Ubi Soft avait frappé un grand coup sur PC avec la sortie de Speed Busters, gourmand en puissance machine, mais généreux en sensations fortes. On pouvait attendre une aussi belle réussite pour la version Dreamcast quand on connaît les capacités de la console. Affirmons-le tout de go, Speed Devils nous a quelque peu déçu ! On retrouve à peu près le même choix des caisses, avec la possibilité de changer la couleur de peinture ou la décoration, certains motifs étant grassement évocateurs de l'"american dream", avec des flammes sur les ailes, des drapeaux US sur le capot etc. D'une façon générale, les bolides en jettent sacrément, c'est un premier bon point. Deuxième atout, les circuits empruntés, situés au Canada, au Mexique, en Louisiane, à Hollywood, au Nevada, dans le Colorado (...), regorgent de passages secrets et fourmillent d'une vie à priori insoupçonnée. Au détour d'un virage, il vous arrivera de buter sur un crocodile ou sur King Kong. A un autre moment, c'est une escadrille crachant des fumigènes bleu, blanc et rouge qui frôlera le toit de votre voiture, ou un extraterrestre qui viendra vous barrer la route ; les exemples dans ce style sont innombrables.

En mode arcade, avant de prendre la piste, vous pourrez choisir le sens, le moment de la journée, et les conditions météo de la course. Une réserve de nitro permet d'accélérer la cadence quand c'est nécessaire : le pot d'échappement s'enflamme, la caisse se tasse brutalement et vous prenez subitement de la vitesse. L'effet est assez intéressant. De même, quand vous prenez un virage un peu trop sèchement, la force centrifuge fait baler la voiture sur le côté, les pneus crissent et vomissent leur gomme sur le bitume ensablé ; excellent ! Evitez les chocs au maximum, car le bolide en prend pour son grade : les pare-chocs, le capot, les feux... tout fini par péter à force de percuter le décor ou les autres pilotes. Soyez-donc raisonnables. La principale attraction du jeu est le mode Championnat, dans lequel il faut gravir les échelons, de la catégorie D à la catégorie A. La tâche est rude pour parvenir au sommet de la hiérarchie car, même si vous pourrez améliorer votre caisse (moteur, pneus, aerodynamisme, etc.), la difficulté croissante des tracés, des conditions de course et la progression de vos adversaires ne laissent qu'une très faible marge à l'erreur. Le challenge est de taille, et parvenir à ses fins est alors une vraie satisfaction !

Malgré ces réjouissances, on regrette le cruel manque de rythme des courses de Speed Devils, on est ici loin de l'impression haletante de la version PC : du gigantisme des décors résulte une faible impression de vitesse (sauf quand la nitro est activée) ; on se balade la plupart du temps sans concurrent à l'écran, ceux-ci étant éparpillés dans tout le circuit ; enfin l'environnement sonore ne relève pas la barre, les bruitages étant trop discrets et peu évocateurs, et les musiques, pourtant amusantes, trop répétitives. Dommage, puisque en contrepartie la qualité graphique est remarquable, aussi bien dans les décors que dans le graphisme des voitures et de leurs effets, et la jouabilité est plutôt bonne. Speed Devils n'est pas le hit que l'on attendait. Un bon jeu, oui, mais un de plus dans la longue liste des jeux Dreamcast, la liste des bons anonymes, que Soul Calibur ou The House of Dead 2 - par exemple - ne connaissent pas !