Dans la ville de New Quack City, c'est presque le monde à l'envers. On peut y voir des animaux parler, et des humains évoluer à quatre pattes tout en laissant échapper quelques miaulement de paresse. Parfois, lorsque la situation est grave, on y voit même des peluches prendre les armes pour partir à l'assaut des méchants nounours. Bienvenue dans le monde de Fur Fighters.

Cette fois-ci, l'heure est grave et ne laisse pas d'autre alternative à nos amis à fourrure. Le général Viggo a commis une grave erreur en s'attaquant directement à votre famille, et vous allez le lui faire regretter. Sous la houlette du très sérieux Rufus (qui fait une entrée théâtrale en butant lamentablement sur une marche) vous allez devoir prouver votre habileté dans l'art des armes à feu afin de récupérer les bébés disparus. Tour à tour, vous incarnerez donc toutes sortes de peluches, du panda asiatique au stupide kangourou. Au total, c'est six héros aux caractéristiques propres qu'il vous faudra apprendre à maîtriser pour progresser dans le monde sans pitié des Fur Fighters.

Élucidons rapidement les nombreux points d'interrogation qui jaillissent depuis le début de ce test : Fur Fighters est un jeu d'action à la troisième personne qui mêle habilement tir et plate-forme. Malgré son côté action prédominant, le jeu laisse de côté la vue subjective, et le résultat est parfaitement jouable. Le gameplay bénéficie d'une visée automatique très pratique permettant de faire mouche presque à tous les coups. La jouabilité est vraiment idéale, avec les déplacements au clavier et le reste (mouvements de tête, sauts et tirs) uniquement à la souris. Les déplacements latéraux font que votre personnage strafe en permanence et permettent d'évoluer de la même façon que dans un Quake-like. Sans trop exagérer, certaines phases d'action où votre perso lutte contre une floppée d'ennemis en leur tournant autour tout en vidant son chargeur font presque penser à certains passages de Matrix ! On comprend vite que le jeu ne s'adresse pas particulièrement aux jeunes joueurs, et la jouabilité très ergonomique pour un joueur averti pourra demander un certain temps d'adaptation aux autres. La vue à la première personne sera possible uniquement en mode multijoueur, et on note malheureusement quelques légers problèmes de caméra, la vue étant un peu trop proche du personnage et trop au raz du sol.

La touche graphique de Fur Fighters est très particulière, avec un univers à la fois coloré et très cartoon, mais qui profite d'une mise en scène assez spectaculaire par moments et volontairement exagérée. Les vitres explosent sous le feu des ours en peluche et les tirs fusent tout autour de vous. Les niveaux sont non seulement beaux mais aussi parfaitement bien imaginés dans leur conception, nécessitant de changer régulièrement de personnage pour avancer, chacun ayant sa propre jauge de vie, tandis que les armes et les munitions sont communes. Les gags pullulent tout au long du jeu : les rideaux sont par endroits déchirés pour laisser grimper Juliette, la petite chatte du groupe, et vous verrez les ours pousser des cris et faire des roulades pour éviter vos tirs (l'IA étant ici très bien gérée).

Le jeu d'Acclaim ne pourra donc que satisfaire un public saturé par les innombrables productions calquées les unes sur les autres et rarement novatrices, d'autant que Fur Fighters propose un environnement graphique excellent. On reste admiratif devant la neige qui tombe sur un univers regorgeant de détails, comme lorsque les petites pattes des peluches laissent des traces sur la surface neigeuse. Les quelques énigmes sont ici un peu limitées et il suffit d'un minimum de réflexion pour savoir quelle créature utiliser. L'action pourrait paraître répétitive, mais on ne s'ennuie pas une seule seconde, et la trentaine de niveaux qui composent ce jeu aussi original que divertissant assure une durée de vie tout à fait honorable, surtout si l'on ajoute l'incontournable mode multijoueur. Sans jamais virer au gore ou à la violence gratuite, Fur Fighters joue dans une toute autre cour que celle de Quake 3 par exemple, et s'adresse à un public qui souhaite découvrir un jeu de tir suffisamment novateur et bourré d'humour. Après l'expérience Fur Fighters, vous risquez de voir vos adorables petites peluches d'un autre oeil.