Nombreux sont ceux qui l'attendent comme le véritable Zelda de la Playstation 2, et pourtant, Dark Cloud se démarque fortement du hit de Miyamoto par bien des aspects. Sa réalisation parfois inégale et les nombreuses particularités de son gameplay risquent toutefois de ne pas plaire à tous les joueurs. Un soft néanmoins prometteur qui, espérons-le, se révélera digne de la confiance que lui témoignent déjà de nombreux joueurs.
C'est au coeur d'un livre de conte que débute l'histoire de Toan, un jeune garçon sans histoires, qui se retrouvera propulsé au rang de héros dans une aventure épique qui démarre de façon pour le moins tragique. Somptueuse par son atmosphère magique et la richesse de ses couleurs, l'intro raconte le réveil d'un ancien génie qui, à l'issue d'une cérémonie de résurrection, sort de son sommeil millénaire et se rebelle contre ceux qui l'ont libéré. Non loin de là, Toan mène une vie tranquille dans son village natal lorsqu'un tremblement annonce la venue imminente de l'invincible géant. Les événements prennent alors une tournure dramatique, entraînant la destruction totale et inévitable du village sous les yeux d'un héros impuissant.
Tel sera le début de Dark Cloud, un jeu entre deux genres, qui mêle habilement des aspects de jeu de rôle à d'autres plus axés aventure-action, avec même quelques phases de constructions tout à fait originales. Il est vrai qu'on avait déjà vu ça dans des softs comme Actraiser, par exemple, mais il faut reconnaître que le phénomène n'est pas ce qu'il y a de plus courant. Le soft se déroule donc de la façon suivante : vous devez parcourir les multiples couloirs de sombres donjons afin de récupérer des éléments magiques contenus dans des sphères qui vous aideront à reconstruire votre monde détruit par le maléfique génie. Ces phases de jeu, que les développeurs appellent Georama, donnent lieu à des séquences où vous serez libre d'implanter des bâtiments, des routes ou encore des rivières, à l'endroit que vous choisirez.
Plutôt original et sympa pour se changer les idées entre deux donjons. Surtout qu'il sera même possible d'évoluer à loisir dans cet univers en 3D que vous aurez bâti vous-même. Le reste du jeu se déroule à la troisième personne et évoque inévitablement le fameux Zelda. Le héros arbore d'ailleurs fièrement ses airs d'hylien et se bat à la manière de Link. A l'aide d'une simple touche, vous pourrez cibler un ennemi pour lui tourner autour et l'achever d'une série de coups judicieusement placés. Bref, il ne manquait plus que l'usage du bouclier pour que la copie soit conforme. Reste que Dark Cloud possède tout de même bien d'autres particularités qui le distinguent du soft de Nintendo.
Tout d'abord, au fur et à mesure de votre progression, vous serez amené à diriger cinq autres personnages : Ruby, une magicienne, Goro, un apprenti chasseur qui se bat avec un marteau, Ungaga, un puissant guerrier du désert armé d'une lance, Shao, une chatte qui peut prendre une apparence humaine et se défend avec un lance-pierre, ainsi qu'un dernier personnage aux ambitions mystérieuses.
D'autre part, et c'est certainement la particularité majeure de Dark Cloud, les donjons se génèrent aléatoirement à chaque fois que y pénétrerez, et n'auront donc jamais la même allure. Intéressant, sauf que cela entraîne des défauts inhérents à ce type de concept : des niveaux qui manquent d'intérêt par rapport à ceux dont les concepteurs ont imaginé le design pendant de nombreuses heures, et qui perdent en qualité graphique puisque ce sont les mêmes textures qui se répètent inlassablement. De même, le joueur n'a pas vraiment l'impression de faire progresser le scénario, et l'aspect découverte se limite à l'acquisition de nouveaux items.
Autre originalité, Dark Cloud emprunte aux RPG dans la mesure ou la gestion de l'équipement s'avère cruciale pour progresser. L'épée n'est pas indestructible et un trop grand nombre de dommages reçus l'amènera inexorablement à se briser. Il sera donc nécessaire de réparer et customiser son équipement afin d'aborder sereinement les dangereux labyrinthes du jeu. En tout, pas moins de 15 donjons, de 15 niveaux chacun vous attendent, pour une durée de vie qui devrait dépasser la cinquantaine d'heures de jeu. Malgré l'enthousiasme que l'on ressent à parcourir le monde de Dark Cloud lors des premières parties, il convient d'émettre quelques réserves quant à l'intérêt final d'un tel jeu. Les donjons qui semblent encore un peu vides, l'intérêt réel des phases de construction, et les combats qui semblent peut-être un peu trop répétitifs et pas toujours très passionnants, sont des aspects du jeu que nous serons mieux à même de juger lors de la version finale du soft en juillet prochain.