Quand la science cherche à comprendre l'au-delà pour le contrôler et semer la terreur sur la terre, Dieu se doit de réagir. Bob, le petit ange est donc envoyé sur Terre pour contrer les plans haineux des esprits supérieurs. Vous êtes l'élu.
Dans un monde avili par le culte de l'argent, de la technologie et de l'aservissement aux lois, l'intelligence artificielle des ordinateurs est injectée dans l'esprit des maîtres. Guidés par le Père Prime, le maître du monde, ces maîtres (appelés aussi Pères) espèrent explorer les mystères du monde et de son au-delà pour se débarrasser du Dieu tout puissant. S'attaquer à Dieu directement relèverait du suicide. C'est pourquoi les Pères décident de s'attaquer à Satan, qu'ils pensent plus enclin à se laisser manœuvrer, afin de pouvoir se mesurer à Dieu et contrôler le paradis et l'enfer.
Mais Dieu est tout puissant (c'est pas nouveau), et il sait les combines des Pères. C'est pourquoi il envoit en colissimo Bob. Bob est un petit ange qui s'empare des corps et des âmes pour mener sa mission à bien : sauver le monde des méchants ! Un courte introduction en fondu enchainé montre Bob en chute libre, fonçant tête la première en direction de son premier sujet. Un garde. Celui-ci, alors qu'il fume paisiblement une cigarette et tape la discute avec son collègue, lève les yeux au ciel, écarquille les yeux, deserre ses lèvres et… BOUM ! un ange en pleine tête ! Après un court instant d'inconscience, notre homme se lève peiniblement, tout auréolé du saint anneau. La partie peut commencer, et vous voici à la recherche des pères, ceux-ci ont capturé Satan et procèdent à des tests sur lui pour en savoir toujours plus. Vite, le temps presse.
Messiah se joue à la troisième personne, le personnage que vous incarnez vous tournant le dos. Ses déplacements sont complets et rapides dans leurs éxécution, et la souris s'avère indispensable. Bémol concernant le maniement des armes, puisqu'il faut d'abord passer en monde combat pour ensuite pouvoir faire feu, ce qui rallonge votre temps de réaction. Or, les combats étant plutôt agités, on a parfois bien du mal à s'en sortir. L'idéal, c'est encore de jouer les snipers. Une sorte de mini caméra placée sur le côté de votre tête permet de zoomer 4 fois et ainsi de voir précisément très loins. Avec une arme adequat, c'est alors un régal d'éclater les cervelles peu soucieuses… Quand je dis éclater je pèse mes mots ! En effet, avec la localisation des dégâts, on peut choisir soigneusement quelle partie du corps à viander, et ainsi concentrer toute la puissance de feu sur un point donné. L'effet est plutôt bien rendu, bien qu'un peu cliché, il est vrai.
Au fur et à mesure de votre avancée dans le jeu, vous devrez incarnez plusieurs personnages. En effet, Bob le petit ange ne passe pas inaperçu dans la ville, c'est le moins que l'on puisse dire. La solution : posséder. C'est là une des originalités de Messiah, et il faut alors jouer de subtilité. Par exemple, certains endroits de la ville ne sont accéssibles que par certaines personnes. Une installation de surveillance peut être parcourue par un flic, pas par une prostituée. Autre caractéristique, quand Bob possède un personnage, il doit se conduire de façon appropriée. Lorsqu'il incarne un ouvrier par exemple, il ne peut pas se balader où il veut. Dans la peau du flic, à l'heure de la pause, Bob a intérêt à aller aussi en pause, sous peine de passer pour louche. L'étendue des possibilités et subtilités est vraiment un point intéressant du jeu.
Derrière un scénario pour le moins tragique, les développeurs ont fait preuve de beaucoup d'humour ! Ici ou là, vous entendrez des mimiques de personnages que vous croisez, dans les combats même, le sang qui gicle est plutôt pris au second degré, Bob lui même, le petit ange, dans sa façon de se mouvoir, dans sa morphologie toute tassée, fait un peu penser à un ange dépravé… bref, on se surprend à bien rigoler en jouant à Messiah. Tant mieux, le jeu ne se prend pas au sérieux, ce qui a je ne sais trop comment ni pourquoi le don de faire pardonner les imperfections du soft. Car il y en a évidemment. Le jeu est assez court, premièrement. Ensuite, dans le feu de l'action, les commandes ont beau avoir du répondant, on bute toujours un peu sur le temps d'attente pour passer en mode combat, ou quand Bob sort de sa carcasse pour en prendre une nouvelle, on est vite décontenancé. Techniquement en revanche c'est du tout bon. Pas d'originalité dans le style de graphisme ou dans les effets, mais tout ce qui est proposé est vraiment bien réalisé, je pense notamment aux armes : fusil à pompe, lance-flammes, mitrailleuse, mutileuse, bazooka, grenades… ya de quoi faire très mal.
- Graphismes17/20
Pas beaucoup d'originalité, c'est du déjà vu, mais c'est très beau, avec de superbes effets de feu et de fumée notamment. Excellente fluidité dans l'animation, le moteur fait des merveilles.
- Jouabilité15/20
Vif, rapide, précis, on ne peut pas reprocher grand chose au personnage. Les modes de zoom et de vue panoramique sont très bien fait également. On regrettera ici un temps d'attente pour passer du mode normal au mode action, et là complexité assez marquée des touches.
- Durée de vie13/20
Le jeu n'est pas bien long et l'environnement devient un peu monotone à la longue. Difficulté présente tout de même.
- Bande son17/20
Excellent. Les bruitages ont du percutant, sont réalistes, nombreux ; de plus les nombreuses voix en français sont amusantes et insufflent un esprit au jeu.
- Scénario17/20
Le fait de changer de peau et de devoir s'adapter à chaque situation renouvelle le jeu de façon étonnante.
Techniquement à peu près irréprochable, un gameplay plutôt bon et original, et l'intégralité des textes et nombreuses voix en français font de Messiah une bonne surprise. On peut seulement regretter la durée de vie assez courte du jeu ainsi que quelques hésitations dans la jouabilité. Quoi qu'il en soit, les jeux les plus attendus sont toujours les plus sévèrement notés : Messiah n'est pas le jeu du siècle, mais soyons objectifs, c'est une belle partie de plaisir. Hop, 17 !