Les jeux de stratégie et de gestion commencent un peu à tourner en rond de nos jours. C'est sûrement la constatation qu'a du faire l'équipe de Monte Cristo à l'origine du projet Economic War. C'est vrai que tous ces jeux finissent toujours par se ressembler. D'ailleurs aucun n'a encore été capable de détrôner le mythique Age of Kings depuis sa sortie il y a quelque temps déjà. Bon, vous vous en doutez, Economic War n'est pas vraiment comparable à Age of Kings, tant les univers sont différents, mais les deux jeux présentent quand même un point commun celui d'apporter de nombreuses innovations au monde tristounet de la gestion et de la stratégie. Economic War, c'est un peu le croisement parfait entre un très bon jeu de gestion et les Guignols de l'info de Canal +. Il n'y a qu'à voir l'introduction du jeu pour s'en convaincre. On y voit un président apparemment à la masse et directement inspiré de la caricature que les marionnettes font de George W. Bush. Ce dernier doit négocier avec un roi saoudien afin d'étouffer une sombre histoire de toxicomanie et enchaîne gaffes sur gaffes. Le jeu commence très fort et le ton politiquement incorrect qui vous accompagnera tout au long du jeu et qui caractérise si bien Economic War est donné.

Avant de vous lancer dans l'un des scénarios du jeu, vous aurez à choisir votre nation et l'homme que vous placerez à sa tête. 23 pays sont représentés et une bonne vingtaine de présidents sont sélectionnables, dont quelque uns qu'il vous faudra débloquer. Tous sont plus délirants les uns que les autres à l'instar du rastaman fumant de l'herbe et d'Elvis Presley les deux plus charismatiques du lot, à mon avis. Les scénarios couvrent une période de l'histoire qui s'étend des années 50 avec la course à l'armement jusqu'à nos jours avec la guerre des télécommunications ou les problèmes de « mal-bouffe » (vaches folles, poulets aux hormones....). Le dernier scénario se permet même d'anticiper sur un sujet qui fait froid dans le dos : une guerre économique sur fond de dons d'organes.

Dans chaque scénario, vous aurez à affronter sept concurrents contrôlés soit par l'ordinateur soit par vos amis si vous jouez en réseau. Vos objectifs sont clairs, répondre aux exigences du scénario mais surtout remplir vos caisses d'argent (sale la plupart du temps), bien utile pour corrompre les ambassadeurs des pays voisins. On retrouve les éléments classiques des jeux de stratégies, à savoir les usines de productions, les centres de recherche et les innombrables tableaux remplis de courbes et de chiffres qu'il faudra apprendre à bien analyser pour gérer ses finances au mieux. Mais dans Economic War, votre réussite dépend en grande partie de vos talents de diplomate. Vous devrez négocier avec les autres nations, choisir entre leur proposer des accords de politique commune, placer un embargo sur tous leurs produits ou carrément les menacer de guerre avant d'appuyer sur le bouton rouge et de les bombarder sauvagement. Vous pourrez envoyer des espions dans chaque pays, graisser la patte des ministres étrangers ou encore révéler à la presse les pires ignominies concernant les chefs d'Etats rivaux. Tout en évitant qu'ils vous en fasse de même au risque de voir votre côté de popularité dégringoler dans les sondages. Une côte trop basse et vous pouvez être sûr de ne pas vous faire réélire lors des prochaines élections ce qui signifie pour vous la fin de la partie. Les possibilités du jeu sont vraiment énormes, on sent vraiment que les créateurs ont soigné leur bébé pour nous offrir un jeu pensé dans les moindres détails. J'ai beau chercher, je ne trouve aucun défaut à Economic War. Que ce soit l'intérêt du jeu ou la réalisation, tout y est de très grande qualité. Même le didacticiel, passage fortement conseillé dans ce jeu pour apprendre les bases du parfait homme (ou femme) politique véreux est très bien fait. Je vous le dis, Economic War risque tout bonnement de devenir une nouvelle référence en matière de jeu de stratégie.