Alors que le film vient tout juste de sortir et qu'il s'annonce comme une des très bonnes surprises cinématographiques de cette fin d'année, EIDOS nous fait grâce de sa version vidéoludique de l'évasion des poules de la ferme des Tweedy.
Trois ans, c'est le temps qu'il aura fallu à Aardman Productions pour fignoler leur dernier long métrage. Un long métrage qui s'annonce vraiment fabuleux avec un scénario surréaliste comme seuls les anglais peuvent nous pondre ainsi qu'une réalisation toujours digne des meilleurs. C'est cette même qualité que EIDOS se devait lui aussi par l'intermédiaire de Blitz Games de reproduire dans l'adaptation du jeu sur Dreamcast,PlayStation et PC. On est hélas loin du compte et même si le jeu peut paraître amusant, il repose bien trop sur la licence et l'univers du film que sur ses propres qualités.
L'histoire suit en effet ligne après ligne le script du film d'animation Chicken Run. Nous sommes en 1950, dans une grande ferme anglaise appartenant à la famille Tweedy. Nos héros sont cette fois-ci plutôt des héroïnes puisque vous camperez une bande de poules que possède les Tweedy. Alors que la récession fait rage en Angleterre, les fermiers décident un beau jour de faire passer à la casserole leur bande de poules aussi copines que chipies. Une décision qui n'est pas du goût de nos amies et qui vont tenter les plans les plus rocambolesques pour s'échapper de leur enfer grillagé, le poulailler. Grâce aux scènes cinématiques du film qui entrecoupent les niveaux ou encore aux voix anglaises du film, on plonge vraiment dans cette histoire complètement loufoque et très originale qui offre un scénario tout à fait approprié pour un jeu d'action.
Jeu d'action, c'est en effet purement ce que propose Chicken Run. Vous dirigez surtout Ginger la poule héroïne du film ou bien Rocky le coq ou encore d'autres personnages, dans une vue de haut. La caméra vous suit au fur et à mesure de vos déplacements, essayant de se placer au mieux selon vos mouvements et en fonction des décors qui vous entourent. Gros problème que cette caméra qui est d'une part trop haute pour vous donner un champ de vision intéressant mais d'autre part qui arrive même à vous cacher le peu que vous avez en couvrant la moitié de l'écran par un toit de grange ou un tracteur mal placé. Ces problèmes de visibilité sont censés être compensés par le radar qui vous montre vos ennemis comme les chiens ou le fermier Tweedy avec leur champ de vision à la Metal Gear Solid. Pas de combat ici et le moindre ennemi qui vous repère et vous attrape vous fera recommencer le début du niveau.
Pour vous éviter les mauvaises rencontres avec les autres habitants de la ferme, vous allez disposer d'un petit arsenal de mouvements et d'objets. Ginger est par exemple capable de marcher à pas feutrés pour éviter de faire trop de bruit ou encore de se coller aux murs en toute discrétion exactement comme dans Metal Gear Solid, la vue changeant automatiquement vers une vue de face. Des bonus et objets nécessaires aux missions sont aussi disponibles, disséminés dans les décors et ils vous serviront soit à résoudre des petites énigmes, soit à créer des diversions pour ne pas être repéré. En résumé, les missions se composent toujours de la même façon, vous devrez ramasser dans les niveaux différents objets pour monter réaliser des plans d'évasion.
Dans la pratique, Chicken Run est loin d'être une partie de plaisir. Si les possibilités du jeu sont vraiment sympathiques avec des mouvements fluides et aisés, le radar censé vous aider est loin de le faire. Vu les angles de caméra et leur manque de visibilité tout comme celle du radar, on ne comprend jamais vraiment ce qui se passe ou alors c'est qu'il est trop tard pour agir. N'ayant aucune vision lointaine, l'esquive de chiens devient rapidement du pile ou face et cela réduit considérablement le plaisir du cache-cache. Au final, on se retrouve à errer sans vraiment savoir ni où on va, ni ce qu'on va croiser et même les cartes mises à disposition aident vraiment faiblement. C'est clairement dommage d'obtenir un gameplay aussi réduit surtout que le jeu contient quelques mini-jeux gentils mais divertissants. Techniquement aussi, on sent bien que la version PlayStation devait être la version de base. Les graphismes ressemblent en effet plus à ceux de la 32 bits de Sony qu'à des graphismes conçus pour la Dreamcast. Entre les textures très simples, les effets lumineux assez légers et l'animation gentillette, on a l'impression de jouer à une version PSX sans les bugs et en haute résolution seulement. Heureusement que l'ambiance graphique du film est là pour donner de l'originalité avec beaucoup d'humour car les capacités techniques de la Dreamcast sont sous exploitées.
- Graphismes14/20
Un moteur très simple et n'utilisant pas le potentiel de la Dreamcast. Les animations, les textures ou les effets lumineux respectent juste l'atmosphère du film.
- Jouabilité11/20
La maniabilité est réduite à peu de choses à cause de la caméra et du manque d'utilité du radar. Résultat, on tâtonne plus qu'on ne joue, donnant une trop grande importance à la chance.
- Durée de vie13/20
Seulement trois actes au programme et si le premier est faisable en 30 minutes, les autres demandent juste quelques heures. Cela fait peu et ce ne sont pas les mini-jeux qui vont sauver Chicken Run.
- Bande son17/20
Les musiques du film et les voix anglaises rendent l'atmosphère du film particulièrement bonne, surtout que la réalisation est parfaite.
- Scénario17/20
L'univers créé par Aardman productions reste une perle en son genre avec des personnages attachants et une intrigue aussi loufoque qu'originale.
Un jeu à licence qui pêche cruellement par son manque de gameplay. Dommage car le scénario et même le principe du jeu le prédisposait à être un très bon titre.