Développer un soft à vocation novatrice sur un concept qui a maintes fois fait ses preuves est un exercice certainement tentant pour un développeur, mais ô combien risqué. Surtout quand il s'agit de stratégie temps-réel sur PC et que le modèle s'appelle Age of Kings. Difficile de trouver le juste milieu pour ne reprendre que la substantifique moelle d'un concept aussi excellent sans pour autant tourner au plagiat. Des craintes en partie confirmées, même si ce titre propose tout de même son lot de petites innovations.
Transmise dans un premier temps de façon orale, puis au moyen de conteurs, de génération en génération, la légende des Trois Royaumes constitue sans nul doute la période de l'histoire de la Chine ancienne la mieux connue à travers le monde. Source d'inspiration de nombreux romans historiques, cette histoire débute en l'an 184 après J-C, alors que l'émergence de trois royaumes indépendants succède à la chute de l'empire Han. Vient alors une période sombre et tourmentée pour la Chine qui voit son territoire déchiré en trois parties sous le contrôle de trois seigneurs guerriers rivaux, futurs héros de cette guerre qui constituera un tournant dans l'histoire de ce pays.
Un contexte pour le moins intéressant pour ce STR, qui se démarque ainsi, au moins au niveau du background, de ses principaux concurrents. Après avoir étendu son empire à travers toute l'Europe et l'Amérique, avec Cossacks, America, et la série des Age of Empires, le joueur va maintenant pouvoir découvrir la civilisation de la Chine ancienne, grâce à Overmax, qui nous ouvre à présent les portes de l'Asie. Aux côtés de l'un des acteurs majeurs de la légende des Trois Royaumes : Cao Cao, Sun Quan et Liu Bei, le joueur se verra plongé dans un jeu de stratégie tout ce qu'il y a de plus classique, en tout cas à première vue. Afin de mettre en place son propre régime et tenter de réunifier la Chine, le seigneur dont le joueur aura choisi de partager la cause devra passer maître dans l'art de gérer les ressources naturelles, se constituer une force militaire puissante, construire de nouveaux bâtiments et développer de nouvelles technologies. Selon la stratégie adoptée par le joueur, c'est l'aspect militaire, politique ou diplomatique qui sera mis en avant.
Que du déjà vu, lorsqu'on y regarde de plus près ; les adeptes de Age of Kings ou autres joyeusetés stratégiques ne devraient pas manquer de le remarquer. Graphiquement, c'est toujours la perspective isométrique qui est adoptée, l'interface étant quasiment la même que celle adoptée par la quasi-totalité des jeux du genre ; un gameplay qui fonctionne toujours à merveille et dont on ne se plaindra pas. Les bâtiments traduisent fidèlement le contexte historique de l'époque mais semblent calqués sur ceux que l'on connaît déjà. L'environnement, bien que réaliste, n'est pas d'une qualité exceptionnelle et s'avère même assez décevant. Plus regrettable encore, l'ambiance sonore se veut beaucoup trop discrète et monotone, les voix étant réduites le plus souvent à leur simple expression.
Pourtant, Les Trois Royaumes apporte tout de même un certain nombre de nouveautés intéressantes, que l'on apprécie d'autant plus qu'il devient ensuite très difficile de s'en passer. Les cartes présentes en bas de l'écran sont d'une efficacité redoutable, permettant d'intervenir rapidement à n'importe quel endroit de la ville ou du champ de bataille. Chaque individu que vous serez amené à recruter est un être polyvalent qui pourra, si nécessaire, apprendre des tâches nouvelles, passant, au gré de votre volonté, de simple paysan à cavalier. Vous verrez ainsi l'individu en question monter sur son nouveau destrier, ou en descendre lorsque sa personne sera requise pour d'autres tâches. De même, vous pourrez suivre dans son intégralité le cheminement de vos fantassins, et les voir entrer et sortir de la vingtaine d'édifices disponibles dans le jeu.
On relèvera également de nombreux détails sympathiques, comme les troupes qui grimpent aux échelles pour assurer la défense des remparts, les travailleurs qui partent récupérer les têtes des statues de Bouddha décapitées pour leur rendre tout leur prestige, ou les sacrifices nécessaires pour se prémunir contre les catastrophes naturelles. Dommage que les campagnes des trois royaumes soient si proches les unes des autres, malgré des caractéristiques propres à chacune. Enfin, la présence d'un mode multijoueur jusqu'à 8, en affrontement ou coopération, en LAN ou sur Internet, ne suffira pas à faire disparaître cette impression de déjà vu, qui fait des Trois Royaumes un STR de plus, pas suffisamment novateur pour se démarquer de la concurrence, mais dont le contexte historique parfaitement documenté satisfera un large public de stratèges en herbe, attirés par l'aura fascinante de l'Asie.
- Graphismes14/20
L'ensemble n'est pas aussi beau que ce que l'on était en droit d'espérer, et la plupart des bâtiments ont un air de déjà vu. Les animations ne sont pas non plus ce que l'on a vu de mieux, mais la présence de deux cartes se révèle parfaitement efficace.
- Jouabilité15/20
L'interface est globablement très proche de ce que l'on a l'habitude de voir dans le domaine des STR, mais les quelques particularités du gameplay demandent un certain temps d'adaptation.
- Durée de vie16/20
Une cinquantaine d'heures de jeu pour terminer toutes les campagnes, sans compter les parties en multijoueur. D'autant plus que le niveau de difficulté est assez élevé.
- Bande son13/20
Une ambiance sonore assez décevante, car trop discrète.
- Scénario17/20
L'univers et l'histoire authentique des Trois Royaumes apporte un réel plus au jeu, mais aurait pu donner lieu à meilleure inspiration, notamment au niveau des graphismes.
Malgré son contexte historique réellement attrayant et ses quelques nouveautés de gameplay, Les Trois Royaumes reste un STR tout ce qu'il y a de plus classique. Difficile dans ces conditions de se démarquer de la concurrence, d'autant que la réalisation du soft n'est pas tout-à-fait à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer.