujours prévisibles. Quant aux environnements du jeu, ils sont aussi laids que dénués d'originalité, même s'ils rappelleront certainement des souvenirs à ceux qui ont vu les films. Alors que la possibilité d'équiper deux armes différentes dans chaque main aurait dû faciliter le gameplay, les manips nécessaires pour activer telle ou telle arme font perdre inutilement du temps au beau milieu de l'action. Malgré tout et même si les déplacements sont vraiment laborieux, la capacité du personnage à pouvoir tirer tout en bondissant vers l'arrière pour esquiver est plutôt bien pensée. Au final, Evil Dead ne constitue qu'un tentative de survival-horror qui attirera peut-être les amateurs du film, mais à leurs dépens.
- Graphismes10/20
Des décors vides et sans âme qui se répètent du début à la fin sans originalité. Les animations donnent l'impression que le personnage est handicapé, lorsqu'elles ne sombrent pas carrément dans le ridicule.
- Jouabilité10/20
Des déplacements laborieux et un système d'armement trop lourd à gérer, qui ne facilitent pas la rapidité de réaction lors des combats. Les phases d'action sont innombrables et trop répétitives pour captiver l'intérêt du joueur.
- Durée de vie11/20
Si le jeu n'est pas particulièrement court comparé aux autres titres du genre, son manque d'intérêt et l'ennui qu'il dégage n'incitent guère à le terminer.
- Bande son11/20
La bande-son ne restitue pas du tout l'atmosphère angoissante que l'on attend de ce type de jeu. Les bruitages ridicules et les répliques incessantes du héros achèvent de rendre le tout encore moins flippant.
- Scénario9/20
Les amateurs d'Evil Dead retrouveront la plupart des éléments de la trilogie, mais le scénario en lui-même est très limité et ne surprend jamais. Pire, il ennuie.
Un jeu qui n'a que son nom pour susciter l'intérêt des fans de survival-horror. Le soft ne procure en lui-même aucune des sensations recherchées habituellement dans ce genre de soft. L'angoisse est ici carrément absente et ce ne sont pas son gameplay et sa réalisation qui sauveront le jeu d'une note très moyenne.