Voici la nouvelle symphonie spatiale de Digital Anvil. Mélange d'action et de simulation sur fond de dogfights endiablés, la famille Roberts nous pond encore un chef d'oeuvre.
Si le space opera sur ordinateur devait avoir une véritable référence, je voterais illico pour la série des Wing Commanders. Si la série a par la suite dérivé vers le film interactif un peu kitsch, elle reste une des premières percées dans le genre depuis l'ère du PC. A la base de cette réussite scénaristique et ludique, les frères Roberts, Chris et Erin. Le duo fantastique s'est donc remis à l'œuvre pour ce nouvel opus de leur conquête spatiale. Pourtant, Starlancer ne dénote quasiment en rien de tout ces prédécesseurs. On y retrouve tout ce qui a fait la grandeur de certains avec les mêmes ingrédients, administrés dans les mêmes proportions.
Nous sommes au 21ème siècle, si la conquête spatiale et les avancées technologiques sont maintenant un fait acquis, l'atmosphère politique a fait un sacré bond en arrière. Nous revoici donc en pleine guerre froide entre l'Est et l'Ouest. D'un côté, les Russes dans leur pire forme communiste et de l'autre, les gentils alliés composés par les pays occidentaux (USA et Angleterre) et le Japon. Juste avant de signer un traité de paix entre les deux parties, la Russie entame une offensive de grande envergure contre les forces alliées, réduisant à néant des centaine de milliers de vie. L'heure est maintenant à la guerre et dans tout le système solaire, la conscription bat son plein. Vous êtes donc une des nouvelles recrues d'un bataillon composé de bleusailles volontaires, les 45èmes volontaires.
Quand je disais que Starlancer reprenait tous les ingrédients de ses aïeux, en voici la preuve. Dans la campagne solo, vous allez bien sûr être affecté à un vaisseau amiral, le Reliant qui sera votre point de départ de la quasi totalité des 25 missions. Dans le vaisseau, des vidéos en synthèse très très jolies vous guideront en vue subjective dans les différentes parties du vaisseau : simulateur, casier de médailles, journal d'informations, salle de briefing etc. Si ça peut vous paraître être un détail (et quelque part ça l'est), ce parti pris met en branle toute la stratégie des développeurs : vous immerger dans l'univers. Dans Starlancer, vous êtes évidemment un pion dans un échiquier gigantesque mais aussi un pilote avec ses propres envies, relations etc. Pour réussir à faire prendre la mayonnaise, Digital Anvil a donc du rendre vivant tout l'environnement que vous côtoyez dans le jeu mais aussi consolider le gameplay de base de la simulation en elle-même.
Pour ce faire, DA sort l'artillerie lourde. Son moteur de jeu colossal inclut tout ce qui se fait de mieux en matière de vaisseaux et d'armement. A votre disposition, une douzaine de chasseurs et au total 80 vaisseaux amiraux, transporteurs et autres navettes et starfighters. Les armes sont au nombre de 20 et comprennent missiles et canons tandis que tous les aspects des simulateurs du genre sont présents : boucliers, modulation de l'attribution des réserves énergétiques aux différentes priorités, afterburner, systèmes de communication avec ailiers et ennemis ou encore de nombreux angles de caméra dont une vue d'extérieur très jouable etc. etc. Bref, DA nous ressort la panoplie complète du simulateur de vol spatial. Mais le plus impressionnant dans ce moteur tient surtout en deux choses. D'une part son côté "vivant", en effet, tous vos copilotes, ennemis ou personnages neutres possèdent dans le jeu une voix et un visage précis qui n'arrêteront pas au cours des missions d'apparaître pour vous donner renseignements, insultes ou ordres. De plus, les terrains de combat peuvent contenir des éléments neutres accomplissant leur propres actions qu'il vous faudra éviter ou tout du moins dont il vous faudra tenir compte.
L'autre aspect important est bien sûr la qualité apportée au graphisme. Bien plus beau qu'un Freespace 2, Starlancer crache des effets dans tous les sens et avec un framerate qui ne faiblit jamais ! Les constellations, planètes et vaisseaux sont tous bien réussis, les tirs, explosions ou effets des boucliers sont magnifiques et ne perturbent carrément pas le jeu même dans des combats entre flottes entières... Vraiment impressionnant surtout que le jeu utilise énormément de couleurs, rendant chaud cet espace si froid d'habitude. Cette fluidité rend les combats particulièrement attrayants surtout lors de duels avec certains pilotes russes de haut niveau.
L'autre intérêt du jeu concerne aussi toute cette foule de détails que DA a intégré pour faire croire au joueur à leur histoire. Entre le scénario digne d'un film de guerre, la crédibilité de l'univers grâce à toutes ces cinématiques qui émaillent le jeu en permanence, les voix des acteurs parfaitement dans leur rôle bref tout est bien dosé, réalisé et je peux vous promettre que l'on s'y croit ! Voir sa cible exploser sous ses lasers alors que vous venez d'insulter honteusement sa mère donne une réelle satisfaction... Starlancer a aussi été conçu comme un jeu massivement multijoueurs et ainsi, vous pourrez évoluer dans cet espace sidéral et sidérant jusqu'à 8 joueurs ou mieux, former une équipe de 6 pilotes et refaire l'intégralité de la campagne solo en multijoueurs... Action garantie. Bien conçu, il vous faudra passer par la gaming zone de Microsoft mais d'après le béta-test effectué il y a quelques mois, tout devrait tourner impeccablement.
En bref, les frères Roberts nous offrent là de quoi redorer pour longtemps leur blason et passer de longs week-ends à slalomer entre les astéroïdes en s'acharnant sur des bons Ruskofs de l'espace. Une vraie intrigue pour un jeu techniquement parfait.
- Graphismes19/20
Un moteur 3D parfait qui utilisera toutes vos ressources dans un jeu fluide, beau et ultra rapide. De l'adrénaline en intraveineuse pour des dogfights acharnés.
- Jouabilité18/20
Toute la panoplie de commandes habituelles et beaucoup d'aides automatisées. La gestion des joysticks est honorable. Du tout bon !
- Durée de vie17/20
Une campagne solo peut-être soutenue mais un peu courte, heureusement que les modes du multijoueur sont là pour redonner encore de l'intérêt.
- Bande son18/20
Des musiques variées et tout à fait réussies dans le style mélodramatique du space opera. Le plus important, les voix françaises absolument crédibles et dans le ton qui accompagnent en permanence le jeu.
- Scénario16/20
Une campagne solo bien ficelée dans un univers somme toute classique mais la réalisation est à la hauteur d'Hollywood et vous passerez un très bon moment.
La simulation spatiale a trouvé son nouveau maître avec Starlancer qui nous offre un jeu à haute valeur ajoutée dans tous ses aspects.