Après plusieurs années d'attente, Gabriel Knight, l'écrivain chasseur d'ombres aussi torturé que le tronc d'un vieux chêne et à l'humour grinçant revient. Jane Jensen la belle, nous pond une fois de plus un jeu à la fois profond et novateur dans son domaine de prédilection, le jeu d'aventure.
La série des Gabriel Knight, c'est beaucoup d'attente. En effet, quand on pense que l'on est déjà à l'épisode 8 des King's Quest, et qu'on atteint maintenant à peine le troisième numéro des Gabriel Knight, il y a de quoi impatienter les fans ! Mais bon, Jane Jensen, la créatrice de la série, veut prendre son temps pour chaque épisode et personne ne s'en plaindra.
Cette fois-ci, Gabriel se retrouve embarqué dans une histoire de kidnapping et de vampirisme. Invité par le Prince James Stuart, aristocrate sur le déclin, il ne faut pas longtemps avant que les ennuis commencent. Le jeune fils du Prince est kidnappé au nez et à la barbe de Gabriel qui n'a d'autre choix que de se mettre à la poursuite des malfaiteurs. La traque qui s'ensuit amène notre héros dans un petit village du Languedoc, Rennes-Le-Château. Choix géographique adéquat pour une intrigue mystérieuse puisque Rennes-Le-Château se trouve être un véritable lieu de légende pour les chasseurs de trésors et autres amateurs de paranormal. Jane Jensen s'appuie donc sur la véritable légende de l'abbé Saunière et grâce à un sérieux travail de reconstitution historique, vous pourrez dénouer le fil de l'histoire... enfin un des nombreux fils.
La grande nouveauté de Gabriel Knight 3, c'est bien sûr son moteur de jeu. Entièrement en 3D, l'interface du jeu vous place maintenant dans la peau d'un cameraman. Cet "oeil" permet de se déplacer dans les environnements 3D comme bon vous semble, avec une liberté totale de mouvement et d'angles, le tout à la souris. Complètement désolidarisé du héros, vous tournez autour de lui et vous le voyez se déplacer suivant vos injonctions. L'intérêt et la réussite d'une telle entreprise est que cela change littéralement le gameplay d'un tel type de jeu. Même l'intrigue joue sur ce nouvel aspect puisque certains indices ne seront accessibles que lorsque vous aurez décidé d'aller fouiner avec votre "oeil". Par exemple, vous pouvez maintenant fouiller sous votre lit ou bien encore regarder par-dessus l'épaule de quelqu'un pour voir ce qu'il fait etc. Un système vraiment novateur mais un peu lent et heureusement, des vues prédéfinies sont utilisables quand vous voudrez aller vite fait aux endroits clés.
Comme tout jeu d'aventure, le principal de la quête sera fait de dialogues avec tous les protagonistes, de résolution d'énigmes surtout grâce à votre nouvel assistant informatique développé par le frère de Grace, le SYDNEY. Cet ordinateur permettra de résoudre les énigmes logiques du jeu tout en restant assis confortablement dans votre fauteuil et peu importe votre position dans l'aventure. Assez linéaire, le jeu se déroule sur trois jours composés de blocs de temps ou chapitres, le suivant ne commençant que quand vous avez fait tout ce que vous aviez à faire dans le précédent. Avantage, on n'en perd quasiment pas une miette, désavantage, l'aspect entravé de l'aventure. Quelques changements se feront pourtant au cours des chapitres et selon vos actions et il vous sera même possible à certains moments de prendre la place de Grace, mais on reste très linéaire.
Graphiquement très joli mais aussi très gourmand, le moteur 3D a cette qualité d'utiliser des textures fines même si l'aspect des décors paraît toujours un peu carré. Les personnages quoiqu'un peu raides dans leur animation et étant sommairement polygonés sont très réalistes dans leurs attitudes et mimiques faciales. Les paroles sont synchronisées sur les bouches et le tout donne un rendu très clean. Dans les autres points noirs du jeu, extirpons à la lumière la vétusté de l'inventaire. On reste encore dans les vieux classiques et le manque de maniabilité pour utiliser un objet ou pour les associer est surmontable mais il reste encore bien du travail de ce côté là...
Heureusement, on retrouve un des plus grands attraits de la série des Gabriel Knight, l'ambiance. Dans la version anglaise que nous avons testée, Gabriel avait l'honneur et l'avantage d'avoir pour doubleur Tim Curry et l'accent traînant du sud mélangé au ton inimitable de l'acteur était pour beaucoup dans l'ambiance générale. L'humour noir de Gabriel est présent tout au long de l'aventure et ce mélange sucré-salé est des plus sympathiques. Espérons seulement que la version française ne vienne pas tout gâcher, je croise les doigts
- Graphismes17/20
Une grande innovation tout de même de planter un moteur 3D en vue subjective dans un jeu d'aventure. Les décors sont simples mais jolis et les personnages ont le visage bien mieux faits que le reste du corps. Une bonne configuration sera exigée pour une qualité optimum.
- Jouabilité17/20
Le système pilotable entièrement à la souris mais avec des vues préprogrammées se maîtrise rapidement. Seul véritable défaut, une interface d'inventaire peu évidente et pas pratique.
- Durée de vie17/20
Une fois commencé, on ne lâche pas facilement GK3 qui vous demandera logique et réflexion face à la multitude de puzzles et d'énigmes qu'il comporte.
- Bande son18/20
Des musiques excellentes et des voix qui ne trahissent en rien l'esprit des Gabriel Knight. Une vraie réussite surtout pour la voix de Gabriel. Espérons que la version française sera à la hauteur... J'ai un petit doute.
- Scénario17/20
La griffe de Jane Jensen est toujours aussi acérée et même si le scénario de GK3 se concentre un peu moins sur Gabriel que dans les deux précédents épisodes, on retrouve ce cocktail d'humour et de mystère qui ont fait la réputation des Gabriel Knight.
Très bon jeu d'aventure, Gabriel Knight ravira les fans en leur proposant une toute nouvelle interface aussi intuitive que novatrice ainsi qu'un long scénario ardu et profond.