Presque dix ans après la sortie du premier volet de la série, véritable révolution pour l'époque et qui plus est, née de l'esprit génial d'un français prénommé Frédéric Raynal et jusqu'alors totalement inconnu, Alone in the Dark revient sur la scène vidéo-ludique dans un épisode de très grande classe, alors que la saga commençait justement à sombrer dans l'oubli. Fans de la première heure ou simples amateurs de softs angoissants, apprêtez-vous à vivre The New Nightmare.
Un cauchemar dans lequel on s'engouffre avec plaisir, tant le contenu de cet Alone 4 est alléchant. Pour la première fois dans la série, les développeurs ont enfin eu la possibilité de donner au jeu tout son potentiel horrifique, en mettant la réalisation technique au service de l'ambiance globale du jeu. Car ce qui fait avant tout la force d'un vrai survival-horror, genre initié d'ailleurs par Alone in the Dark lui-même avant même le premier Resident Evil, c'est la crédibilité de son univers qui se veut le plus sombre et plus terrifiant possible, en d'autres termes : c'est parvenir à donner à un univers improbable suffisamment de cohérence pour que le joueur y croit. C'est alors, et alors seulement, que la magie peut fonctionner : on frissonne au moindre bruit, on sursaute devant la plus minuscule des araignées, on hurle lorsque la musique vient elle-aussi s'emmêler pour mettre en scène une créature démoniaque, et l'on voit des choses là où il n'y a rien.
De ce point de vue là, le contrat est largement rempli par les développeurs de Darkworks, qui se sont visiblement consacrés entièrement à l'atmosphère de leur nouveau projet. Mais pour ne pas risquer de gâcher un soft mis en scène aussi efficacement, il fallait aussi s'inspirer d'autres concepts qui avaient fait leurs preuves, et notamment réutiliser des principes de jeu déjà mis en place dans des softs tels que Resident Evil. L'influence de la série phare de Capcom se fait donc largement ressentir à travers la perspective adoptée, le choix entre plusieurs personnages différents et donc l'évolution de deux scénarios en parallèle, les objets clés qui scintillent, et le système de progression en général.
Mais Alone 4 innove également, notamment au niveau de la gestion des effets de lumière. Le faisceau lumineux projeté avec un réalisme sidérant par la lampe-torche joue un rôle multiple. En plus de contribuer à l'angoisse générale omniprésente dans le jeu, la lumière pourra aussi bien éloigner certains monstres que révéler des objets que l'on ne pourrait jamais remarquer sinon. Pour cela, il est possible de s'immobiliser pour pointer la lampe-torche dans toutes les directions et voir l'environnement apparaître dans une succession d'ombres et de lumières du plus bel effet. La jouabilité a d'ailleurs été optimisée pour la version PC. Et même s'il est clair que le soft a été pensé avant tout pour un gameplay sur console, le fait de pouvoir effectuer les mouvements qui demandent le plus de précision à la souris facilite grandement la progression. N'empêche que les puristes du PC trouveront sans doute le gameplay trop axé console, et même s'il n'est pas nécessaire de passer par des checkpoints pour sauvegarder, le fait de devoir utiliser une amulette à chaque nouvel enregistrement risque de déstabiliser les habitués du Quick Save.
Ceux qui n'auront pas l'habitude des Resident-like seront donc certainement désorientés par la maniabilité, et certains choix effectués par les développeurs au niveau du gameplay entravent inutilement la progression, comme le fait de devoir obligatoirement passer par le menu d'inventaire pour recharger son arme. Le joueur aura donc l'impression désagréable d'être un peu vulnérable dans cet univers hostile, d'autant que l'absence de plusieurs niveaux de difficulté est plutôt dommage pour ce type de jeu, surtout que les munitions sont particulièrement rares et les amulettes de sauvegarde en nombre un peu trop limité. Malgré tout, on peut toujours interpréter cela de façon positive en disant que cela ajoute à l'angoisse et à la tension du joueur, qui devra ainsi progresser de façon réfléchie tout au long de l'aventure. Pour entretenir une angoisse constante, le jeu multiplie les cadrages propices aux embuscades. Les monstres vous sautent dessus aux moments les plus inattendus, et la lumière de la torche révèle parfois des formes terrifiantes qui disparaissent soudainement. A cela s'ajoute une ambiance sonore tout à fait lugubre qui achève de rendre le tableau particulièrement glauque.
On a beau s'y attendre à chaque seconde, baisser le son et allumer la lumière, l'effet de surprise est toujours stupéfiant. On se rue sur le moindre interrupteur pour mettre fin à cette succession de couloirs sombres et de salles tapissées de créatures difformes, tout en essayant de ne pas faire attention aux hurlements qui résonnent dont ne sait où. Bref, Alone 4 n'est pas à mettre entre toutes les mains, les monstres démoniaques et les corps ensanglantés se comptant par dizaine tout au long du jeu. Au niveau sonore, les voix françaises sont tout à fait crédibles et font bien ressentir toute la tension des différents protagonistes de l'aventure. Les deux scénarios se déroulent en parallèle et les contacts radio entre les deux personnages permettent de suivre la progression de l'autre héros. Les deux aventures sont d'ailleurs complètement différentes et assurent au jeu une durée de vie tout à fait correcte pour ce type de soft, même si l'on n'aurait pas craché sur une aventure un peu plus longue et une difficulté peut-être un petit peu moins élevée. Reste un jeu tout simplement fascinant que se doivent de découvrir les amateurs du genre.
- Graphismes17/20
Une réalisation graphique somptueuse, avec des décors au design parfait, des plans magnifiques et toujours propices aux embuscades et autres effets de surprise, et surtout des effets de lumière splendides avec une gestion des faisceaux lumineux ultra-réaliste.
- Jouabilité15/20
Cette version PC facilite le maniement de la torche et des différentes armes grâce à l'apport de la souris, sans toutefois parvenir à rendre la jouabilité véritablement agréable.
- Durée de vie15/20
La durée de vie un peu courte, mais honorable pour ce type de jeu, est optimisée par la présence de deux scénarios totalement distincts mais qui évoluent en parallèle.
- Bande son17/20
Les voix françaises restituent bien l'atmosphère angoissante du soft, mais c'est surtout l'environnement sonore lugubre, qui sait s'adapter à chaque situation, qui parvient à entretenir une tension constante tout au long du jeu.
- Scénario16/20
La possibilité d'incarner deux héros, Edward Carnby et Aline Cedrac, apporte un plus indéniable au soft, d'autant que les deux scénarios sont totalement différents et ne reposent pas du tout sur les mêmes objectifs, mêmes s'ils se croisent de temps en temps.
Une version PC tout à fait splendide et qui donne toute son ampleur à un jeu qui mise tout sur son ambiance angoissante à souhait et sa réalisation incroyable. Le seul reproche que pourraient lui faire les puristes du PC, c'est peut-être en ce qui concerne son gameplay trop axé console, mais qui colle néanmoins parfaitement à ce type de jeu.