Venu de nulle part, Stretch Panic est un jeu à part qui repousse tous les tabous et va au-delà de tout ce que l'on a eu l'occasion de voir en matière de bizarrerie dans un jeu vidéo. Un concept qui laisse perplexe pour un jeu qui aura du mal à trouver sa place auprès du public européen.
Après une intro sans parole qui instaure la perplexité chez toute personne normalement constituée, le jeu laisse enfin le champ libre au joueur qui se voit atterrir dans un univers tout droit issu d'un cauchemar d'enfant traumatisé. Alors que certains éléments sont vivement colorés, le reste est entièrement en noir et blanc avec un effet crayonné qui donne l'impression que la pluie tombe tout autour du personnage. Et quel personnage ! Une étrange petite fille tout en rondeur avec une tête énorme et un corps minuscule. Son bonnet rouge semble affublé d'un visage, mais le plus étrange dans tout cela, c'est certainement l'espèce de bras immense qui lui sert d'écharpe, se termine en forme de main, et qu'il est possible de lancer en avant afin de saisir n'importe quel élément du décor, pour une raison que le joueur ne tardera pas à découvrir.
Complètement perdue et déstabilisée dans cet univers improbable, j'appuie vainement sur les boutons qui ne servent à rien tout en me demandant ce que je suis sensée faire. Face à la dizaine de portes qui m'entoure, je choisis alors l'une d'elles au hasard et j'atterris alors dans un univers haut-en-couleurs qui n'aurait pas déplu à Picasso lui-même. Premier face à face avec un monstre (probablement une petite fille puisque elle semble avoir deux couettes et un caractère de cochon...). Mais la fillette n'a plus grand-chose d'humain et le monstre aux dents acérées qui se dresse méchamment devant vous tente de vous gober tout entier.
On s'aperçoit vite que le bras articulé que possède le personnage principal est le seul moyen de faire mal aux créatures qui se dressent devant soi en le lançant sauvagement sur l'adversaire pour qu'il s'agrippe sur lui et lui tire la joue dans tous les sens. Car si le scénario est encore assez obscur, il apparaît clairement que vous êtes à la recherche des membres de votre famille qui ont été kidnappés par des monstres ayant l'apparence de ballons de baudruche.
Malgré toute son originalité, le jeu ne parvient pas à convaincre et l'intérêt demeure encore un gros point d'interrogation. Lancer un bras extensible sur des créatures transformées en ballons pour les tendre jusqu'à ce qu'ils explosent est une idée certes originale, mais encore faut-il que le gameplay suive, ce qui est loin d'être le cas. Les angles de vue sont une catastrophe, la lenteur du personnage exaspère, et parvenir à marcher droit sur une plate-forme étroite tient du cauchemar.
Autre point qui reste obscur : à qui s'adresse ce jeu ? Aux jeunes joueurs qui risquent d'être traumatisés par la mise en scène presque terrifiante des duels, lorsque les dents acérées d'une petite fille transformée en créature monstrueuse ouvre sa bouche énorme pour aspirer le petit personnage que manipule le joueur, et que la silhouette monstrueuse projette une ombre terrifiante sur le mur coloré de la pièce ? Un petit tour du côté du premier niveau confirme cette impression, et il suffit de voir le design plutôt particulier de certains ennemis (que je préfère ne pas décrire pour ne pas choquer les âmes sensibles) pour s'en convaincre. Bref, Stretch Panic est un jeu étrange et peu convaincant, le genre de produit qui n'arrive jamais jusqu'en Europe habituellement. Verdict lors du test fin juillet.