Cryo aime nous faire voyager dans les contrées les plus mystérieuses, à travers des lieux qui prêtent au rêve et où la découverte est presque toujours le but de l'aventure ; et même si l'éditeur a encore du chemin à faire avant de pouvoir prétendre séduire aussi les core-gamers, ses productions sont toujours dignes de l'intérêt de tous. Bonne nouvelle pour les amateurs de ce genre de soft, le titre dont il est question aujourd'hui a pour thème le mythe Arthurien.
Logique, puisque cet opus intitulé «Le Secret de Merlin» est la suite de l'épisode «Aux origines d'Excalibur» sorti il y a quelques mois. Pas de surprise, donc, pour cet opus qui s'inscrit dans la lignée du précédent. Ceux qui ont adoré pourront donc se ruer tête baissée sur ce nouveau volet, les autres devraient peut-être s'interroger sur l'importance qu'ils attachent au gameplay avant de se plonger dans un titre qui, même s'il séduira de nombreux joueurs grâce à son ambiance, souffre d'un intérêt ludique un peu plus douteux, un défaut incontestablement inhérent aux productions Cryo.
L'Angleterre au VI éme siècle, ou plutôt la Bretagne puisque tel était son nom à l'époque, n'est plus qu'une terre dévastée par les conflits qui opposent les barbares aux romains de l'ère chrétienne. Même si la paix est peu à peu revenue sur le continent, la dualité entre tradition celte et foi chrétienne persiste toujours. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'histoire de Bradwen, fier guerrier désormais sacré chevalier par Arthur, et dont vous devrez déterminer le destin. Un choix ambigu mais qui sera déterminant pour notre héros, qui pourra ainsi vivre deux aventures totalement différentes selon qu'il aura choisi la voix des chrétiens ou des celtes. N'ayant pas la même culture ni la même façon de penser dans les deux cas, cette originalité se traduira dans le jeu par le fait que le héros ne reconnaîtra pas les mêmes choses ou les interprétera différemment.
Un aspect du jeu particulièrement intéressant, puisqu'il permet de prolonger l'aventure à travers deux histoires différentes que vous pourrez mener l'une après l'autre ou en parallèle, mais qui ne surprendra pas les possesseurs du premier opus. L'histoire s'enchaîne d'ailleurs directement à la suite du premier épisode, qu'il vaudra donc mieux avoir terminé avant d'entamer ce nouveau volet, pour profiter pleinement du scénario du jeu. Et puisque ce titre suit exactement le même principe que son prédécesseur, il comporte aussi ses mêmes défauts. La chose la plus gênante dans les premières minutes de jeu est certainement la lourdeur de l'interface.
La jouabilité aurait gagné à reposer uniquement sur l'utilisation de la souris, mais au lieu de cela, les déplacements et l'interaction avec le décor ou les personnages sont peu instinctifs. Il est souvent difficile de repérer les indices, la liberté de mouvement est limitée et l'interaction plutôt réduite. Au niveau de la réalisation, le bilan est plutôt mitigé. Les graphismes oscillent entre des écrans splendides et d'autres plus décevants. Le personnage ne se fond pas vraiment dans les décors et ce nouvel opus marque finalement peu d'améliorations au niveau de la réalisation. Autant dire que l'on en attendait plus. Mais si le premier volet des Chevaliers d'Arthur a su trouver son public, c'est principalement grâce à l'ambiance que dégageait le soft. Cette suite fait de même, et bénéficie d'une aura magique palpable à travers un background qui reprend les fameuses légendes du mythe Arthurien.
Et puisque Cryo ne se lasse pas d'intégrer dans ses jeux une certaine ambition culturelle, le soft profite d'une base historique très documentée. Les recherches faites par les développeurs sur ce thème ont permis d'intégrer une véritable encyclopédie Arthurienne dans le jeu, qui ravira les amateurs de doc à compulser au cours de l'aventure. Tout au long du jeu se mêleront à la fois le fantastique et l'historique, dans le but de permettre au joueur de profiter de l'aura magique entourant les légendes Arthuriennes qui abritent autant de créatures imaginaires que de phénomènes mystérieux, mais en apportant toujours une sorte de crédibilité à l'aventure, et notamment à travers les lieux rencontrés. Tout amateur de légendes sera donc happé par le scénario et le contexte historique/fantastique, et pardonnera donc facilement les nombreux temps-morts malheureusement très présents dans le jeu.
Quant aux autres, ils risquent fort de ne trouver que peu d'intérêt à cette aventure imaginée davantage pour plaire aux joueurs occasionnels, aux amateurs de jeux Cryo, ou tout simplement à ceux qui sauront prendre ce titre pour ce qu'il est : une aventure certes peu dynamique et très limitée au niveau du gameplay, mais aussi passionnante qu'instructive. A noter que l'éditeur semble avoir pour ambition de faire connaître à un plus large public la série des Chevaliers d'Arthur, puisqu'une version PS2 qui regroupera les deux chapitres devrait sortir pour Noël 2001. Reste à savoir si ce genre de soft saura séduire les joueurs sur consoles.
- Graphismes14/20
Des décors très inégaux et guère améliorés par rapport à l'épisode précédent. Les personnages se détachent trop du décor et les indices sont difficiles à distinguer. Quelques animations sympathiques comme le page qui glisse systématiquement en bout de course.
- Jouabilité12/20
Une interface et des contrôles peu ergonomiques, qui demandent souvent une précision au pixel près, ce qui nuit au gameplay. Des combats décevants.
- Durée de vie15/20
Plus longue que pour la plupart des jeux Cryo, l'aventure bénéficie de la présence de deux quêtes différentes qui relancent considérablement l'intérêt du soft.
- Bande son14/20
Un environnement sonore parfois discret mais en parfait accord avec l'ambiance globale du soft. Des voix de bonne qualité.
- Scénario16/20
L'histoire repose sur un contexte parfaitement documenté qui mêle mythes et faits historiques. Ceux qui sauront mettre de côté le gameplay plongeront rapidement dans l'intrigue pleine de surprises et de rencontres étranges.
Un épisode sans surprise qui ne saura pas rallier à sa cause ceux qui n'avaient pas accroché au premier opus. L'intérêt ludique est toujours aussi limité. La réalisation très inégale, que l'on espérait davantage améliorée par rapport au premier volet, déçoit. Les Chevaliers d'Arthur 2 devrait tout de même s'attirer les faveurs d'un large public conquis par la présence d'une base documentaire sur le mythe Arthurien et par l'ambiance du soft.