Derrière l'ombre du roi Arthur, éclipsé par les légendes bretonnes des chevaliers de la table ronde, se dissimule Merlin. Personnage majeur des épopées Arthuriennes, le grand public oublie trop souvent que son rôle commence bien avant la naissance de celui qui libérera Excalibur. Voici donc l'une des aventures extraordinaires que vécut l'enchanteur, un périple qui l'amènera jusque dans les profondeurs de la Terre affronter un gigantesque dragon.
Evidemment, retranscrit sur la portable de Nintendo et limité par les capacités 8 bits de la Gameboy Color, le jeu ne prétend pas exploiter tout le potentiel offert par un scénario aussi épique, une histoire qui commence par le réveil d'un dragon maléfique tout juste sorti d'un sommeil millénaire. Sous l'emprise de la bête, le petit peuple de la Terre plonge subitement dans le côté obscur. Les elfes, les fées et les lutins deviennent alors les esclaves malfaisants du terrible dragon, plongeant le monde dans le chaos. C'est alors que survient Merlin, le sage entre les sages, qui par son courage et ses pouvoirs magiques va tenter de libérer toutes les créatures du joug du dragon.
Voilà donc pour le contexte scénaristique du jeu. Une fois dans le jeu, on se rend vite compte que, s'adressant à un public relativement jeune, Merlin privilégie davantage l'humour que l'épopée. Coiffé d'un croisant doré et flottant dans sa grande robe rouge trop grande pour lui, Merlin n'en impose pas vraiment. L'enchanteur n'aura toutefois pas à rougir de son allure de vieux fou légèrement sénile puisque le ridicule semble se propager dans le jeu aussi facilement qu'un sort désobéissant, atteignant aussi bien les ennemis que les boss. Après tout, pourquoi pas ? L'aventure n'en sera que plus amusante. Mais qu'en est-il du contenu ludique de ce soft ? Merlin se range en fait dans la catégorie des jeux d'arcade, chère dans le coeur des nostalgiques. A l'instar du mythique Ghouls'n Ghosts, Merlin se présente comme un mélange de plate-forme, de tir et d'action. Les sorts magiques font ici office de projectiles et peuvent toujours gagner en puissance, et le personnage principal perd une vie au moindre coup reçu. L'action est dynamique et impose beaucoup de vigilance de la part du joueur, comme à l'époque des premiers jeux d'arcade.
La magie de Merlin se divise en trois couleurs, chacune permettant une fonctionnalité différente qui influe sur la trajectoire du tir. Ces pouvoirs magiques peuvent bien sûr gagner en puissance, mais il ne sera pas nécessaire pour cela de récupérer des power-up. Les options sont d'ailleurs inexistantes dans ce jeu, hormis les trois couleurs qui vous permettront régulièrement d'adapter vos tirs à la situation. En tuant des ennemis, vous ferez monter la jauge en bas de l'écran qui vous permettra d'obtenir un bouclier et d'optimiser vos tirs. Preuve ultime que Merlin n'est pas dénué d'humour, la puissance maximale de tir permettra d'envoyer une boule d'énergie surpuissante, sorte de Kameha balayant tout sur son passage. L'aspect tir est accentué par la présence de séquences de jeu où le scrolling avance horizontalement ou verticalement, agrémentant ainsi le soft de phases de shoot'em up qui rendent le jeu plus diversifié. La réalisation est même de très bonne facture et les environnements aussi colorés que détaillés. Caverne de Brocéliande, souffle du dragon, Dame du lac, château du roi et repaire du dragon sont les cinq royaumes que vous devrez libérer de l'emprise du dragon. Afin de ne pas rebuter inutilement les jeunes joueurs, le niveau de difficulté n'est pas très élevé et le joueur dispose de checkpoints et de continus infinis.
Malgré un nombre de niveaux plutôt raisonnable, vingt au total, Merlin se termine donc beaucoup trop vite, et ne comptez pas sur le mode difficile pour rallonger la durée de vie, le seul véritable handicap dans ce mode étant que vous ne disposerez de mots de passe qu'à la fin de chaque monde et non pas entre chaque niveau. Merlin souffre donc d'un manque de challenge évident qui rend le soft éphémère comme un produit savoureux mais périssable. Pour exemple, dans un jeu comme Ghouls'n Ghosts, la pression était constamment présente par le fait que les ennemis réapparaissaient indéfiniment. Il aurait suffit de peu de choses finalement pour que Merlin devienne un excellent titre. Le titre de Light & Shadow sera donc uniquement à conseiller aux plus jeunes, qui prendront sans aucun doute beaucoup de plaisir à faire évoluer l'enchanteur dans ces niveaux qui ne devraient pas laisser insensibles les plus nostalgiques de l'arcade.
- Graphismes16/20
Les sprites sont de taille raisonnable et ne manquent pas d'humour. Les niveaux sont bien détaillés et haut-en-couleurs.
- Jouabilité14/20
Dommage que les sauts ne soient pas aussi simples à effectuer que ceux d'un Mario Bros. Le gameplay reste toutefois très agréable.
- Durée de vie12/20
Vingt niveaux amusants mais particulièrement courts. La durée de vie constitue réellement le point faible du soft, d'autant que les mots de passe et les continus infinis rendent d'autant plus aisée la progression.
- Bande son14/20
Des thèmes musicaux vraiment agréables mais qui ne resteront pas gravés dans la tête du joueur une fois le jeu terminé.
- Scénario15/20
Retrouver le fameux enchanteur sur la Gameboy Color est un réel plaisir, d'autant que l'approche n'est pas dénuée d'humour.
Si Merlin avait bénéficié de davantage de challenge, il aurait sans aucun doute pu compter parmi les meilleurs titres du genre. La difficulté peu élevée et la faible durée de vie destineront donc ce titre uniquement aux plus jeunes.